Entretenir ses souliers? L’opération paraît aujourd’hui aussi ringarde qu’exotique, et fait aussitôt vagabonder l’imaginaire du côté d’un aïeul méticuleux ou d’un cireur de rue. En effet, aucun geste contemporain ne s’associe à cette pratique. Rien d’étonnant à cela, puisque les chaussures actuelles sont souvent, tout ou partiellement, réalisées avec des matériaux synthétiques ne nécessitant aucun soin particulier.
Artifices de dépannage
Cette perte de savoir-faire n’a pas échappée aux fabricants qui, progressivement, ont développé des produits agissant rapidement et misant sur la brillance plutôt que sur le véritable soin. Aux côtés des indispensables sprays imperméabilisants pour cuir, nubuck et daim, se trouve une panoplie de brillants
à chaussures, éponges-polissoires, lotions, auto-lustrants et autres articles, dans les teintes classiques (noir et brun) ou incolore.
Ces produits lustrants sont considérés par les cordonniers et par les vendeurs de souliers haut de gamme comme étant autant d’artifices pouvant, éventuellement, dépanner de temps à autre. «Il ne sert à rien de vider son porte-monnaie pour des produits qui n’ont pour effet que de donner un éclat à la chaussure, mais qui ne la nourrissent pas. Utilisés régulièrement, ces produits risquent même de ternir définitivement le cuir», observe une spécialiste.
Pour conserver de belles chaussures en cuir, ou du moins les parties qui en sont composées, et prolonger ainsi le plaisir de les porter, la marche à suivre est plus simple qu’il n’y paraît. Elle nécessite néanmoins un peu de temps, un certain savoir-faire et un matériel de base. Mode d’emploi en trois temps:
Le matériel
> Un choix de cirages dans les couleurs souhaitées;
> un chiffon en coton;
> une petite brosse (par exemple, une brosse à dents) pour nettoyer l’avant de la chaussure;
> un petit récipient avec de l’eau tiède pour le glaçage;
> une brosse à chaussures par couleur utilisée.
L’entretien
> Cuir lisse: utiliser du cirage en tube ou en pot, en veillant à choisir la teinte qui correspond au soulier. Les cirages liquides avec applicateur en mousse sont à éviter, car le produit recouvre la chaussure et l’empêche de respirer. Appliquer le cirage à l’aide d’un chiffon ou mieux, à la main, de manière uniforme, en massant le cuir par rotations pour le faire pénétrer. Laisser ensuite sécher (minimum 15 min). Puis, polir la chaussure à l’aide d’une brosse (éviter le mélange des couleurs) en frottant par mouvements circulaires. Dès que le cuir commence à briller, passer au glaçage en remplaçant la brosse par un chiffon humidifié. Les plus méticuleux répèteront cette opération une fois par mois; les autres devraient y songer une à deux fois par saison.
> Cuir suédé: les souliers en nubuck et en daim ne sont pas bien protégés contre l’humidité, la saleté et les taches. Les imperméabiliser est donc essentiel. Pour leur entretien, il suffit de frotter les chaussures avec une éponge spéciale ou une petite brosse.
> Cuir verni: Doté d’une couche protectrice, le cuir verni n’a pas besoin d’être imperméabilisé. Les taches peuvent être enlevées à l’aide d’un tissu humide (eau ou lait). Des produits spéciaux, par exemple à base de lanoline, permettent de conserver le brillant du verni, sans toutefois l’empêcher de se fendiller aux endroits vulnérables, essentiellement à la pointe.
Règles d’or
> Avant le premier port et lors de chaque entretien, il est nécessaire de traiter les cuirs lisses et suédés à l’aide d’un produit imperméabilisant et antitaches. Il est con-seillé d’effectuer ce traitement sur des souliers propres et, pour les cuirs lisses, avant l’application du cirage.
> Eviter de porter la même paire de souliers deux jours de suite, car il faut à peu près 24 heures pour que l’humidité s’en évapore et ceci même pour les personnes qui transpirent peu.
> Si les chaussures ont pris l’eau, les bourrer de papier journal et les laisser sécher loin de toute source de chaleur.
> Ne jamais appliquer de cirage sur les souliers humides ou sales. Sinon, la boue et la poussière peuvent laisser de vilaines traces.
> Toujours utiliser un chausse-pied pour enfiler les souliers en cuir. Ceci permet d’éviter d’en abîmer les contreforts.
> Les embauchoirs (formes en bois ou en plastique montées sur ressort) permettent de préserver la forme de la chaussure et sont, en fait, bien pratiques lors de la séance d’entretien.
Zeynep Ersan Berdoz
composition des produits d’entretien
Coup de cirage sur l’information
Un petit tour du côté des grands commerces nous a permis de constater que seuls quelques rares produits d’entretien pour chaussures affichent la composition sur l’emballage. Les autres, c’est-à-dire la majorité, ne mentionnent rien ou de façon lacunaire. Rien d’illégal, puisque la nouvelle loi fédérale sur les produits chimiques (Lchim) les y autorise, tant qu’il n’y a pas de substances sensibilisantes figurant sur une liste européenne préétablie. Voilà qui s’appelle passer un coup de cirage sur la clarté des informations données aux consommateurs…