Nombreux étaient ceux qui comptaient sur la session de printemps du Conseil des Etats pour que, enfin, la Suisse se décide à limiter les frais d’itinérance, à l’instar de ce qu’a fait l’Union européenne en 2007. On sait, depuis le 19 mars, que l’imposition de plafonds tarifaires pour les appels de et vers l’étranger (roaming) n’interviendra pas pour cet été. Les conseillers aux Etats – dont plusieurs ont des liens étroits avec les opérateurs téléphoniques – semblent avoir plutôt en tête la Trinité…
En séance plénière, par 22 voix contre 14, les sénateurs ont, en effet, décidé de ne pas décider. Soit de suspendre la motion d’Ursula Wyss («Halte aux tarifs de mobile prohibitifs à l’étranger»), qui faisait suite à une pétition lancée par Bon à Savoir et ses partenaires alémaniques en 2011 et signée par 56 000 consommateurs en moins de cinq semaines.
Ecart de prix abyssal
Chaque année, les Suisses paient 400 millions de francs en trop par rapport leurs voisins italiens ou français en communications passées à l’étranger avec leur téléphone mobile. A l’heure de boucler cette édition de votre magazine, le surplus se montait à 1’718’657’751 fr. pour le plus grand bénéfice des opérateurs Swisscom, Sunrise et Orange et avec la bénédiction du Conseil fédéral, actionnaire majoritaire de Swisscom.
L’écart de prix entre la Suisse et les Vingt-Sept est pourtant abyssal. Ainsi, cet été, un touriste helvétique passant ses vacances sur les côtes italiennes paiera jusqu’à 2.60 fr. la minute de conversation avec ses enfants restés en Suisse (voir tableau). Un touriste français paiera, pour la même minute, au maximum 0.36 fr. Soit sept fois moins cher!
Pour les SMS, le plafond est fixé à 0.13 fr. dans l’Union européenne, contre 0.50 fr. à Swisscom (easy smart). Quant à surfer sur la plage, le touriste Suisse n’y songera même pas: 1 Mb lui est, en effet, facturé jusqu’à 15 fr., soit le prix d’une pizza et d’un verre de vin. Contre, au maximum 0.91 fr. pour le touriste français. Soit quinze fois moins cher!
La Rédaction