Les lecteurs de Bon à Savoir n’en peuvent plus, et ils le disent: «Assez de ces courriers qui nous garantissent des gains faramineux et nous prennent pour des imbéciles!», s’exclament les nombreuses victimes d’envois publicitaires aux promesses douteuses. Et on les comprend. Témoignages.
Jacqueline Gassener, à Pully (VD), a conservé tous les courriers qu’elle a reçus depuis le début de l’année. Bilan: cette octogénaire a pu nous montrer une vingtaine de lettres, provenant pour moitié de la maison de vente par correspondance Brillant Versand (à chaque fois sous des formes différentes), le reste de sociétés variées et même des Etats-Unis. Dans chacune d’entre elles, les discours se ressemblent. En bref: des montagnes d’argent (certificats prétendument authentiques à l’appui) attendent notre lectrice, pour autant qu’elle retourne rapidement le coupon-réponse.
Bientôt millionnaire…
A en croire ces envois, Jacqueline Gassener aurait pu, au total, gagner presque un demi-million de francs et encore près de 50 000 ? en un semestre! De quoi dérouter les consommateurs les plus crédules, qui tentent leur chance et commandent en même temps quelques babioles dans le catalogue accompagnant toujours ce genre d’envois, quand ils ne doivent pas divulguer leur numéro de carte de crédit.
Crédule, Mme Gassener ne l’est pas: «Ces promesses sont ridicules, s’amuse-t-elle. J’arrive à en rire, même si je trouve désagréable de trouver autant d’âneries dans ma boîte aux lettres». Elle a pourtant placardé sur sa boîte, il y a déjà longtemps, un autocollant pour refuser les envois publicitaires. «Ce qui me dérange, poursuit-elle, c’est que ces courriers sont trompeurs et donnent de faux espoirs. Les personnes fragiles doivent facilement se faire avoir», regrette-t-elle.
Après avoir demandé à de nombreuses reprises, et par écrit, aux sociétés qui lui écrivent de bien vouloir la rayer de leurs fichiers d’adresses, Jacqueline Gassener s’est aperçue que ces démarches ne fonctionnent pas toujours, malgré le fait que la loi oblige les sociétés à supprimer les données lorsque la demande en est faite. Aujourd’hui, notre lectrice continue donc a être abreuvée de paperasse, qu’elle ne lit même plus avant de s’en débarrasser.
Carte de crédit: prudence
D’autres lecteurs, comme Charles Schmid, à Prangins (VD), ont été avisés que leurs chances de gagner près de 10 000 ? sont bloquées, car ils n’ont pas encore payé les frais d’inscription de 15 ?. Par «chance», il est encore temps de se rattraper, comme le confirment divers papiers aux airs très officiels. Mais il faut faire vite: un délai de cinq jours est fixé. De quoi déstabiliser encore plus les destinataires de ces envois. Après tout, ce ne sont que 15 ?... Sauf qu’il faut donner son numéro de carte de crédit. Plutôt risqué. Non sans une pointe d’humour, Charles Schmid a, pour sa part, proposé à la société de déduire les 15 ? de ses gains et de lui envoyer le solde. Il n’a plus jamais reçu de nouvelles…
La palme
à un faux télégramme
Quant à Christian Buri, à Arconciel (FR), on lui a proposé de participer à une loterie allemande, toujours en demandant son numéro de carte de crédit.
Mais la palme du courrier le plus invraisemblable revient sans conteste à Brillant Versand (anciennement Diamant Versand, lire BAS 01/04), qui a envoyé un faux télégramme (par courrier) à Sophie Vodoz Ntem, à Genève: on est censé croire que le document a été écrit par une secrétaire de Brillant Versand qui, postée au «bureau 12», s’est aperçue que son patron pourrait lui faire gagner 19 500 fr., mais qu’elle doit urgemment retourner le formulaire de commande joint. «Ne révélez à personne que je vous ai écrit. Si mon chef le découvre, j’aurai certainement des problèmes.» (sic!)
Juriste à l’Office fédéral de la justice, Valérie Berset Hemmer connaît bien le problème des promesses de gains. Son meilleur conseil: jeter les lettres de ce genre à la poubelle. «En faisant miroiter des gains tout en incitant à passer commande dans le catalogue, on s’approche des méthodes de vente agressives», affirme-t-elle. De telles pratiques peuvent être dénoncées
à la Commission suisse pour la loyauté, moyennant un formulaire à remplir.*
«Il n’empêche que ce système doit quand même bien marcher, conclut Jacqueline Gassener. Sinon, ces sociétés ne dépenseraient pas des fortunes à nous envoyer leurs attestations de gains et faux chèques en tous genres…».
Yves-Alain Cornu
*Commission suisse pour la loyauté,
Kappelergasse 14, Case postale 2744,
8022 Zurich
tél. 0900 211 001 (1 fr./min)
ou sur: www.lauterkeit.ch