Tout vient à point pour qui sait attendre. La mésaventure d’un de nos lecteurs démontre pourtant que ce n’est pas toujours le cas. En juin dernier, Carlo Messina, de Troinex (GE), décide d’équiper sa Polo de nouveaux pneus d’été. Après un repérage sur la toile, il se décide pour le modèle Pirelli PZero Nero, vendu 120 fr. l’unité sur le site fornage.ch.
Basée à Martigny, l’entreprise est spécialisée dans l’importation d’équipements et de fournitures pour automobiles. Les conditions de vente de la plateforme web sont claires: le virement doit être effectué sur le compte bancaire du vendeur. Celui-ci s’occupe ensuite de transférer la somme à ses fournisseurs qui, eux, se chargent de la livraison des articles au lieu de montage convenu.
Notre lecteur a suivi ces instructions et s’est acquitté, le 21 juin dernier, de la somme de 480 fr. Or, à ce jour, les pneus d’été ne lui ont toujours pas été livrés. De plus, il n’a reçu ni dédommagement ni remboursement. Et, pour couronner le tout, l’entreprise Fornage est désormais inscrite aux abonnés absents.
Vaines tentatives
Entre la fin de juin et le début de septembre, Carlo Messina s’enquiert à maintes reprises de l’évolution de sa commande. Au début, Fornage se dé res pon sabilise, prétextant un inventaire empêchant toute sortie de marchandise du dépôt de ses fournisseurs allemands. Compréhensif, notre lecteur est même prêt à changer de modèle de pneu. Mais rien ne lui est proposé dans ce but. Il exige alors le remboursement de sa commande. Silence radio. En juillet, dans un courrier à l’attention de ses clients, Fornage rend une fois de plus ses fournisseurs responsables de la mésentente. La recherche de solutions y est évoquée à demi-mot. Mais aucun arrangement n’est offert à notre lecteur. S’ensuit alors une série de courriels dans lesquels Carlo Messina demande de nouveau le remboursement de son versement. Il va même jusqu’à envoyer un recommandé annonçant son intention d’entamer une réquisition de poursuite. En vain. Dernier rebondissement de l’affaire: dans un courrier daté d’octobre, l’entrepreneur demande à tous ses clients de ne pas se lancer dans «des manœuvres coercitives» à son endroit, cela dans l’intérêt… des clients eux-mêmes!
Scénario catastrophe
Doutant du sérieux de l’entreprise, notre lecteur décide de passer une nouvelle commande auprès du site, mais sous une identité différente. Etonnamment, la réponse de Fornage ne se fait pas attendre cette fois-ci. Des pneus sont bel et bien disponibles, prêts à être livrés une fois le paiement effectué!
Comment l’expliquer? Nous avons cherché à interpeller la société Fornage sur ses pratiques, mais nos appels téléphoniques, courriels et lettre recommandée sont restés sans réponse. Ce qui nous a paru presque normal lorsque nous avons découvert qu’elle avait mis la clé sous le paillasson le 29 juin dernier, soit trois jours après que Carlo Messina a passé commande. Problème toutefois: le site fornage.ch, un temps automatiquement dirigé vers le site français jsftekno.fr/ass_pneuete2003.php3, est toujours opérationnel!
Lise Tran
CONSEIL PRATIQUE
Comment rester prudent
S’il n’est pas toujours possible de connaître le sérieux et la réelle santé financière d’une entreprise, il est néanmoins recommandé de faire quelques vérifications avant de passer commande. Les forums de discussion sur internet, accessibles en quelques clics, sont de bons indicateurs, surtout lorsqu’ils réunissent de nombreux témoignages n’engageant pas à faire affaire avec tel vendeur peu scrupuleux ou tel site peu fiable.
La consultation du Registre du commerce peut aussi donner quelques renseignements utiles sur l’entreprise: radiation dudit registre, mise en faillite, cessation d’activité sont autant d’indices à ne pas négliger avant de confirmer sa commande et de payer. A noter cependant qu’une société individuelle n’est pas tenue de s’inscrire au Registre du commerce si son revenu annuel ne dépasse pas 100 000 fr.