A 58 ans, William Loup, agriculteur à Constantine (VD), est un routinier de la prothèse totale de la hanche (abrégée PTH, lire encadré). La première, à gauche, lui a été posée en 1991. La seconde quatre ans plus tard. Et on lui a changé, l’automne dernier, la tête de la première, arrivée au terme de sa durée de vie. «Ça s’est mis à grincer. J’ai cru que ça venait de mes souliers; mais lorsque je les ai enlevés... ça couinait encore!»
Sur pied après trois mois
Depuis trente ans, les recherches n’ont cessé de progresser et la PTH est aujourd’hui l’une des opérations les plus pratiquées par les chirurgiens orthopédiques.
Et leurs patients renaissent: au réveil, la douleur a disparu, ils font leurs premiers pas le surlendemain, sortent de l’hôpital après sept, huit jours, se servent de deux béquilles durant six semaines, puis d’une seule durant six semaines encore. Trois mois après, ils reprennent leur activité normale! Leur seul regret? Avoir trop attendu avant de se faire opérer.
L’arthrose, pas
une maladie «de vieux»
L’arthrose – ou usure anormale des os – est aujourd’hui la première cause d’opération de la hanche. Loin d’être une maladie «de vieux», elle peut se déclarer très tôt, car les causes, en plus de l’âge, en sont multiples: une articulation malformée, des chocs répétés, l’hérédité, etc.
William, lui, a été opéré la première fois à 43 ans. Il cumulait les facteurs de risque: «Ma mère a été opérée, mon père aurait dû l’être, et mon travail n’est pas de tout repos. Après la première opération, on m’a dit de ne pas porter plus de 30 kilos. Mais une boille de lait en pèse déjà 40!»
Trois mouvements
à éviter
«Durant les trois premiers mois après l’opération, les risques majeurs sont le déboîtement et la luxation, explique l’agriculteur, que nous avions rencontré l’hiver dernier. Pour les éviter, il faut proscrire trois mouvements: pivoter sur la jambe opérée, croiser les jambes et former un angle de moins de 90 degrés entre la jambe opérée et le torse. Si, par exemple, je veux ramasser quelque chose par terre, je dois tendre ma jambe opérée vers l’arrière au lieu de la plier devant.»
Des mouvements banals, mais que seule une concentration permanente permet de ne pas oublier. Et des moyens mnémotechniques: «Les bons au paradis, les mauvais en enfer!» Joignant le geste à la parole, William s’engage au bas de l’escalier, avance d’abord la jambe saine, puis les béquilles, et ensuite la jambe opérée.
Balade quotidienne
Et tout cela avec le sourire! Chez les Loup, la maison n’a pas changé. Seul un rehausse-siège installé sur les W.-C. trahissait la récente opération de William. Et l’agitation du chat en milieu d’après-midi… qui se réjouissait d’accompagner son maître pour la balade quotidienne obligatoire.
Carole Pellouchoud
comment Ça marche
Remplacement de la tête du fémur
La hanche relie la jambe au bassin, supporte le poids du corps et permet de marcher. L’os du fémur, situé à l’intérieur de la cuisse, est surmonté d’une boule (tête du fémur) qui tourne dans une cavité du bassin (cotyle). Normalement, les deux surfaces de l’articulation sont recouvertes de cartilage, ce qui permet un glissement facile.
L’opération
«En cas d’arthrose, explique Pierre-François Leyvraz, directeur médical de l’Hôpital orthopédique de la Suisse romande à Lausanne, le cartilage se dégrade, les os sont en contact direct, l’articulation fait mal, devient raide et se détériore. L’opération consiste alors à scier la tête du fémur et à la remplacer par une prothèse de la même forme 1, fixée par une tige à l’intérieur de l’os 2. Une capsule 3 est placée sur le bassin pour remplacer la cavité abîmée. La durée de vie d’une telle prothèse est de quinze ans en général.»