Aujourd’hui, luger est un sport très populaire – facile, bon marché et pour tous les âges. D’ailleurs les pistes de luge se multiplient, puisqu’on en compte déjà quelque 150 dans toute la Suisse*. Un sport qui n’est certes pas très dangereux, mais qui peut cependant entraîner des blessures graves, telles des fractures du crâne (d’où la nécessité de porter un casque, surtout pour les enfants!). Les accidents surviennent d’ailleurs souvent à cause d’une mauvaise estimation de la vitesse et des capacités de freinage et de pilotage (lire aussi BAS 02/02).
Et bon nombre de collisions, sorties de piste, etc., pourraient être évitées grâce à un équipement adéquat. Car toutes les luges ne se valent pas, et le consommateur se voit aujourd’hui proposer divers modèles, qui se guident de différentes manières.
• Les luges en bois classiques
¬ Tout le monde connaît la célébre Davos. C’est d’ailleurs dans cette station grisonne que fut construite la première piste de luge à la fin du XIXe siècle. Pourtant, aujourd’hui, ce modèle classique de luge en bois ne fait plus l’unanimité. A l’Association suisse de bobsleigh, luge et skeleton, on la surnomme «bois de feu». «Ces engins sont peu appropriés pour luger souvent et en sécurité», comme l’explique Alex Elsässer, responsable du secteur luge sur pistes naturelles de l’association. Car elles sont rigides, leurs pointes avant étant reliées par une barre métallique, ce qui les rend difficiles à diriger. Leur axe est aussi trop haut, et les patins métalliques plats et droits – qui offrent une bonne glisse sur neige damée – dérapent sur les pistes dures et verglacées. A l’origine, la Davos servait d’ailleurs au transport de marchandises (bois, foin, paille) et non de personnes.
¬ Pour guider ces engins, on utilise le pied, du côté intérieur du virage, par exemple le pied gauche pour tourner à gauche. Il faut alors poser tout le pied sur la neige, à côté de la lame, et ne pas tendre les jambes. Si on luge à deux, mieux vaut que ce soit le passager arrière qui se charge du pilotage et du freinage.
• Les luges de randonnée
¬ Ces modèles (marques Torggler, Zumbach, etc.) plus design, et aussi plus chers, viennent en force cette année. Leurs pointes antérieures ne sont pas reliées par une traverse (voir photo), d’où une plus grande flexibilité. Leur siège est en tissu. Les patins sont inclinés, offrant un très bon guidage, et évitant presque tout dérapage sur piste verglacée. Ces luges sont aussi extrêmement stables dans les virages.
¬ Fidèles à leur look sportif, ces engins sont plus rapides et plus dynamiques que les modèles traditionnels. Et ils glissent même lorsque les conditions d’enneigement ne sont pas optimales. Leur pilotage exige donc plus d’attention. On les guide en tirant sur les courroies et par de légères pressions des pieds sur les patins courbés, en déplaçant simultanément le poids du corps: comme un ski, l’engin se dirige donc en utilisant les carres. Le freinage se fait également avec les pieds.
• Les luges en plastique
¬ Elles glissent bien sur toutes les neiges. Mais, elles n’ont rien à faire sur les pistes de luge et les pentes verglacées! Elles prennent trop de vitesse et deviennent extrêmement difficiles à guider, note le Bureau de prévention des accidents (bpa). Il faut donc réserver leur emploi aux talus et autres petites pentes. Pour les jeunes enfants, les modèles en plastique avec un volant sont plus faciles à piloter que celles avec freins latéraux ou les luges en bois. Quant aux modèles sans freins, ils sont carrément inappropriés et donc à bannir.
¬ Le pilotage se fait par un patin couplé au volant, ou au moyen de freins latéraux. Les poignées de ces freins doivent être aussi grandes que possible. Et leurs griffes en métal.
Evolution en cours
On l’aura compris, ce sont les luges de randonnée qui sont les plus sûres, car les plus simples à guider. Les fabricants suisses le comprennent peu à peu. Ainsi, la moitié de la fabrication de Graf Schlitten, le plus grand producteur du pays à Sulgen (TG), est constituée de ces modèles modernes: «Mais 80 à 90% des luges vendues en Suisse sont encore des modèles classiques», note Erwin Dreier, le directeur.
Et les responsables de pistes de luge aussi commencent à adopter les luges de randonnée, selon Alex Elsässer. Dans certaines stations, on ne loue ainsi plus que ces modèles. «Car ils offrent non seulement une sécurité accrue aux lugeurs, mais réduisent aussi l’entretien des pistes, puisque ces engins ne se guident pas avec les pieds sur la neige», conclut le spécialiste.
Ellen Weigand
*Liste des pistes et infos pratiques à télécharger sous:
http://chfr.myswitzerland.com/
fr/products/winter/pdf/
Schlittelanlagen2003_04_f.pdf