Malgré les grosses récoltes, les Suisses ne peuvent acheter que des tomates coûteuses en été. Le contingent d’importation imposé par la Confédération de juin à septembre en l’une des principales raisons (lire notre enquête en ligne du 25 juin «Les tomates coûtent jusqu’à 80% plus cher en été»). Ainsi, un kilo de tomates coûte, selon la variété, entre 2 fr. et 6.90 fr. chez Migros et entre 3.50 fr. et 4.95 fr. chez Coop.
On constate que ce légume – ou ce fruit pour les botanistes – est vendu la plupart du temps en production dite «hors-sol» chez les deux grands distributeurs, à la différence de celui qui est cultivé en Europe méridionale. «Il faut dire que c’est une méthode de production extrêmement efficace», glisse Jürg Jordi de l’Office fédéral de l’agriculture.
Le terme «hors-sol» signifie que les plants ne se développent pas directement dans la terre mais dans de la tourbe, de la laine de roche, de la fibre de noix de coco ou directement dans une préparation chimique. Ils sont alors alimentés par des solutions spécifiques au goutte-à-goutte.
La faute au mildiou et à la pluie
S’il n’y a presque plus de tomates cultivées en plein air dans notre pays, c’est qu’elles sont trop sensibles à la pluie. Selon Martin Koller de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique, le mildiou est, lui aussi, responsable: «Cette maladie est devenue plus agressive. Ainsi, une culture de tomates sans protection est pratiquement impossible.» Quant aux variétés biologiques d’origine suisse, elles proviennent de serres pour des raisons météorologiques. Mais, légalement, elles ne peuvent pas être cultivées hors-sol.
Pas vraiment écolo
D’un point de vue écologique, l’Union maraîchère suisse approuve la multiplication des méthodes de production hors-sol. Selon elle, cela permet d’épargner les ressources naturelles (sol et eau) et d’employer moins de pesticides. Mais Bernhard Schmid, professeur à la Faculté des sciences de l’environnement à l’Université de Zurich, répond qu’aucune analyse de l’impact sur l’environnement n’a été menée pour le confirmer.
Martin Koller estime, pour sa part, que la technique n’est de loin pas écologique, car elle est plus gourmande en énergie. Il ajoute encore que les légumes issus de telles cultures sont moins bénéfiques pour le consommateur: «Les études montrent que les tomates biologiques – donc cultivées au sol – contiennent plus de composés phytochimiques comme les polyphénols qui sont favorables à la santé.»
Déclaration peu présente
Malgré des différences notoires pour l’acheteur, il n’y a pas d’obligation de déclarer, sur l’emballage, s’il s’agit d’une production hors-sol ou pas. Un accord volontaire entre le Forum des consommateurs et les associations de l’industrie prévoit pourtant une mention à l’instar de «hors-sol» ou de «en serre».
Qu’en est-il de son application? Un coup d’œil sur quelques étals révèle que, dans de nombreux cas, rien n’est signalé. L’accord est pourtant toujours valable, répond Jürg Jordi, mais il reconnaît que «sa mise en œuvre s’est quelque peu endormie». Par conséquent, les consommateurs sont souvent obligés d’acheter des tomates hors-sol, sans même savoir qu’elles ont été cultivées ainsi…
Sibilla Bondolfi / ld
Conseils pratiques
Pour que les tomates aient du goût
- Ne pas les stocker au réfrigérateur, elles perdent de leur saveur lorsque la température descend au-dessous de 12° C.
- Faire chauffer les tomates fades avec un peu de sucre plutôt que de les manger crues.
- Sélectionner des variétés savoureuses comme les Cœur de Bœuf, Black Cherry, Kumato, etc.
- On trouve parfois sur les marchés hebdomadaires des tomates suisses qui n’ont pas rougi sous serre, mais qui ont été protégées de la pluie par des bâches en plastique.
- Cultiver soi-même des tomates, sur son balcon ou dans son jardin.