Quelque 2,6 millions de cartes EC ont été munies d’office ces derniers mois de la fonction «cash»: une puce qui permet de stocker 300 fr. au plus, afin de payer sans argent liquide. L’idée des banques est de donner un coup d’accélérateur à ce service, appelé «porte-monnaie électronique». Il est utilisable aujourd’hui dans 14 000 commerces en Suisse, dont seulement 500 automates, qui n’ont en effet pu être équipés qu’avec retard.
Ce sont pourtant les automates qui permettront de généraliser l’utilisation du porte-monnaie à puce, estime François Christin, responsable de la société Europay pour la Suisse romande. Cette société, chargée de la vente des cartes EC, appartient à la holding Telekurs, soit à un consortium de banques suisses.
Les modules de paiement pour ce type d’appareils sont désormais disponibles, et l’intérêt semble suivre: «Les CFF prévoient d’installer l’an prochain mille automates à billets munis de cette fonction, et des transporteurs locaux pourraient les imiter. Edipresse (Le Nouveau Quotidien, 24 Heures, La Tribune de Genève, Le Matin notamment, ndlr.) va remplacer ses caissettes à journaux pour lutter contre le vol et, dans le même temps, permettre de payer avec la Cash. La Ville de Lausanne et Estavayer sont en train d’équiper certains parcomètres de ce mode de paiement; Nyon, Orbe, Yverdon et Bienne s’y intéressent également.»
Les commerçants boudent
Les commerçants, eux, rechignent encore à mettre l’appareil de paiement en évidence sur leur comptoir. On peut les comprendre: pour chaque paiement, le 0,7% du montant de la transaction, plus deux centimes, est à leur charge, tout comme le coût de l’appareil (entre 150 et 210 fr.).
Quant aux clients, équipés sans l’avoir demandé de ce nouveau porte-monnaie, ils assumeront les risques de son utilisation: en cas de vol ou de perte, n’importe qui pourra vider sans problème les sommes stockées dans la fonction «cash». Etait-il donc techniquement impossible de bloquer cette fonction? Pas du tout, répond le fabricant, la société Trüb à Aarau. C’est un choix des banques. «Nous voulions que la transaction soit inférieure à trois secondes, explique François Christin. Or, si nous offrions la possibilité de bloquer la carte, nous aurions également dû munir la fonction cash d’un code. Tout le bénéfice de la rapidité aurait été perdu.»
En cas de problème ou de panne technique, le client n’aura pas non plus le droit d’exiger des indemnités. Europay assure toutefois que les pannes de réseau, tout comme les risques de fuite d’argent, ne sont pas possibles.
Et la plupart des clients ont choisi d’assumer ces risques. Seul un infime pourcentage a renvoyé la carte munie du porte-monnaie électronique. Mais il est vrai qu’il reste aussi la possibilité de tout simplement ne pas charger la puce...
Sylvie Fischer