En juin dernier, Bon à Savoir et ses partenaires alémaniques Ktipp et saldo ont remis une pétition à la conseillère fédérale Doris Leuthard, en charge, notamment, des télécommunications. En cinq semaines seulement, vous avez été près de 56000 à soutenir et à signer cette requête lui demandant d’imposer aux opérateurs suisses le respect des tarifs maximums de roaming (utilisation d’un téléphone portable à l’étranger) que les 27 Etats de l’Union européenne imposent à leurs opérateurs depuis 2007 déjà. Le message était clair et votre colère probante.
La réponse de la Confédération se fait attendre, et les consommateurs suisses continuent donc de payer des prix jusqu’à trois fois plus élevés que leurs voisins européens. Seule réaction à ce jour: un courrier demandant aux pétitionnaires de patienter, et cela pour des raisons politiques. La pétition a en effet suscité le dépôt d’une interpellation et de deux motions parlementaires visant le même objectif, soutenues par 36 parlementaires, dont Josiane Aubert (PS/VD), Christophe Darbellay (PDC/VS), Christa Markwalder (PLR/BE), Roger Nordmann (PS/VD), Jean-François Rime (UDC/FR), Jean-François Steiert (PS/FR) et Eric Vauruz (PS/VD). La conseillère fédérale doit donc préparer sa prise de position, avant de communiquer sa décision.
Concessions des opérateurs
En attendant, les opérateurs suisses ont fait quelques concessions. Swisscom et Sunrise ont notamment décidé de plafonner les frais de transfert de données à l’étranger (lire notre analyse du 21.6.2011 sur www.bonasavoir –> L’actu du jour) et Orange a indiqué étudier une telle mesure. Ils ont également réduit le prix des appels et des transferts de données, mais uniquement pour les abonnements les plus onéreux.
Autrement dit: la situation n’a que timidement évolué et les consommateurs suisses en vacances à l’étranger paient toujours des prix d’itinérance trop élevés. Selon nos estimations de juin dernier, les trois opérateurs helvétiques facturent chaque année à leurs abonnés quelque 330 millions de francs de trop (lire «Allo? On nous vole!» BàS 7-8/2011).
Franc fort: consommateurs lésés
A cela s’ajoute les méfaits du franc fort. En janvier dernier, 1 euro valait encore 1.30 fr., alors qu’il s’échangeait en moyenne autour de 1.10 fr. durant l’été, soit 15% de moins, augmentant d’autant les marges des opérateurs, sans aucune prestation en contrepartie. En effet, lorsqu’un abonné suisse utilise son téléphone portable dans un pays de l’Union européenne, les frais de roaming sont exprimés en euros. De retour en Suisse, ce même abonné règle, lui, sa facture en francs. Ainsi, non seulement les consommateurs suisses paient quelque 330 millions de francs de trop aux opérateurs, mais ils ne bénéficient même pas du taux de change favorable. En réaction, les opérateurs indiquent simplement que nos estimations sont trop élevées.
Christian Birmele / zeb