A ski, ce sont les genoux qui sont fortement sollicités. Dès lors, pas étonnant que plus d’une escapade dans la neige
se termine sur une civière. Souvent à cause d’une entorse, plus ou moins grave. Et lorsque cette articulation subit une torsion, ce sont les ligaments ou les ménisques qui en font les frais. Les premiers peuvent être distendus ou déchirés, les seconds fissurés. Tout dépend de la contrainte qui est exercée sur le genou, de sa force et de son axe.
Généralement, les déchirures méniscales sont consécutives à un faux mouvement ou à un choc sportif. Mais chez les plus de 45 ans, ces blessures sont le plus souvent d’origine dégénérative. Elles peuvent alors survenir sans traumatisme majeur. D’ailleurs, la force ou la faiblesse des ligaments ne joue pas forcément un rôle dans ces cas-là.
Diagnostic par IRM
Pour diagnostiquer quelle partie du genou est touchée, on recourt au IRM. S’il s’agit d’une lésion du ménisque, le traitement se décide de cas en cas: une fois le traumatisme passé et le genou désenflé, certains genoux ne font plus jamais souffrir, et l’opération ne s’impose pas.
D’autres, en revanche, enflent, sont douloureux au moindre effort physique et mettent plusieurs jours à retrouver leur taille normale. Dans les cas les plus délicats, le genou se bloque, ce qui révèle une lésion méniscale typique appelée «en anse de seau». L’opération est alors non seulement nécessaire, mais doit être effectuée au plus vite pour débloquer l’articulation.
L’opération
«Nous opérons sous anesthésie rachidienne», explique le docteur Claus Löcherbach, spécialiste du genou et chef de clinique à l’Hôpital orthopédique de la Suisse romande (HOSR), à Lausanne. Cela signifie que les deux jambes sont endormies, en injectant l’anesthésiant entre deux vertèbres, dans le liquide céphalorachidien, à un niveau où il n’y a plus de moelle épinière. A ne pas confondre avec une péridurale, où le liquide anesthésiant est injecté entre les vertèbres et la moelle épinière.
Une fois le patient anesthésié, le chirurgien pratique trois petites incisions: la première sur l’extérieur du genou pour introduire la caméra, la secon-de sur l’intérieur, pour passer les instruments et la troisième pour passer la canule de vidange. En effet, la capsule articulaire (voir schéma ci-contre) est alors remplie de liquide. Ainsi gonflée, on dispose d’une meilleure visibilité dans l’articulation, et on diminue les saignements, car la pression de l’eau permet de contrer la pression artérielle.
Ensuite, selon la zone où la lésion est constatée, le médecin procède à une suture ou une ablation de la partie déchirée. Le ménisque étant mal vascularisé (réd.: peu de vaisseaux sanguins) sur deux tiers de sa surface – où se trouvent la plupart des lésions – on préfère procéder à l’ablation dans ces zones, car la cicatrisation serait difficile. Pour des lésions du tiers de ménisque restant, adjacent à la capsule articulaire et bien vascularisé, la suture est préconisée chez les jeunes patients seulement.
Debout le soir
L’opération dure environ 30 minutes, et le patient, entré le matin, peut quitter l’hôpital le soir même, en posant ses deux pieds par terre. Les béquilles constituent simplement une précaution de sécurité pour les deux premiers jours. Cette rapide mobilité est d’ailleurs conseillée pour éviter les phlébites (réd.: formation d’un caillot de sang dans une veine).
Dans tous les cas, les fils sont ôtés après une dizaine de jours, et la première douche est permise après trois jours, mais avec des pansements étanches. Les bains sont dans un premier temps déconseillés, car la cicatrice ne doit pas être mouillée durant quinze jours.
Convalescence
> En cas de méniscectomie (ablation): les patients pourront s’adonner au vélo après deux semaines et aux sports de pivot – soit à risques – après quatre à six semaines. Quelques exercices pratiqués à la maison suffiront à les remettre en jambes.
> En cas de suture: cette intervention impose des délais plus longs pour la guérison. Le patient devra porter une attelle, reposer la jambe le plus possible, et marcher avec des béquilles durant six semaines. Deux séances de physiothérapie par semaine seront nécessaires pour qu’il retrouve toute sa mobilité.
Il faudra attendre trois mois avant de pouvoir reprendre une activité sportive, le temps de la cicatrisation. Et recommencer le sport avant le délai prescrit, c’est s’exposer au risque de re-déchirure et de réintervention.
Qu’il s’agisse d’une ablation ou d’une suture, l’opération du ménisque est aujourd’hui un acte chirurgical bénin. Les seuls risques, faibles, mais présents, sont ceux d’une infection, d’une lésion des nerfs ou d’une phlébite. Carole Pellouchoud
Bonus Web:Prévenir l'entorse à ski
La forme pour l’hiver
Les exercices suivants sont proposés par Mylène Schenk (maître d’éducation physique et physiothérapeute) pour renforcer les jambes et les fessiers, rendre les deux jambes indépendantes l’une de l’autre, et ainsi avoir une meilleure stabilité. A ne faire que si vous êtes en bonne santé!
Quelques règles
> Les personnes qui commencent le ski doivent exécuter ces exercices en chaussures de sport sur sol ferme, sans linge, les yeux ouverts. Les skieurs confirmés peuvent les exécuter les yeux fermés.
> Rester concentré pour ne pas être surpris par une perte d’équilibre.
> Mettre l’accent sur le contrôle de l’exécution, souple et bien dosée.
> Respirer profondément et lentement.
Pour une bonne préparation à la saison de ski, chaque exercice est à faire dix fois (pendant env. 4 secondes), par série de 3 à 8 selon votre entraînement, deux à trois fois par semaine.
Équilibre
Debout, en équilibre sur une jambe, le pied sur un (ou plusieurs) linge(s) épais, pour stimuler les réflexes de stabilisation. Imiter le mouvement de la course avec des mouvements amples, lents et contrôlés, comme pour recréer des images «au ralenti».
Jambes indépendantes
Debout, en équilibre sur une jambe, le pied sur un linge épais.
Passer d’une jambe à l’autre, d’un linge à l’autre, les bras le long du corps, les mains tenant des bâtons de ski imaginaires.
Cuisses
En position schuss, les deux pieds sur un linge pour reproduire un terrain mou. Transférer le poids du corps sur une jambe puis sur l’autre, en inclinant bien les pieds au sol, pour reproduire de franches prises de carres, mains en avant comme si l’on tenait des bâtons.
Fessier et arrière des cuisses
En appui sur le dossier d’une chaise, maintenir le bas du dos immobile et contracter les abdominaux. Monter lentement le talon vers les fesses, puis pousser la plante du pied en arrière, entraînant le genou sans bouger le bassin ni le dos, puis faire le chemin inverse.
Fessier et cuisses
Debout, mains croisées dans le dos, descendre lentement les fesses en arrière et en bas, vers la chaise, sans avancer les genoux. Stopper juste avant de toucher le siège, garder la position quelques secondes. Remonter lentement, surtout dans la première partie du mouvement.