Les sinistres occasionnés aux animaux sauvages par les conducteurs ne sont pas exceptionnels, loin de là. Même si les chevreuils sont les plus touchés, les sangliers, renards, blaireaux, hérissons, martres et fouines paient également un lourd tribut (voir statistiques ci-dessous) à l’imprudence de certains automobilistes, inattentifs et parfois trop pressés. Pourtant, il suffirait de peu de chose pour limiter les risques (lire encadré).
Si toutefois le choc avec le gibier n’a pas pu être évité, le conducteur a l’obligation de:
> rester sur place;
> sécuriser les lieux avec les feux de détresse et le triangle de signalisation;
> téléphoner à la police (117) qui établira un rapport détaillé de l’accident et se chargera de contacter le garde-chasse pour évacuer ou soigner l’animal sur place.
Avertir l’assurance
En cas de dommages matériels et corporels, le chauffeur doit également contacter le plus rapidement possible son assurance et déclarer le sinistre, dont les frais seront pris en charge par une couverture ou une autre selon les cas:
> La casco partielle
C’est en principe elle qui couvre les risques de collision avec un animal sauvage (ou domestique). Cette assurance n’est pas obligatoire, mais vivement recommandée pour les voitures neuves ou en bon état. L’indemnisation n’excède en général pas la valeur vénale du véhicule, c’est-à-dire sa valeur au moment de l’accident. Ainsi, si celle-ci s’élève
à 4000 fr. et les frais de réparation
à 5000 fr., la casco partielle rembourse uniquement 4000 fr. (moins une éventuelle franchise).
> La casco collision
Si un conducteur malheureux parvient à éviter la bête, mais pas un tronc d’arbre, c’est sa casco collision (couverture facultative) qui prend en charge les frais de réparation, et non la casco partielle. S’il n’a
pas contracté cette assurance, la facture est malheureusement à sa charge.
> L’assurance accident
En cas de blessures du conducteur et/ou du passager, c’est l’assurance accident qui entre en ligne de compte (les salariés y sont affiliés d’office, les autres doivent inclure ce risque dans leur assurance maladie). Côté indemnisation, comme l’explique Joseph Hayoz, responsable de la section accidents à la Suva Fribourg, «un accident provoqué par un animal sauvage donne droit à l’intégralité des prestations. Le conducteur ne sera donc pas sanctionné. En effet, l’assurance réduit des prestations en espèces uniquement lorsqu’il est établi qu’un délit (p.ex. alcool au volant) a causé l’accident avec le gibier, ce qui est très rare.» Quand l’accident entraîne une incapacité de travail, l’assurance accident prend donc en charge tous les frais médicaux et verse 80% du salaire à la personne accidentée.
> L’assurance responsabilité
civile (RC)
Si un passager est blessé pendant l’accident causé par du gibier, ce sera la RC (responsabilité civile, obligatoire pour tout propriétaire de voiture) du conducteur qui paiera les dommages subis. En pratique, le blessé se tourne vers son assurance accidents. Celle-ci se retourne contre la RC du conducteur pour récupérer le montant des prestations versées.
Marisa Dürst
conseils pratiques
Une conduite adaptée
Le comportement des conducteurs peut contribuer à réduire les risques de collision avec les animaux sauvages en suivant quelques règles de prudence:
> Réduire la vitesse devant les panneaux de signalisation «Passage de gibier».
> Freiner, allumer les phares et klaxonner si un animal surgit.
> Maintenir la vigilance après le passage d’un chevreuil, par exemple, car cet animal se déplace souvent en groupe.
> Balayer du regard les deux côtés de la route, afin d’apercevoir plus rapidement les animaux en mouvement.
2e encadré
en chiffres
Gibier écrasé en 2003
Chevreuils 8491
Renards 6835 (1)
Blaireaux 2058 (1)
Lièvres 800 (1)
Cerfs 391
Chamois 21
Bouquetins 1
Les experts estiment par ailleurs que plusieurs milliers de hérissons et bien plus de 100 000 amphibiens (grenouilles, crapauds, etc.) sont tués chaque année sur nos routes.
(1) Chiffres avec d’importantes zones grises pour le petit gibier, puisqu’en cas de collision avec une voiture, les dégâts causés sont moindres et l’accident moins souvent déclaré.