La pratique n’est pas nouvelle, mais elle agace plus d’un lecteur de Bon à Savoir. Par téléphone ou à domicile, des démarcheurs laissent entendre sournoisement qu’ils travaillent pour Swisscom Fixnet et détournent ainsi les clients du géant bleu. Après Marconi, Sunrise et Econophone, les témoignages de lecteurs reçus à la rédaction chargent une nouvelle fois ce dernier (lire BàS 01/03).
Parmi eux, Michel et Fatima Lambert, un couple d’Estavayer-le-Lac (VD), s’interrogent encore aujourd’hui sur la manière dont Fatima, de langue maternelle portugaise, aurait dû comprendre cet appel de décembre dernier: «Vous êtes toujours chez Swisscom? Nous avons une bonne nouvelle, vos prochaines factures seront 40% moins élevées…» Fatima Lambert pense alors que le géant bleu lui fait une offre mieux adaptée à ses besoins. Elle en parle à son mari, qui ayant déjà entendu pareil récit, réagit vite: il écrit à Swisscom pour le maintien de sa présélection et fait part de son courroux à Econophone: «C’est si facile d’abuser ainsi des personnes non francophones!»
Arguments classiques
Interrogé sur cette prati-que, Théo Froelich, porte-parole d’Econophone, renvoie la balle aux sociétés sous-traitantes, spécialisées dans le démarchage de nouveaux clients: «Elles engagent du personnel payé à la commission et certains de leurs agents sont parfois peu scrupuleux. Nous avons déjà pris contact avec l’entreprise concernée afin qu’elle résilie sa collaboration avec les démarcheurs en question.» C’est bien, mais les mêmes explications avaient déjà été fournies à Bon à Savoir, avec le même engagement, en octobre 2001 et janvier 2003...
Urgent d’attendre
Une solution définitive pourrait venir de l’opérateur national. Victime d’une utilisation frauduleuse de son nom et de sa marque, Swisscom Fixnet pourrait en effet saisir la justice et, par la même occasion, mettre ses abonnés à l’abri de telles pratiques.
Or, il ne fait rien. Pourquoi? Christian Neuhaus, porte-parole de l’opérateur, tente d’argumenter: «Impossible! Il nous faudrait réunir des milliers de cas similaires et des victimes prêtes à témoigner.» Attentisme vraiment? Ou opportunisme, sachant qu’à chaque changement de présélection, l’opérateur quitté facture à son concurrent des frais administratifs d’une vingtaine de francs? «Rien de tout cela!», rétorque le porte-parole. Pour prouver sa bonne foi, il évoque un code de bonne conduite en matière de démarchage qui serait en discussion avec les deux principaux opérateurs, Sunrise et Télé2 (qui a récemment racheté Econophone). Les porte-parole de ces deux fournisseurs confirment, mais indiquent qu’aucune décision n’a été prise pour l’heure.
Soucieux face à l’abondance des présélections abusives, les juristes de l’Office fédéral de la communication (OFCOM) attendent cet accord avec impatience… Les consommateurs aussi!
Zeynep Ersan Berdoz
BROCHURE D’INFORMATION
Que faire si ça vous arrive?
L’OFCOM donne des conseils aux personnes victimes d’une présélection non souhaitée(1):
> Effectuez une demande de présélection auprès de l’opérateur désiré et résiliez celui que vous ne souhaitez pas, en veillant aux éventuels délais.
> Demandez par écrit à l’opérateur malveillant qu’il vous envoie, dans les 15 jours, la preuve orale ou écrite de votre demande.
> Sans réaction de ce dernier, faites-le savoir à l’OFCOM qui peut faire pression.
> Si la preuve de votre demande existe, mais que vous la contestez: pas d’autre solution qu’une action en justice. Longue et coûteuse, celle-ci a toutefois peu de chances d’aboutir.
> D’une manière générale, refusez tout démarchage téléphonique ou à domicile. Si l’offre est intéressante, demandez qu’on vous l’envoie par courrier postal.
> En cas de doute sur l’état de votre présélection, le numéro test 0868 868 868 (de gratuit à 20 ct. selon l’opérateur) vous informe.
(1) «Information sur les changements d’opérateur», à télécharger sous www.ofcom.ch ou à l’OFCOM,
rue de l’Avenir 44, 2501 Bienne.