Les régimes miracle n’existent pas! Une nouvelle étude vient confirmer ce que nous avons déjà écrit à maintes reprises dans nos colonnes: déséquilibrer son alimentation permet certes de perdre quelques kilos, mais c’est surtout la garantie de les reprendre aussitôt.
En novembre dernier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire en France (Anses) a rendu public un rapport accablant sur les effets néfastes des cures les plus souvent citées sur internet ou les mieux vendues en librairie. Il s’agit des quinze régimes suivants: Atkins, Californien, Chrononutrition, «Citron détox», Cohen, Dukan, Fricker, Mayo, Montignac, Ornish, Soupe au chou, Scarsdale, Miami, WeightWatchers et Zone.
Le verdict de l’Anses est sans appel: non seulement ces méthodes sont inefficaces à long terme, puisque 80% des personnes reprennent leur poids après un an, mais peuvent être lourds de conséquences pour la santé.
Les déséquilibres les plus inquiétants
- Trop peu de calories – Alors que l’apport nutritionnel journalier conseillé est, en moyenne, de 1800 kcal pour la femme et 2200 kcal pour l’homme, les régimes Citron détox, Soupe au chou, Mayo et Scarsdale en proposent moins de 800! Selon l’Anses, cette restriction calorique peut favoriser l’apparition de calculs biliaires et entraîner des accidents cardiovasculaires.
- Trop ou trop peu de protéines – La question des protéines divise les «spécialistes» de l’amaigrissement. Les cures Citron détox, Ornish, Montignac (phase 2) et Soupe au chou préconisent une alimentation hypoprotéinée et ont pour conséquence d’accélérer la perte musculaire et, ainsi, d’affaiblir l’organisme. D’autres régimes, comme Dukan, préconisent au contraire une alimentation hyperprotéinée. Ils apportent plus de 3 g de protéines par kilo de poids, alors que l’apport nutritionnel con seil lé (ANC) n’est que de 0,8 g seulement. Ce type d’alimentation surcharge le travail rénal et peut péjorer un rein déjà malade. C’est pourquoi, les experts de l’Anses recommandent un bilan rénal aux personnes sensibles.
- Riches en graisses et pauvre en sucres – Certains régimes, comme Atkins (phases 1 et 2), Chrononutrition et Dukan (phase 3), apportent plus de 90 g de lipides par jour, ce qui correspond à la limite supérieure des recommandations, et sont pauvres en glucides. Ces cures entraînent également des effets secondaires indésirables, comme la mauvaise haleine, une diarrhée, des nausées, etc.
- Trop peu de fibres – La majorité des phases de régimes étudiés n’apportent pas suffisamment de fibres. Cette carence est à l’origine de constipation et peut entraîner d’autres complications, comme les hémorroïdes, favorisant, à long terme, le développement de can cers du côlon ou du rectum. Seuls les régimes riches en fruits et légumes apportent suffisamment de fi bres, à savoir les Californien (phase 2), Chrononutrition, Ornish, Soupe au chou, WeightWatchers et Zone.
- Carence en minéraux et en vitamines – La plupart des cures analysées ne couvrent pas l’apport nutritionnel conseillé en fer chez la femme. Il en est de même du calcium et, dans une moindre mesure, de la vitamine C dans les régimes Dukan et Cohen (phase 1). En revanche, ces deux cures se distinguent par leur apport en vitamine D, puisqu’ils préconisent une importante consommation de poissons gras. Enfin, la plupart des programmes apportent trop de sel et certains – Atkins (phases 2 et 3) Dukan, Miami (phase1) et Ornish – dépassent largement les limites admissibles, puisqu’ils affichent 8 g de sel par jour, alors que notre consommation ne devrait pas dépasser 5 g.
Les risques liés à tous les régimes
- L’affaiblissement de l’organisme – La perte de poids ne touche pas uniquement les réserves de graisses, mais aussi la masse musculaire, et cela quel que soit le niveau d’apport en protéines.
- La fragilisation des os, avec risque de fracture – Elle est une conséquence directe d’une carence en calcium et en graisses.
- La perturbation du métabolisme – S’astreindre à suivre des régimes de manière répétée peut provoquer des modifications profondes du métabolisme. Celles-ci sont souvent à l’origine d’un cercle vicieux qui mène invariablement à reprendre le poids qu’on avait perdu, et parfois davantage (ce qu’on appelle l’effet yoyo – lire ci contre).
- Des troubles psychologiques – L’enchaînement de plusieurs régimes sans résultats probants est fréquemment à l’origine de la perte de l’estime de soi et de dépressions. Chercher à perdre du poids comporte donc des risques. Si les régimes amaigrissants pratiqués sans recommandations ni suivi médical peuvent être dangereux pour la santé, ils sont également inutiles! Pour perdre quelques kilos avant l’été, rien ne remplace une alimentation équilibrée, diversifiée, dont les apports énergétiques journaliers ne dépassent pas les besoins. Et, surtout, elle doit être associée à une activité physique régulière, principal facteur de stabilisation du poids.
Doris Favre, diététicienne diplômée
DÉCODAGE
L’effet yoyo
Le yoyo est une escalade quasi inévitable qui conduit, régime après régime, à une prise de poids constante. Ce mécanisme est inscrit dans nos gênes. Nos ancêtres ont en effet développé une prédisposition génétique, afin d’assurer leur survie en cas de famine. Entre deux périodes de disette, ils profitaient du plus petit aliment pour reconstituer leur réserve de graisse. Celles et ceux qui n’avaient pas cette capacité de stockage ne survivaient pas.
Soumis à des régimes alimentaires successifs, notre organisme réagit comme s’il devait affronter une vague de famines: il cherche la moindre parcelle de graisse qu’il parvient à capter. Dès lors, plus les régimes sont nombreux, plus notre organisme essaie de protéger ses réserves et plus il devient difficile de perdre du poids.
Pour en savoir plus: «Mince alors! Comment gérer son poids», hors-série édité par Bon à Savoir.