S’il y a bien un appareil dont on espère qu’il soit fiable, c’est son compteur électrique. D’où la surprise de ce propriétaire habitant au pied du Jura quand il a découvert qu’il avait, pendant des années, payé des kWh injustifiés.
Le problème a été détecté lors qu’il a pu, après avoir posé des capteurs solaires, débrancher l’alimentation de son chauffe-eau grâce à une période de beau temps. Le boiler étant relié à un compteur indépendant, celui-ci aurait dû s’arrêter. Il a pourtant continué à tourner. Et ce, alors que tout le reste de la consommation (prises, lampes, appareils, etc.), était connecté à un autre compteur, indépendant.
Ce consommateur averti a aussitôt approché Romande Energie, qui a commencé par soutenir que ce phénomène était impossible. Sur l’insistance de son client, elle a finalement consenti à envoyer un technicien qui s’est rendu à l’évidence: à raison de 1 kWh par jour, le compteur facturait, chaque année, 50 fr. de trop. La compagnie a alors proposé de rembourser les sommes encaissées indûment sur les cinq dernières années.
Le responsable technique a tenté d’excuser la défaillance en avançant que l’installation n’était pas conforme, le compteur et le chauffe-eau étant alimentés par deux phases au lieu de trois. Le tableau électrique datait en outre d’une époque où les contrôles étaient moins rigoureux. Il a enfin soutenu que l’appareil ne facturait ces kWh supplémentaires que si le chauffe-eau ne consommait rien.
Contrôle facturé
Ces explications se sont toutefois révélées erronées. Le compteur a en effet continué à tourner dans le vide même quand il a été alimenté avec trois phases. Et les kWh fantômes se sont rajoutés à la consommation effective du chauffe-eau, même quand celui-ci a été remis en fonction. L’appareil était donc bel et bien défectueux.
Si on doute de l’exactitude de son compteur, il est possible de demander à le faire contrôler. Mais ce service est facturé 300 fr. au client (y compris les frais de démontage, de remontage et le déplacement) si les mesures attestent de la pré cision de l’appareil. Ce qui, selon Jean-Claude Auch, responsable du Service clientèle de Romande Energie, est la plupart du temps le cas.
En revanche, si le contrôle conclut à une défaillance de l’appareil, que l’erreur soit, ou non, en faveur du client, il ne sera pas facturé. On peut certes trouver un peu gênant que le fournisseur soit en même temps juge et partie. Un contrôle auprès d’un établissement indépendant est alors possible, mais nettement plus onéreux, le tarif dépendant notamment du type de compteur à contrôler.
Analyser sa consommation
Ce genre de problème est donc difficile à déceler. Il est en effet bien plus simple de contrôler ses dépenses alimentaires ou ses frais de déplacement que sa consommation électrique, pour laquelle on ne reçoit qu’un décompte annuel compliqué à décrypter. D’où l’intérêt de se familiariser avec la lecture de son compteur (lire encadré).
Une analyse plus détaillée permettra ainsi de chiffrer l’impact de l’utilisation éventuelle d’un chauffage électrique en hiver ou d’une installation de climatisation en été. On pourra également contrôler la consommation de son réfrigérateur, en profitant, par exemple, d’un week-end d’absence, après avoir pris soin de débrancher tous les autres appareils susceptibles de consommer du courant. Selon le type de compteur, on peut aussi mesurer l’ensemble des consommations cachées des appareils en stand-by, toujours plus nombreux, qui peuplent nos logements. Et, bien sûr, déceler une anomalie de facturation, rare mais possible!
Connaître sa consommation d’énergie, c’est se donner les moyens de la maîtriser. Il est en effet paradoxal que, à l’heure où les appareils mis sur le marché sont toujours plus économes (on va bientôt nous raconter qu’ils fabriquent du courant tellement ils ont de + à leur A!), la consommation électrique des ménages suisses augmente chaque année de 1% à 2%.
Laurent Zahn
DÉCODAGE
Déchiffrer son compteur
Il existe deux générations de compteurs électriques. Dans les anciens, dits électromécaniques, on voit tourner un disque métallique. Sa vitesse varie selon la consommation.
Ces appareils sont remplacés progressivement par les modèles électroniques, théoriquement plus fiables… mais difficilement déchiffrables. On trouvera sur les sites internet des fournisseurs d’électricité des explications pour la lecture de ces équipements selon leur type. Le Groupe E propose quant à lui une application, certes coûteuse (150 fr. de base + 8 fr. par mois), pour analyser précisément sa consommation électrique instantanée et sur la durée. Romande Energie planche également sur un outil similaire, qui en est encore au stade de projet pilote.