A en croire les étiquettes des boissons Aktifit d’Emmi, un flacon de ce nectar va vous changer la vie grâce à sa bactérie lactique LGG (Lactobacillus Gorbach et Goldin) qui «renforce vos défenses naturelles et régularise la digestion» et à son acide folique, «nécessaire à la formation du sang». Ces allégations de santé sur les emballages des produits sont nombreuses et censées expliciter les effets sur le corps d’une denrée alimentaire. Or, elles sont très vite devenues des arguments de vente avec, pour objectif principal, d’attirer l’attention des consommateurs. Si certaines sont fiables («le calcium est nécessaire à une ossature et à une dentition saines»), nombre d’entre elles font miroiter des effets miracle, dont la véracité des bienfaits n’est pas toujours fondée.
Nouvelle législation
La Commission européenne a donc décidé de faire le ménage. Après avoir étudié 4600 allégations de santé sur la base de preuves scientifiques, elle a établi une liste précise qui en autorise, pour le moment, 222 sur le marché. Avec ce nouveau registre, on apprend notamment que les «gommes à mâcher sans sucre contribuent à réduire la sécheresse buccale», que les noix permettent «d’améliorer l’élasticité des vaisseaux sanguins» ou encore que le zinc aide «au maintien d’une peau normale».
Aujourd’hui, quelque 2700 allégations sont encore en examen et plus de 1600 entrées de la liste n’ont pas reçu d’autorisation. Elles devront donc disparaître des emballages d’ici au mois de décembre. Par exemple, les fabricants ne pourront plus écrire que «le magnésium aide à lutter contre les petits stress quotidiens». De même, certaines vertus associées à la bactérie lactique LGG sont désormais interdites. La réglementation européenne a effectivement estimé qu’aucun lien de cause à effet ne pouvait être établi entre la consommation de LGG et une contribution «à maintenir les défenses contre des agents pathogènes intestinaux.» Quant aux autres allégations qu’on trouve sur les emballages d’Aktifit, elles doivent encore être examinées par la Commission européenne. Emmi attend donc de connaître le verdict de l’Europe, puis de la Suisse, pour ajuster, si nécessaire, les différentes indications.
La Suisse va s’adapter
Côté helvétique précisément, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) est en train d’examiner cette nouvelle liste. Et devrait, sur cette base, adapter prochainement l’annexe 8* de l’ordonnance sur l’étiquetage et la publicité des denrées alimentaires, qui contient les allégations de santé autorisées pour les vitamines, les sels minéraux et d’autres nutriments (lire encadré). Elle admet, par exemple, que la vitamine A est nécessaire à la croissance et contribue au maintien des tissus, de l’épiderme et des muqueuses ou encore que le phosphore, combiné au calcium, est un constituant important des os. A l’inverse, il est précisé que le produit ne doit pas mentionner des propriétés qui favorisent la prévention, le traitement et la guérison d’une maladie humaine ou qui le présentent comme un produit amaigrissant.
Avec cette nouvelle législation européenne, que la Suisse va suivre prochainement, les consommateurs verront enfin disparaître cette importante source de confusion et pourront faire leurs courses l’esprit tranquille, sans être dupes.
Marie Tschumi
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LES AUTRES CONSEILS SUR LES PRODUITS
Et les allégations nutritionnelles?
Les allégations de santé qu’on trouve sur les emballages des denrées alimentaires ne doivent pas être confondues avec celles dites «nutritionnelles», qui suggèrent qu’une denrée possède des spécificités nutritionnelles bénéfiques particulières et positives. On peut lire, par exemple, qu’un aliment a une «valeur énergétique réduite», comme dans la sauce à salade Léger, de Migros; qu’une denrée est «riche en fibres» (p. ex. les Farmer natures); qu’un produit est sans sucre (certains bonbons Ricola) ou encore qu’il est exempt de gluten.
Ces différentes informations, contenues dans l’annexe 7* de l’ordonnance sur l’étiquetage et la publicité des denrées alimentaires, ne devraient pas, elle, subir de modifications.