Au moment d’envisager de changer son ancienne machine à laver par une nouvelle, il faut non seulement tenir compte de la consommation effective en énergie, mais également de l’énergie grise.
Au lendemain de l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto, quelques réflexions sur la diminution de notre consommation d’énergie s’imposent. Une des façons de concrétiser nos bonnes intentions passe par l’exploitation quotidienne de nos appareils électroménagers. En commençant par une question primordiale (à se poser par exemple lors d’une panne ou d’un déménagement): ces appareils sont-ils effectivement les plus économes? Et si la réponse est non, faut-il les remplacer par de nouveaux modèles moins gourmands en énergie?
Prenons l’exemple fréquent d’un lave-linge. Un modèle récent, de classe énergétique A, consomme moins de 1 kWh pour laver 5 kg de linge à 60 degrés. Or, un même appareil (marque Miele, type 724), construit il y a dix ans environ, en ingurgite pas loin du double!
Moins d’eau, plus lentement…
Ce progrès a été rendu possible par la diminution du volume d’eau admis lors de la phase de lavage, sachant que l’essentiel de l’énergie sert au chauffage. Les nouveaux appareils n’ont d’ailleurs plus d’option demi-charge: ils lavent déjà avec le niveau d’eau minimum. Toutefois, pour obtenir des résultats de lavage corrects, la durée du programme a été rallongée… Du coup, ils sont généralement équipés d’une touche «rapide» accélérant le déroulement du programme, mais ne satisfont alors plus au label A pour l’efficacité du lavage... Et si, pour le linge particulièrement sale, on pèse sur la touche «niveau d’eau plus élevé» dont il sont aussi équipés, ces nouveaux appareils perdent leur caractère économique…
A l’inverse, les appareils plus anciens sont généralement équipés d’une touche demi-charge, diminuant leur consommation de 25% environ. On peut d’ailleurs y recourir même à pleine charge, pour autant que le linge soit juste défraîchi, dans le cas, par exemple, d’habits changés tous les jours. Avec, en plus, l’avantage de raccourcir la durée du programme. L’économie en terme de consommation est alors évaluée entre 0,5 et 1 kWh par lessive.
Calcul écologique
Malgré tout, le fonctionnement des nouveaux lave-linge est nettement plus économe que celui des anciens. Seulement voilà: pour construire ces nouveaux appareils, il va falloir beaucoup d’énergie grise (lire ci-contre): entre 1500 à 3000 kWh, soit approximativement 1 kWh par lessive! Dans l’exemple ci-dessus, le seul bénéfice écologique ne justifie donc pas le remplacement de l’ancien appareil. En effet, après dix ans de bons et loyaux services, celui-ci a déjà «amorti» son coût en énergie grise, contrairement au nouveau modèle. Donc, comme l’économie en énergie directe (1 kWh) du nouvel appareil ne dépasse pas son coût en énergie grise (1 kWh aussi), mieux vaut garder le plus longtemps possible son ancien appareil.
En revanche, d’autres appareils, de conception désuète ou approximative, peuvent être éliminés sans regrets. Il s’agit avant tout d’évaluer la quantité d’eau admise pendant la phase de lavage, et donc devant être chauffée (l’eau utilisée lors des phases de rinçage n’est pas chauffée, et n’intervient donc pas dans le calcul de la consommation électrique). Un coup d’œil à travers le hublot vous renseignera: si le niveau dépasse le quart du diamètre du tambour, il est judicieux d’envisager le remplacement de l’appareil par une occasion de meilleure conception, ou par un appareil neuf que l’on choisira parmi les plus économes et durables.
Laurent Zahn
bilan écologique
Le coût de l’énergie grise
Chaque produit ou service que l’on achète nécessite de l’énergie grise (appelée ainsi vu son caractère caché) pour sa production, son transport, voire son recyclage ou son élimination. On en consomme en Suisse deux fois plus que d’énergie directe, celle qui sera payée à la compagnie d’électricité ou à la station-service.
Ainsi, si la consommation électrique annuelle directe d’un ménage se situe entre 4000 et 8000 kWh, un ordinateur «contient» environ 4000 kWh d’énergie grise, un voyage intercontinental en avion plus de 20 000 kWh et une voiture 60 000 kWh! Enfin, un kilo de haricots importés d’Egypte a coûté 10 kWh en énergie grise, mais moins de 1 kWh s’il a été cultivé en Suisse!