Au moment de commander le set Aquarelle de Miriale International, le coordonné Samba de String Line ou le duo boxer et slip de Tono International, le client ne s’attend certainement pas à se retrouver… abonné à des envois de sous-vêtements! Et pourtant, c’est bien ce qui se passe avec ces trois marques de la maison Provea, société qui appartient aux Editions Atlas.
Chez Atlas, on a repris le traditionnel concept des collections de fiches pour l’appliquer aux petites culottes. Ainsi, en commandant la première fois, on se retrouve «client» de l’une ou l’autre de ces trois marques. Mais sans obligation d’acheter autre chose, est-il stipulé clairement sur le coupon de commande, et souligné en rouge.
Premier envoi
Et on peut encore lire: «A réception de mon paquet, je pourrai juger de tous mes avantages! Et je pourrai alors décider si je désire rester client et dans le cas contraire, je vous en informerai.»
En signant cette déclaration, le client s’attend donc tout au plus à être submergé de catalogues présentant toute la collection de lingerie de la marque. Car rien n’indique clairement qu’il s’agit d’un «premier envoi» qui sera suivi d’une nouvelle «sélection» trois mois après, dès que les mensurations
du client seront connues.
Ce n’est qu’en ouvrant le carton, qui contient le prmier set de sous-vêtements à prix cassés, que le client découvrira qu’un nouveau choix de petites culottes lui est d’ores et déjà réservé. Une lettre donne tous les détails de cet «abonnement». Rien à redire non plus sur le dépliant qui présente la prochaine sélection. A l’intérieur, voire même sur la page de garde, on trouve la mention «prochain colis».
Présentation habile
Tout est donc expliqué, mais présenté de telle manière qu’un client distrait ou pressé peut s’y laisser prendre. En effet, la début de la lettre ressemble aux traditionnels remerciements d’usage. Et il faut prendre le temps de la lire jusqu’au bout pour découvrir la suite.
Quant au dépliant, il comporte un bon de commande. De quoi être induit en erreur et croire qu’il faut le renvoyer pour recevoir la marchandise proposée. Or, dans le cas de Miriale et de String Line, il s’agit en réalité du formulaire permettant à la clientèle féminine de commander les soutiens-gorges assortis aux slips de leur prochaine sélection.
Si le client envisage de refuser ce colis, il est mentionné que c’est à lui de se manifester: par lettre, en renvoyant le coupon adéquat, lequel se trouve au verso de la facture, soit difficilement repérable. Ou par téléphone. Mais le service téléphonique est facturé à 1 fr. la minute.
En résumé, on retrouve là tous les ingrédients d’une méthode parfaitement légale qui fait recette en tablant sur la négligence ou la distraction du consommateur. Ce que le directeur de la société Atlas, André Leglise, réfute complètement: «Nous avons plus d’un million de clients, répartis dans quinze pays différents. J’en déduis que cette méthode est appréciée», relève-t-il, avant d’insister sur la qualité des sous-vêtements envoyés. «Si nous utilisons ce système, c’est uniquement pour éviter de devoir faire tout le temps de la publicité.»
André Leglise indique encore qu’on peut aussi refuser un colis en téléphonant au numéro «normal» de la société. Celui-ci figure effectivement sur la facture, sans toutefois être mis en évidence comme le numéro payant. «De toute façon, si quelqu’un oublie de refuser le colis, il peut toujours le renvoyer en port dû. Du reste, après deux renvois en port dû, nous arrêtons d’envoyer les sélections, estimant que le client n’a pas compris le système ou ne l’approuve pas.»
Au client d’agir
Visiblement, ces sociétés de slips à l’abonnement n’insistent donc pas quand elles sont confrontées à des désistements puisqu’elles vont jusqu’à les précéder. A se demander si tant de bienveillance envers le client n’est pas motivée par la crainte de faire des remous et d’attirer l’attention sur ces méthodes de vente.
Du point de vue légal, le consommateur peut invoquer le fait d’avoir reçu un article non commandé. En effet, la publicité ne mentionne pas qu’effectuer un achat correspond à souscrire un abonnement. Il n’en reste pas moins que c’est à lui d’agir. Il devra ainsi prévenir le vendeur et tenir le colis refusé à sa disposition.
Or, puisque le directeur de la société assure que de nombreux clients sont satisfaits de ce système, ne suffirait-il pas d’éditer des publicités qui l’évoquent clairement? Mais peut-être que, dès lors, moins nombreux seraient ceux prêts à se laisser tenter par les dessous… Jacqueline Favez