La brochure consacrée à la fiabilité des voitures de tourisme est un «best of» du Touring Club Suisse (TCS). Chaque année, ses patrouilleurs notent consciencieusement les raisons des innombrables interventions (311 722 en 1997) qu’ils font sur les routes suisses, traquant impitoyablement les points faibles des divers marques et modèles. La synthèse de leurs observations permet d’élaborer des statistiques sur la fiabilité des véhicules, avec des classements par marque, par modèle, par type de panne, etc.
Des informations utiles pour le consommateur qui désire acheter un véhicule d’occasion. Mais pas pour celui qui désire un véhicule neuf, contrairement à ce que suggère le TCS, puisque ces statistiques ne concernent que les véhicules âgés de 4 à 10 ans en 1997. Autrement dit: pas un mot, ni un chiffre sur les modèles récents. Or, il s’est vendu plus d’un million de voitures neuves ces quatre dernières années!
Est-ce à dire qu’elles ne tombent pas en panne? Non, bien sûr, même s’il est évident qu’elles le font moins souvent. Mais le TCS a passé un accord lucratif avec un certain nombre de marques (Opel, Peugeot, Rover, Ford, Honda, Saab et Ferrari), stipulant que durant le délai de garantie (entre un et trois ans), il était en droit de remorquer les véhicules tombés en panne. En contrepartie, le plus grand club automobile de Suisse a pris l’engagement de ne pas diffuser d’informations sur la fréquence de ces pannes pendant quatre ans. Un engagement qui, par esprit d’équité, vaut finalement pour toutes les marques.
Le procédé est confirmé par Jürg Kaufmann, chargé des relations avec la presse de Peugeot Suisse: «Nous avons en effet passé un accord avec le TCS, afin que les informations concernant les pannes de nos modèles récents ne soient pas publiées.» Du coup, sur les dix modèles qui affichent le plus grand nombre de pannes en 1997 (voir graphique), quatre ne sont plus fabriqués et quatre autres seulement dans des versions modifiées. Voilà qui fait une belle jambe au conducteur désirant acheter un véhicule neuf!
Le TCS nuance nos critiques, arguant que si un modèle ancien tombe fréquemment en panne, il y a tout lieu de penser qu’il en ira de même avec les nouveaux modèles. Un système de défense évidemment très contesté par la branche automobile: «Toute notre gamme a été entièrement renouvelée», réplique par exemple Hans Peter Läubli, directeur du marketing de Citroën.
Autre argument du TCS: pour établir une statistique digne de ce nom, il faut qu’au moins 5000 unités de chaque modèle soient immatriculées en Suisse. Remarque justifiée, mais tel est le cas après six mois seulement pour certains modèles qui ne sont pourtant pas pris en considération.
Enfin, le TCS rappelle qu’il rend régulièrement compte de divers sondages menés auprès des conducteurs ayant acheté des véhicules neufs, les interrogeant entre autres sur la fréquence et la cause d’éventuelles pannes. Ces informations sont censées compléter celles, plus désuètes, résumées dans la brochure annuelle.