Présenter sa voiture à l’expertise du service des automobiles, ça prend du temps et ça coûte. Quoi de plus rageant, alors, que de devoir repasser une nouvelle fois devant les experts pour une faute qui semble mineure! En effet, les services cantonaux, chargés de vérifier régulièrement la conformité des véhicules, peuvent recaler un automobiliste pour quelques petits km/h. Comment? En comparant la vitesse que la voiture peut atteindre avec celle que ses pneus peuvent supporter.
Il est heureusement facile de connaître la vitesse maximale de son véhicule en consultant le manuel technique (quant au compteur, attention! Il peut afficher davantage de km/h, sans que l’aiguille puisse les atteindre un jour). Mais l’exercice est moins simple concernant la vitesse autorisée pour les pneus, car elle n’est indiquée sur leur gomme que de manière codée. En effet, sur chacun d’entre eux, on trouve une mention de ce type: 195/55 R 15 85 H. Les premiers chiffres concernent les dimensions et d’autres spécificités (lire notre dossier sur les pneus d’hiver dans BAS 10/04). La dernière lettre inscrite, soit le H de notre exemple, indique la vitesse maximale homologuée. Traduction:
> Q: 160 km/h
> S: 180 km/h
> T: 190 km/h
> H: 210 km/h
> V: 240 km/h
> W: 270 km/h
> Y: 300 km/h
> Z: plus de 300 km/h
Pour être autorisés à la circulation, les pneus doivent donc supporter la vitesse maximale du véhicule (et plus cette limite est haute, plus le prix des pneus est élevé).
«On ne peut pas faire
d’exceptions»
Selon l’Ordonnance concernant les exigences techniques requises pour les véhicules routiers (OETV), les quatre pneus doivent, en outre, être de même conception et avoir un profil d’au moins 1,6 mm sur toute la bande de roulement.
Pour quelques km/h, ne peut-on pas attendre un peu de souplesse de la part du contrôleur technique? Nous avons posé la question à Romain Boichat, chef du Service vaudois des automobiles et de la navigation: «Il ne s’agit pas d’excès de zèle, a-t-il expliqué. Néanmoins, du moment qu’il y a une limite à ne pas dépasser, on ne peut pas commencer à faire des exceptions, même lorsqu’on se trouve proche de cette limite. Sinon, jusqu’où devrait-on aller?» Romain Boichat a, par contre, annoncé qu’il ne sera bientôt plus nécessaire de repasser devant un contrôleur pour ce genre de faute. D’ici à la fin de l’année, un simple engagement signé des automobilistes vaudois suffira.
Les pneus d’hiver (reconnaissables à l’indication M+S) connaissent une exception: pas besoin de résister au-delà de 160 km/h (jusqu’en 1999, un autocollant devait être collé sur le tableau de bord pour rappeler cette limite aux automobilistes. L’obligation n’est plus en vigueur, mais le TCS recommande de continuer d’y recourir).
Loi quelque peu aberrante
L’explication à cette exception serait d’ordre historique: il n’était pas possible, il y a encore quelques années, de fabriquer des pneus d’hiver pouvant atteindre 200 km/h. Du coup, et comme la conduite en hiver est en général plus modérée à cause des conditions climatiques, la limite légale (art. 59 OETV) pour ces pneus est restée à 160 km/h. Un gros avantage pour les automobilistes qui peuvent ainsi s’équiper de pneus avec un indice de vitesse plus bas et, donc, moins chers.
Enfin, il est vrai que cette loi peut sembler un peu aberrante, du moment qu’on n’est pas censé dépasser les 120 km/h sur nos autoroutes (sauf exceptions à l’étranger). Mais comment faire autrement, tant qu’on laissera construire des bolides surpuissants?
Yves-Alain Cornu
conseils pratiques
La courte vie des pneus regommés
Vu les exigences de qualité requises pour les pneus, Bon à Savoir s’est demandé si les pneus regommés, ou rechapés, étaient d’aussi bonne qualité. En effet, ceux-ci sont en partie constitués de pneus usagés: on enlève la bande de roulement pour y appliquer une nouvelle couche de gomme avec un profil neuf. Jean-François Menthonnex, conseiller au TCS, nous a répondu: «Les performances d’un bon pneu regommé sont, en principe, comparables à celles d’un bon pneu neuf».
Les avantages des pneus regommés sont le recyclage et le prix réduit. Mais le spécialiste relève surtout un gros inconvénient: l’usure est plus rapide, ce qui atténue l’avantage du prix. Et bien que le pneu soit contrôlé à sa mise en service, son passé reste en grande partie inconnu, laissant planer une certaine incertitude.
Il y a plusieurs années, les pneus regommés avaient tendance, à haute vitesse, à perdre leur bande de roulement. Aujourd’hui, ce risque n’existe plus, du moins pour les pneus portant le label RAL. Mais les problèmes d’usure demeurent. Le TCS conseille donc les pneus regommés uniquement aux petites voitures ou éventuellement à un véhicule d’appoint utilisé moins souvent.