L’examen triennal des prix des médicaments fait par l’OFSP a permis d’économiser 600 millions de francs entre 2012 et 2014. Le recours d’un fabricant de petites pilules a ensuite bloqué totalement le processus pendant deux ans.
L’affaire a fini devant le Tribunal fédéral administratif, qui a obligé l’Office à revoir sa méthode de calcul. Accusant le coup, ses experts avaient alors prédit que le nouveau protocole allait réduire la pression à la baisse. Selon leurs prévisions, la reprise des contrôles, en mars 2017, n’allait aboutir cette fois qu’à une économie de 180 millions sur trois ans. Les pharmas avaient remporté la première manche en grippant la machine.
Or, à la surprise générale, l’OFSP vient d’annoncer que, pour la seule année 2017, le réexamen de 800 médicaments remboursés par l’assurance de base accouche d’une somptueuse baisse de prix de 190 millions de francs! La nouvelle a fait l’effet d’un coup de massue pour les entreprises pharmaceutiques.
Dans un communiqué, Interpharma dénonce ainsi la «pratique stricte» de l’OFSP et parle de «baisses de prix douloureuses». L’association pharmaceutique reproche notamment à la Confédération d’avoir verrouillé le système de réexamen en autorisant les baisses et en empêchant les hausses de prix. Si ce grief n’est pas irraisonné, la douleur reste cependant quelque chose de très subjectif chez certains fabricants de remèdes. L’an passé, le groupe bâlois Novartis, membre d’Interpharma, a par exemple dégagé un bénéfice net de 7,3 milliards de francs (+15%), tandis que la rémunération annuelle de son boss, Joseph Jimenez, passait de 12 à 13,1 millions.
Mais, en mettant le doigt là où ça fait mal, l’OFSP a pris sa revanche et égalisé à 1 partout… Reste à savoir qui remportera la troisième manche. Les associations d’assureurs maladie santésuisse et Curafutura ont choisi leur camp: l’OFSP doit mettre les bouchées triples en procédant à une révision annuelle du prix de tous les médicaments, au lieu d’un tiers actuellement. Alain Berset a rejeté l’idée, précisant que ses effectifs étaient insuffisants. Et si le socialiste embauchait?
Sébastien Sautebin