Essayez de distribuer du lait blanc dans une cour d’école: personne n’en boit, les gosses ont honte..., raconte Robert Muri, chef d’entreprise chez Emmi. Avec Energy Milk, il en va tout autrement: lors des campagnes publicitaires menées dans les cours d’école, les gamins se battent littéralement pour notre boisson au lait». Un enthousiasme juvénile qui n’a rien d’étonnant en Suisse alémanique, où la star DJ Bobo prête son image à la pub pour le drink lacté. La campagne de marketing à 2 millions de francs semble avoir porté ses fruits: il se vend presque deux fois plus d’Energy Milk depuis que cette boisson a été introduite sur le marché.
Fusées commerciales, les boissons lactées sont aussi de vraies bombes caloriques. Vainqueur absolu de sa catégorie, Mars Drink affiche 89 kilocalories (kcal) par décilitre. Cool Milk (81 kcal/dl) occupe la deuxième place, suivi de près par Energy Milk (79 kcal/dl). A titre de comparaison, une bière ne contient «que» 41 kcal/dl, soit la moitié. Même le Coca-Cola, avec 43 kcal/dl, fait pâle figure en regard de ces boissons au lait tellement à la mode. Le secret de leur embonpoint? Sucre et graisses.
Du sucre, le lait en contient déjà à l’état naturel: il s’agit des sucres du lait (ou lactoses). De nombreuses boissons contiennent en outre des sucres de fruit (fructoses). Cela n’empêche pas les fabricants d’y ajouter généreusement du glucose - le simple sucre blanc. Résultat: à l’exception du Slimline Drink (une boisson au babeurre édulcorée artificiellement), les boissons lactées de notre sélection contiennent aussi plus de sucre que les limonades au cola. Un décilitre de Coca-Cola contient ainsi 10,5 g de sucre en solution, équivalant à 2,5 morceaux de sucre: soit huit morceaux par bouteille de 33 cl. Mars Drink multiplie encore cette teneur et se place en tête de liste avec 13,5 g/dl: l’équivalent de onze morceaux de sucre par bouteille! Viennent ensuite le Fruit Milk fm2, au lait et au jus de fruit, ainsi que le Brix au petit-lait, qui contiennent tous deux 13 g/dl de sucre . Le fameux Energy Milk (12 g/dl) et le Cool Milk (11,5 g/dl) dépassent eux aussi nettement le taux de sucre du Coca.
n Sans graisse
Directeur de production à Migros, Ernst Holenstein s’enthousiasme: «Les produits Slimline se vendent très bien, le low-fat (réd.: peu de graisse) est dans l’air du temps.» La base de ces nouveaux breuvages, c’est en effet le lait dégraissé. Le fabricant extrait les composants des produits naturels, puis les mélange à nouveau. Deux des boissons examinées ne contiennent ainsi que la moitié des graisses présentes dans le lait entier. Quant aux Fruit Milk fm2, Brix et Slimline, leur teneur en graisse est même réduite à un quart de celle du «vrai» lait. Ce qui ne les empêche pas d’être relativement riches en calories, donc pas très recommandables.
Pour Catherine Buhmann, conseillère en alimentation, «le lait doit rester autant que possible dans sa forme originelle.» En supprimant la graisse, on supprime en effet de précieuses vitamines liposolubles. Les fabricants tentent de pallier à cette carence en rajoutant, après coup, des vitamines au lait ainsi amaigri. Ce qui leur permet d’utiliser ces vitamines comme argument publicitaire!
Les producteurs sont aussi très fiers des sels minéraux de lait et des fibres alimentaires qu’ils mélangent à leurs breuvages. Emmi vante ainsi son Energy Milk comme un produit délicieux avec un apport nutritif sain. A l’inverse de Mars Drink, qui renonce à parler de santé. Porte-parole de la firme, Sandra Kobelt ne cherche pas à dissimuler la haute teneur calorique de la boisson: «Mars Drink doit apporter plus d’énergie.» Mais par énergie, entendez calories. Le communiqué de presse diffusé lors du lancement de Mars Drink, en mai dernier, par l’importateur Effems a donc prudemment préféré parler de «rafraîchissement idéal pour le sport et les loisirs».
Donnez-nous votre avis!
Hypercaloriques, les nouvelles boissons lactées n’en contiennent pas moins des composants du lait indispensables à la croissance. Faut-il donc y voir une intéressante alternative énergétique aux tartines du goûter, ou bien les bannir de l’alimentation des bambins en raison de leur caractère «trafiqué»? Donnez-nous votre avis! Mais s’il vous plaît, par écrit seulement, à Bon à Savoir,
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