Dans nos contrées où l’eau est parfois très calcaire, les appareils buveurs d’eau (machine à café, fer à repasser, nettoyeur à vapeur, etc.) s’entartrent et peuvent en tomber malades. Les fabricants recommandent de détartrer régulièrement la machine, de préférence avec le produit de la marque, réputé plus efficace.
Ces produits, à l’instar des détartrants du commerce, sont tous des mélanges d’acides: tartrique, citrique, formique, acétique, amido-sulfonique, etc. L’acide amido-sulfonique est d’ailleurs souvent mentionné dès l’instant où le produit entre dans la classe de toxicité 5 ou 5S (bande rouge). L’acide formique n’est en principe pas utilisé, car il a une odeur désagréable. En revanche, et contrairement à l’acide amido-sulfonique, il est très facilement biodégradable.
Métal attaqué aussi
Les acides dissolvent le calcaire en dégageant du gaz carbonique (d’où la mousse!) pour former un sel soluble dans l’eau et sans risque pour l’environnement ou la santé. Le problème, c’est que ces acides attaquent aussi les composants métalliques de l’appareil: aluminium, bronze, cuivre ou même acier inoxydable.
Dans le cas de la machine à café, l’acide va inévitablement endommager la pompe avant d’atteindre la cuve entartrée. Combien de fois n’avons-nous pas entendu l’histoire: «Je ne comprends pas. J’ai détartré ma machine et, depuis, la pompe ne fonctionne plus.»
Quant au fer à repasser, il faudrait introduire l’acide par les buses de sortie de la vapeur pour éviter d’attaquer le réservoir d’eau qui est souvent en aluminium. Dans tous les cas, il convient ensuite de rincer abondamment l’appareil.
Dilutions très diverses
S’ils sont tous efficaces contre le calcaire, les détartrants du commerce présentent des dilutions très diverses. Le fabricant de l’appareil, lui, peut en quelque sorte «optimiser» son produit et adapter la procédure de détartrage à la «force» de l’acide qu’il utilise.
Dans le cas d’une révision en atelier, le technicien va démonter l’appareil et retirer «à la petite cuiller» – sans produit chimique – 95% du calcaire qui s’est accumulé. Il profitera aussi de l’opération pour remplacer les éléments d’étanchéité et rendra un appareil en parfait état de marche. Malheureusement, de plus en plus de machines à café et de fers à repasser ne peuvent plus être démontés. Pour ceux-là, un détartrage régulier permettra de prolonger la durée de vie de l’appareil.
Côté fabricants, Jura recommande de ne mettre que de l’eau (calcaire) du robinet dans ses fers à repasser. En effet, l’eau filtrée dans des cartouches à résine (type Brita) voit sa dureté fortement réduite, mais contient toujours d’autres sels minéraux. Sous l’effet de la chaleur (> 160oC), ces derniers peuvent conduire à la formation de soude caustique extrêmement corrosive pour la chambre d’évaporation qui est en aluminium.
Le problème est le même si l’on utilise de l’eau minérale (Henniez, Evian, etc.), certes peu calcaire, mais qui, comme son nom l’indique, contient de nombreux sels minéraux.
Selon Jura, il existe des cartouches filtrantes (type B) qui fournissent une eau «déminéralisée» adaptée aux fers à repasser, mais impropre à la boisson. Dès lors, comment expliquer que la marque Brita garantisse à la fois une eau de boisson particulièrement saine et une protection efficace du fer à repasser? Son service clientèle n’a pas été en mesure de répondre à cette question.
Inutile pour le lave-vaisselle
Le détartrage du lave-linge ou du lave-vaisselle ne se justifie pas. Il suffit d’ajuster le dosage des produits de lessive et de rinçage (sel, rince-éclat). La marque Calgon a bien réussi à créer le mythe du corps de chauffe détruit par le calcaire. Cependant, en vingt-deux ans, nous n’avons jamais vu une machine à laver endommagée par le calcaire, car les dépôts qui peuvent se former sur la résistance de chauffage en tombent naturellement, au fur et à mesure, sous l’effet de la chaleur.
François Marthaler
(*) La Bonne Combine
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