Désolé, annonce l’agent de voyages. Les tarifs, que je vous ai donnés ce matin, ne sont plus valables. De 1080 fr., les meilleures places sont passées à 1250 fr.
Il est rageant d’imaginer que le passager assis à ses côtés dans l’avion a peut-être payé son billet moins cher. Vaut-il la peine de courir plusieurs agences pour comparer les offres? Inutile, montre un petit test mené par Bon à Savoir et On en parle: le 20 août, entre 15 h et 16 h, les rédactions ont demandé à une dizaine d’agences le prix d’un vol Swissair pour Montréal au départ de Genève pour le 20 décembre (retour le 6 janvier) et se sont vu partout proposer le même tarif, à peu de chose près.
«Ce n’est pas étonnant, commente Patrick Zulauf, directeur de produits chez Tourisme Pour Tous SA. Ce sont les compagnies qui fixent les tarifs des billets d’avion et non les agences, qui se contentent de les vendre.» Pour mieux comprendre, imaginez une gigantesque base de données, centralisant les offres des différentes compagnies aériennes et dans laquelle les agences peuvent puiser en direct. Normal donc, qu’au même moment, toutes soient en mesure de faire la même proposition.
Catégories de tarifs
En fait, les compagnies aériennes fixent d’abord le prix des billets d’avion selon la catégorie, déterminée en fonction du confort – classe affaires, 1re classe, classe écono-
mique – et en fonction des restrictions appliquées au billet – durée de validité, frais d’annulation, etc. (voir encadré). Puis, elles répartissent le nombre de sièges disponibles dans l’avion entre les différentes catégories: plus le billet est cher, plus il est facile de l’annuler ou de changer les dates de départ et de retour, et plus le siège est confortable.
Le marché fluctue
Ensuite, les catégories et les tarifs peuvent être modifiés à tout moment en fonction de l’offre et de la demande: quand un vol se remplit très vite, les compagnies n’hésitent pas à faire grimper les prix. Avec un peu de malchance, le tarif proposé par une agence le matin peut donc très bien ne plus exister en début d’après-midi déjà.
A l’inverse, si la concurrence entre les compagnies est forte sur une destination et que les voyageurs ne se pressent pas au portillon, elles peuvent décider de casser les prix, pour tenter de remplir tout de même leur avion.
Selon la saison
Dans cette même optique de marché, les compagnies fixent leurs tarifs en fonction de la saison. «Entre début janvier et le mois de juillet, les offres pour les Etats-Unis peuvent passer du simple au triple», remarque Patrick Zulauf. La haute saison couvre en général les mois de juillet-août ainsi que les fêtes de Noël et Nouvel An. Il faut ajouter Pâques, l’Ascension et Pentecôte pour les destinations européennes. Mais les saisons peuvent aussi varier en fonction des pays. Au Maroc, par exemple, les prix restent encore très hauts au mois de septembre et octobre. Il est donc bien plus avantageux de partir en dehors des vacances scolaires. D’autant plus que c’est aussi à ce moment-là que les compagnies font des offres spéciales.
Quand réserver
Tout d’abord, il faut être conscient qu’un tarif indiqué par un agent de voya-ges n’est valable qu’à l’instant où il est donné. Pour être sûr d’en bénéficier, il faut réserver et verser un acompte immédiatement. Quand faut-il organiser ses vacances pour obtenir le meilleur tarif? «Difficile à dire, remarque Patrick Zulauf. C’est une question de chance! Comme en Bourse, personne ne sait à l’avance quels vols vont marcher.» Mais il y a tout de même quelques trucs:
• Un client peu flexible, qui doit absolument partir et revenir à des dates fixes, réservera son billet le plus tôt possible. Il aura ainsi plus de chance d’obtenir le meilleur tarif pour la catégorie de billet souhaitée, donc aussi le meilleur rapport qualité/prix.
• S’y prendre le plus tôt possible est une règle générale pour les destinations peu desservies: les avions sont vite pleins et la concurrence est en général insuffisante pour que les compagnies proposent des offres spéciales.
• Il est également préférable de réserver le plus tôt possible en haute saison pour les destinations courues. Car les derniers billets s’arrachent à des prix prohibitifs.
• Finalement, seul le client flexible peut prendre le risque d’attendre une offre spéciale pour les destinations courantes, comme les Etats-Unis ou les grandes villes d’Asie.
Sophie Reymondin
dans la jungle des tarifs
Différentes catégories de billets
Pour bien comprendre les différents prix d’un billet pour un même vol, il faut distinguer le tarif officiel des compagnies aériennes du tarif qu’elles proposent aux tours-opérateurs, appelé «marché gris».
• Le tarif officiel ou «tarif normal», doit être soumis par les compagnies à l’Association internationale pour le transport aérien (IATA), qui les adapte tous les trois mois. Il se divise en différentes catégories de billets:
Les places les plus chères et les plus confortables ne comportent pas de restriction ou presque. Elles peuvent donc, notamment, être annulées sans frais, de même que les dates de départ et de retour peuvent être modifiées. Dans l’ordre décroissant de prix et de confort, il s’agit de la 1re classe, classe affaires, classe économique et classe affaires réduit.
Viennent ensuite les catégories soumises à des restrictions, concernant les réservations (un billet apex, par exemple, doit être émis au moins 45 jours avant le départ) et les possibilités d’annulation ou de changement de dates. Dans l’ordre décroissant de prix, mais croissant de restrictions, il s’agit des tarifs excursion, pex, super pex, apex et offres spéciales.
• Le marché gris représente 75% des ventes de billets. Il est avantageux pour les agences, qui perçoivent une commission plus importante que sur le tarif offi-ciel et pour les compagnies, qui peuvent adapter rapidement leurs prix en fonction de l’offre et de la demande, chose impossible avec le tarif officiel. Il existe également différentes catégories de tarifs en fonction des restrictions appliquées au billet.