La publicité n’a de cesse de nous le répéter: le temps où investir en Bourse était réservé à une élite fortunée et à une poignée de mordus est révolu. Depuis l’arrivée d’Internet, l’accès aux marchés financiers est d’une facilité déconcertante. Les sites de courtage en ligne permettent désormais au néophyte d’obtenir les mêmes informations (analyses, conseils, situation des titres en temps réel) que le professionnel.
Du rêve à la réalité
Quelques clics suffisent à l’investisseur le moins fortuné pour ouvrir un compte et passer ses ordres, sans l’aide de quiconque. Fini donc le temps où le coût des transactions faisait force de dissuasion. En réduisant le service au minimum, les courtiers en ligne ont pu baisser leurs tarifs de 50 à 70%.
La tentation fut grande, dès lors, de croire que la fortune était à portée de souris. Les publicités invitant le néophyte à «gagner des millions» sur tel ou tel site ont rapidement fleuri. Un élan de séduction que la récente chute des marchés n’a guère freiné.
Mais quelles sont les réelles chances de devenir riche en boursicotant à ses heures perdues? «Les publicités faisant croire que l’on peut gagner de l’argent à coup sûr en spéculant sur Internet sont mensongères», affirme Pierre Novello, journaliste financier et auteur du Guide de l’Investisseur1.
Le petit investisseur a effectivement des chances d’accumuler des gains s’il place son argent à long terme, soit sur un horizon de dix ans au moins. Depuis que la Bourse existe, l’Histoire a montré que la tendance de fond des marchés financiers est à la hausse, malgré les krachs et les baisses de plus ou moins longue durée.
Spéculation: danger!
Mais il en va autrement pour les néophytes impatients. En 1998, un économiste de l’Université de Californie-Davis a analysé la performance du portefeuille en actions de 60 000 foyers américains sur une période de cinq ans. Il en est ressorti que les investisseurs les plus actifs, soit ceux qui avaient réalisé le plus de transactions, avaient également enregistré les plus mauvais résultats.
«C’est logique, explique Pierre Novello. Lorsque vous pratiquez le day-trading, qui consiste à acheter et vendre le même titre dans la même journée, vous êtes constamment en train d’essayer de battre quelqu’un: si vous vendez une action, une personne en face la rachètera, etc. Or, il y en a forcément un des deux qui a tort. D’après vous, qui a le plus de chances de perdre, le néophyte ou le professionnel?»
Conseils
En d’autres termes, Internet a rendu la Bourse plus accessible, plus simple et moins onéreuse, mais n’a pas supprimé ses règles impitoyables! Pour ne pas se brûler les ailes, il convient donc de respecter quelques principes élémentaires:
- Avant d’ouvrir un compte, familiarisez-vous avec les mécanismes financiers grâce à la formation en ligne, aux lectures et aux séminaires dispensés par les banques et les sociétés de courtage.
- Définissez vos objectifs et réfléchissez au temps que vous êtes prêt à consacrer à la gestion de votre portefeuille, afin de déterminer votre stratégie (placement à long ou court terme, prise de risque, choix du type de titres, etc.).
- N’allez pas en Bourse si vous risquez d’avoir besoin de votre argent prochainement et ne touchez pas à votre budget ménage. N’oubliez pas que le titre le plus sûr peut perdre 30% de sa valeur en un mois! En cas d’effondrement du marché, il serait dommage que vous soyez contraint de retirer votre avoir lorsque sa valeur est au plus bas, alors que vous pourriez tranquillement attendre que la situation se redresse.
- Ne vous laissez pas tromper par l’aspect virtuel du Web. La facilité des transactions a tendance à faire oublier que de l’argent bien réel est en jeu! Sophie Pieren
1Bourse: Guide de l’Investisseur, Pierre Novello, éd. Pierre Novello, 2000.