Les sodas ne sont pas les boissons les plus saines qui soient. Chacun le sait. Mais
est-on réellement conscient de la quantité de sucre ingurgitée lorsqu’on en boit? La simple lecture des étiquettes d’une demi-douzaine de bouteilles de marques connues nous indique qu’elles contiennent entre 8,9 et 10,6 g de glucides par 100 ml. Dit comme ça, ce n’est pas forcément impressionnant. Mais ces glucides, en fait du saccharose, sont tout simplement le même sucre que l’on met dans son café. En buvant une bouteille de 5 dl de Coca, de Sinalco, de Fanta, de Sprite, de Schweppes ou de Rivella, on n’engloutit ainsi à chaque fois pas moins de 12 à 14 morceaux de sucre (3,7 g le morceau).
Raz-de-marée de glucides
Ainsi, une personne qui boit un litre et demi par jour de soda avale en réalité une quarantaine de morceaux de sucre! Et lorsqu’on sait qu’un gramme de glucide équivaut à quatre calories, on voit vite l’ampleur du problème. Surtout que «notre cerveau n’est pas capable de tenir compte de cet apport en calories sous forme liquide», explique Anne-Catherine Ginesi-Morend, diététicienne diplômée indépendante à Carouge (GE) et consultante aux Hôpitaux universitaires genevois (HUG). Cela signifie que le corps continue de réclamer, par la faim, sa dose de calories journalières sans tenir compte de celles qu’il a bues. A terme, l’apport calorique total des boissons pétillantes peut être très important et, consommées fréquemment, elles constituent un risque dans la survenue de l’obésité ou même du diabète de type 2. Sans oublier les problèmes de caries et d’autres risques potentiels. Selon une étude américaine publiée en juin 2000 par le magazine scientifique Archives of Pediatrics and Adolescent Medicine, les sodas – particulièrement les colas, qui contiennent des doses élevées d’acides phosphoriques – seraient responsables d’une réduction de la masse osseuse chez les adolescentes et multiplieraient par trois les risques de fracture.
Abstinence totale non exigée
Dès lors, faut-il renoncer totalement aux sodas? «Le seul apport étant le saccharose, ces calories sont qualifiées de «calories vides», c’est-à-dire qu’elles n’apportent aucun oligoélé-ment, aucune vitamine ou sel minéral intéressants pour l’organisme, précise Anne-Catherine Ginesi-Morend. Ce type de sucre n’est donc vraiment pas indispensable à l’organisme! Cela dit, les sodas font partie, comme les pâtisseries par exemple, de ce qu’on appelle les «aliments plaisir», qui figurent tout en haut de la pyramide alimentaire. On peut en consommer, mais avec parcimonie.»
«Light» et «zéro»
Afin de faire face à ce type d’arguments, l’industrie alimentaire a créé des versions «light» et plus récemment «zéro» contenant moins, voire plus du tout de glucides. Plutôt tentant? Pas forcément, puisque pour conserver un goût sucré, mais sans les calories, le sucre a été remplacé par des édulcorants de synthèse. Et «ces derniers trompent le cerveau, pouvant générer un sentiment de faim et donc d’inutiles envies de grignoter!» avertit la diététicienne.
Les jus de fruit
Et les jus de fruits? Ceux dits «100%» ne contiennent pas de sucre ajouté. Leur forte teneur en glucides provient des fruits eux-mêmes. Il s’agit dans ce cas non plus de saccharose mais de fructose. Conseils d’Anne-Catherine Ginesi-Morend: «Sur les cinq portions quotidiennes de fruits conseillées, on peut en remplacer une par du jus de fruit, soit 1,5 à 2 dl par jour.» L’idéal serait néanmoins de presser ses propres jus, de les consommer rapidement pour éviter la déperdition de vitamines et d’inclure la pulpe, ou du moins une partie, pour ingérer aussi les fibres du fruit.
L’eau, top du top
Mais la boisson idéale reste bien évidemment l’eau, à consommer sans modération. Celle du robinet, quasiment donnée, fait très bien l’affaire. Si l’on préfère les bouteilles d’eau plate ou gazeuse, souvent riches en magnésium ou en calcium, on veillera à changer régulièrement de marque pour diversifier les apports en sels minéraux. Sébastien Sautebin