La plupart des gens achètent des lunettes de soleil pour soigner leur look. Pourtant, tout comme la peau, les yeux réagissent fortement aux rayons UV (ultraviolets) et ont besoin d’être bien protégés sous peine de lésions durables. Les lunettes sont donc devenues indispensables depuis que le trou d’ozone s’élargit et que les sports de plein air sont à la mode.
Bonne nouvelle pour les consommateurs: grâce aux exigences des normes européennes et internationales, la plupart des modèles sur le marché protègent maintenant efficacement les yeux de la lumière visible.
C’est ce que prouve un test de Bon à Savoir, prenant en compte 14 paires de lunettes solaires parmi les plus répandues, mais aussi certaines très bon marché (H&M), coûteuses (Gucci) ou de marque célèbre (Ray Ban). Toutes ont été analysées par l’ipi (laboratoire allemand pour la recherche et l’information en matière de produits), qui a examiné les points suivants:
>Protection UV:
-les lunettes protègent-elles suffisamment les yeux durant les heures où les UV sont les plus forts (jusqu’à 400 nanomètres)?
>Protection contre l’éblouissement:
-les deux verres ont-ils la même coloration et protègent-ils aussi bien l’un que l’autre de l’éblouissement?
-la force de filtrage est-elle toujours aussi efficace après que les lunettes aient été exposées longtemps au soleil? La norme européenne autorise une diminution de 20%. Mais lors du test, les modèles marquant une différence de plus de 10% ont déjà reçu la mention «insatisfaisant».
-la qualité de filtrage correspond-elle à la catégorie mentionnée?
-les lunettes conviennent-elles pour conduire?
>Qualité optique:
-l’image est-elle déformée?
-la qualité optique se détériore-t-elle après une exposition prolongée des lunettes au soleil?
>Qualité des verres:
-la surface est-elle marquée par un impact de pierre?
-les verres sont-ils inrayables?
-les lunettes se cassent-elles lorsqu’on les fait tomber?
>Qualité et confort de la monture:
-le cadre ne comporte-t-il pas d’arêtes coupantes? Possède-t-il des charnières mobiles et solides?
-la monture est-elle bien équilibrée sur le nez, les branches possèdent-elles la bonne courbure et les charnières sont-elles équipées d’un ressort évitant de trop écarter les branches?
Tous résultats confondus, quatre marques remportent la mention «très bon»: les lunettes Ray Ban, figurant parmi les plus chères du lot (89 fr.), est l’unique modèle offrant des verres en verre. Cette caractéristique lui a valu de remporter le test de solidité des verres, tous les autres modèles, en synthétique, ayant été facilement rayés. Trois autres paires s’en tirent aussi avec les honneurs: Cerjo 026.442, Polaroid 4211 et la Winner de Suvasol.
Protection réduite après vieillissement
Résultat inattendu: toutes les marques testées ont remporté la note maximale au niveau de la protection, que ce soit contre les UV ou contre le spectre de lumière visible (400 à 760 nanomètres). Il est donc important de noter que les modèles pourvus du sigle CE et de la mention «Protection UV 400 100%» ou «400 nm» protègent les yeux de manière fiable.
Mais le soleil peut avoir différents effets particulièrement néfastes sur les lunettes:
>Une réduction du pouvoir anti-éblouissement après une exposition durable. Lors du test, 7 des 14 paires ont ainsi perdu des points. Le modèle le moins cher (9,90 fr.), H&M Divided, est le moins bon dans ce domaine, avec une diminution de 20%. Et les Gucci méritent tout juste la mention «bon» – décevant pour une paire de ce prix (142,50 fr.).
>Une mauvaise réfraction de la lumière. Selon la qualité des verres, il peut arriver que les lunettes ne concentrent plus aussi efficacement les rayons et finissent par provoquer de la lumière parasite. Là encore, la paire de H&M n’atteint pas le niveau requis.
>Une altération de l’image. Neuves, toutes les paires examinées assurent une image nette, sans déformation. Seul le modèle Bijou Flirt est juste au-dessus des limites minimales fixées par la norme pour l’un des examens d’évaluation de la qualité optique.
Les lunettes doivent en effet protéger à la fois des UV et de la lumière directe, que ce soient les rayons solaires ou les reflets sur la neige et sur l’eau. Dans le deuxième cas, le pouvoir anti-éblouissement dépend de la nuance de coloration des verres. Trop clairs, ils ne protègent pas assez, trop foncés, ils empêchent de différencier les couleurs, ce qui est dangereux lorsqu’on conduit.
Catégorisations erronées
Afin de permettre aux clients d’évaluer la force de protection, les fabricants indiquent donc la catégorie de filtre: 0 pour les jours où le soleil perce à peine, 1 lors d’ensoleillement faible, etc. Notre test montre que certaines mentions sont erronnées:
>Les lunettes Cerjo 023.532 sont si foncées que la vision est trop sombre lors d’un ensoleillement normal. Elles devraient porter la mention «catégorie 4» plutôt que la 3.
>Le modèle Polaroid Inkognito trends comporte aussi une fausse indication. Ses verres avec filtre adaptable (haut foncé, bas clair) atteignent difficilement le standard des verres colorés
uniformément.
Réactions des distributeurs
>Cerjo assure que la catégorie indiquée sur le modèle Cerjo 023.532 est juste, et confirmée par le certificat du fabricant chinois et ses propres mesures. Bon à Savoir a donc testé deux autres paires de la marque. Confirmation des résultats précédents: deux des modèles sont de catégorie 4. Le troisième, en revanche, est de catégorie 3, mais à la limite de la 4.
>La fausse indication du modèle Polaroid Inkognito trends a fait réagir Daniel Cochard, marketing manager pour l’Europe: «Nous nous sommes trompés et allons immédiatement corriger l’étiquette.»
>H&M ne s’est pas prononcé sur les mauvais résultats remportés par son modèle.
Rolf Muntwyler / vke