Alors que trois cantons ont débuté la vaccination contre l’hépatite B en milieu scolaire, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a tenu à rappeler ses recommandations: il faut vacciner les adolescents de 11 à 15 ans. Ceci suite à la polémique survenue en France. Bernard Kouchner, secrétaire d’Etat à la Santé, a en effet suspendu la campagne de vaccination dans les collèges. Suspension justifiée par le fait que le vaccin antihépatique pourrait, dans de rares cas, provoquer des affections neurologiques, dont la sclérose en plaques (SEP).
Quelques informations pour rassurer parents et adolescents:
• Y a-t-il un lien entre ce vaccin et la sclérose en plaques?
Depuis 1988, aucun cas de sclérose en plaques associé à ce vaccin (environ 1 mio. de doses distribuées) n’a été déclaré en Suisse, rappelle l’OFSP (Bulletin du 26.10.98). Tout comme l’Organisation mondiale de la santé, Berne souligne qu’aucune étude scientifique n’a prouvé un tel lien alors que la vaccination est déjà généralisée dans 95 pays. Toutefois, le vaccin pourrait être l’un des facteurs multiples pouvant déclencher une poussée chez des personnes déjà atteintes de la sclérose en plaques. L’OFSP recommande donc d’évaluer l’indication du vaccin dans ces cas.
• Pourquoi se faire vacciner?
Il n’existe pas de traitement spécifique contre l’hépatite B, dont l’infectiosité est cent fois (!) supérieure à celle du sida. Il s’agit d’une inflammation du foie causée par des virus. La majorité des adultes contaminés en guérit. Mais un cas sur dix devient chronique, avec le risque de complications graves: cirrhose, cancer du foie. En Suisse, on estime entre 2000 et 3000 le nombre d’infections par le VHB chaque année.
• Pourquoi vacciner entre 11 et 15 ans?
«C’est la classe d’âge précédant celle où le risque de contracter le virus augmente de façon importante, soit entre 15 et 35 ans», explique le Dr Raoul Kammerlander de l’OFSP. Rappelons que l’hépatite B se transmet par
le sang et par voie sexuelle. D’ailleurs, les spécialistes soulignent que le vaccin ne dispense en aucun cas des précautions d’usage, car il ne protège pas contre d’autres virus tel celui du sida.
Les personnes exposées à un risque accru d’infection doivent continuer à être vaccinées. Notamment les nouveau-nés de mères atteintes du VHB, les professionnels des secteurs social et médical, les proches de porteurs du virus, les prostitué(e)s, les toxicomanes, les voyageurs dans des pays comptant beaucoup de cas d’hépatite B.
• Ce vaccin présente-t-il des risques, des effets secondaires?
Ce vaccin est l’un des plus sûrs du monde (plus de 1 milliard de doses distribuées avec une excellente sécurité). Dans 5% des cas, on constate des réactions locales (douleurs, rougeurs au point d’injection) ou générales (fatigue, maux de tête, fièvre transitoires). Les réactions allergiques sévères sont très rares (1/600 000 doses) et doivent être traitées immédiatement.
• Qui paie ce vaccin?
Depuis septembre, il est remboursé dans le cadre de l’assurance de base. Il est gratuit pour les enfants vaccinés dans le cadre scolaire. Les caisses cantonales versent alors un montant forfaitaire par enfant aux instances en charge des vaccinations. C’est déjà le cas dans les trois cantons suivants:
Valais: la première année de la campagne: gratuit pour les 11 à 15 ans; ensuite gratuit pour les élèves de 2e année du cycle d’orientation;
Vaud: gratuit pour les 7e année. Une campagne de sensibilisation des élèves à la nécessité du vaccin démarre en outre auprès des 8e et 9e années;
Jura: gratuit pour les élèves de 8e année.
Fribourg, Neuchâtel et Genève n’ont pas encore d’accord financier avec leurs caisses. Les deux premiers ignorent quand ils pourront commencer la vaccination. Genève espère démarrer en janvier. Dans ces cantons, ou si votre enfant est plus âgé que les tranches d’âge vaccinées en milieu scolaire, vous pouvez demander le vaccin à votre médecin. Votre caisse maladie le remboursera, déduction faite de la participation (de 10%, mais au max. 300 fr.) et de la franchise (si votre enfant en a une).
Berne ne prévoit pas de campagne de vaccination scolaire, mais informera sur la nécessité du vaccin dans les écoles du canton.
L’OFSP souhaite atteindre une couverture vaccinale de 80% d’ici à l’an 2000. Mais le vaccin n’est, bien sûr, pas obligatoire. C’est pourquoi l’accent est aussi mis sur l’information.
L’OFSP ne peut qu’émettre des recommandations. La responsabilité de leur mise en œuvre appartient aux seuls cantons. «L’évaluation de la couverture vaccinale permettra d’obtenir un bilan du programme par canton», conclut le Dr Kammerlander.
Ellen Weigand