Les organismes génétiquement modifiés (OGM) ne sont pas en odeur de sainteté auprès du public, qui a tendance à mettre dans le même panier ceux qu’on absorbe directement et ceux qui sont donnés aux animaux.
La différence est pourtant énorme! Le point en quatre questions.
• Trouve-t-on sur le marché de la volaille nourrie avec des fourrages OGM?
Oui. Ces fourrages sont légaux, pour autant qu’ils contiennent des céréales génétiquement modifiées autori-
sées en Suisse et que leur présence soit déclarée. Sur 500 000 t de fourrage importés chaque année, 40% sont déclarés avec OGM. Mais les producteurs n’ont pas l’obligation de signaler de quelle manière les bêtes ont été nourries. Et vu l’impopularité du génie génétique dans l’alimentation en général, ils ne se vantent pas de recourir aux fourrages avec OGM! D’autant plus qu’ils risquent de se trouver dans le collimateur de Greenpeace. L’organisation s’en est pris ce printemps à Optigal, qui fournit la volaille à la Migros. Optigal a alors banni tout fourrage avec OGM.
Migros et Coop garantissent que leur viande émane d’animaux non nourris aux OGM. Même pour les produits non labellisés. Mais comment apporter une telle garantie notamment pour
des volailles importées d’Asie? «Les fournisseurs doivent signer un accord sur la qualité, qui exclut les fourrages avec OGM, les antibiotiques et les farines animales, explique Joseph Rohrer, chargé de politique économique à Coop. Nous procédons à des contrôles par sondage, mais il n’est pas exclu que des irrégularités nous échappent.»
• Les labels, une garantie?
Oui. Dans une récente enquête, le WWF a conclu que les labels concernant la viande garantissent l’absence de fourrage avec OGM. Il s’agit de Bourgeon fidelio, Migros bio, Demeter biodynamique, Kagfreiland, Agri natura, Coop naturaplan, IP Suisse, Migros-garantie, Bell Natura.
• Est-ce mauvais pour la santé de manger une viande de bête nourrie aux OGM?
Non. Les OGM sont des protéines, complètement digérées par les animaux. La viande n’en contient donc pas: elle n’est pas moins bonne pour la santé du consommateur qu’une autre. Le journal alémanique Tages-Anzeiger a pourtant récemment remis en cause ce principe, en citant un chercheur allemand affirmant avoir retrouvé des traces d’OGM dans du poulet. Il est cependant impossible de donner du crédit à cette thèse tant qu’elle n’est pas publiée dans une revue scientifique.
Il est d’ailleurs admis que les aliments avec OGM ne créent pas de danger immédiat pour la santé, même s’ils sont absorbés par l’être humain. Des craintes ont été émises sur l’absorption de gènes résistant aux antibiotiques. Mais les variétés de céréales en contenant se raréfient. C’est plutôt pour des raisons de défense de l’environnement qu’il vaut la peine de traquer les OGM (voir question suivante).
• Les fourrages avec OGM sont-ils nocifs pour l’environnement?
On n’en possède pas la preuve. Mais on ignore les effets à long terme de l’usage du génie génétique dans l’agriculture. La dissémination de gènes dans l’environnement pourrait avoir une influence sur les espèces existantes et menacer la diversité biologique. On sait par exemple que le pollen d’une sorte de maïs OGM est fatal à une espèce de papillons.
Le principe de précaution impose par conséquent qu’on évite les OGM dans l’agriculture, et par conséquent dans l’alimentation.
Suzanne Pasquier
cultures et alimentation
La pratique en Suisse
• La culture de céréales ou légumes OGM est interdite en Suisse. Mais pour les semences, un seuil de 0,5% est toléré, s’il s’agit d’OGM autorisés à l’importation.
• Trois sortes de maïs et une de soja peuvent être importées, et utilisées dans l’alimentation, pour autant qu’elles soient déclarées. La mention «Maïs (ou soja) génétiquement modifié» doit figurer en toutes lettres sur l’emballage. Mais dans les faits, vu leur impopularité, on ne trouve pratiquement pas d’aliments avec OGM.
• La législation tolère jusqu’à 1% d’OGM dans les aliments qui n’en déclarent pas, pour autant que ce soient des OGM autorisés en Suisse. Une contamination très légère est en effet difficile à éviter lors du transport: une trace de céréale OGM restée au fond d’une cale suffit à «contaminer» la cargaison suivante. Les contrôles des laboratoires cantonaux montrent que ce seuil est bien respecté.
• Le seuil de tolérance pour les fourrages ne déclarant pas d’OGM est de 3% de ces organismes (2% s’il n’y a qu’une matière première).
Quel est votre avis?
La majorité des consommateurs refusent de manger des aliments génétiquement modifiés. Faut-il également s’opposer aux fourrages OGM pour l’alimentation des animaux, même si ces substances controversées ne
se retrouvent pas dans la viande?
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