Il m’a dit qu’il fréquentait le même club de tennis que mon père. C’est ainsi qu’il m’a amadouée», raconte Mireille Voracek. A l’époque, cette lectrice venait d’entrer dans la vie active, lorsqu’un agent de la compagnie Helvetia Patria Assurances, soi-disant proche de sa famille, la contacte. Il n’a pas trop de mal à la convaincre de contracter une assurance vie (ou 3e pilier). Six ans plus tard, elle s’en mord les doigts.
Mauvaise surprise
En effet, elle décide alors de résilier sa police, pensant récupérer l’intégralité des primes versées, comme le lui avait promis son agent à l’époque. Il lui avait présenté cette assurance comme une sorte de compte épargne, dont elle pourrait disposer intégralement «pour s’offrir un joli voyage» six ans plus tard, si elle le désirait. Résultat: sur les 4000 fr. environ de primes versées, elle ne récupère que 1842,65 fr. en octobre 2001. Elle se sent bien sûr flouée. Le problè-me, c’est qu’elle ne peut rien y changer!
Comment prouver, en effet, que l’agent l’a induite en erreur? «Il ne travaille plus dans la compagnie, remarque Adrian Jeker, porte-parole d’Helvetia Patria. Mais sa réputation est bonne et nous imaginons mal que cette assurance ait été conclue sur la base d’informations inexactes.»
Toujours par écrit
«Comme partout, il existe de bons et de mauvais conseillers en assurances, reconnaît Alain Pahud, directeur des Retraites Populaires. Et il peut donc arriver que des questions importantes pour l’assuré soient éludées lors de l’entretien. Mais chaque conseiller se devrait d’informer clairement son client afin d’établir avec lui une relation de confiance à long terme.»
Dans tous les cas, avant de signer quoi que ce soit, il faut se demander clairement quels sont ses besoins et si le produit proposé y correspond (lire encadré). Quitte à faire rajouter certains éléments sur le contrat, car «ce sera à l’assuré, qui a signé un contrat, de prouver qu’il avait conclu oralement autre chose avec son agent, avertit Olivier Subilia, avocat
et médiateur de l’assurance privée*. Les dispositions de la police sont considérées comme acceptées lorsqu’elles ne sont pas contestées dans les quatre semaines suivant sa réception. Il faut donc considérer que ce qui n’est pas écrit dans la police n’existe pas.»
A long terme
Il faut savoir qu’une assurance vie est rentable à long terme seulement. «Les premières années, les primes couvrent surtout les frais de création du contrat», explique Christophe Cavin, analyste aux Retraites Populaires. En effet, une assurance vie est en général constituée de deux parties:
• l’épargne (capital en cas de vie, versé à l’échéance du contrat);
• le risque (capital ou rente en cas de décès ou d’invalidité).
Les jeunes ciblés
Or, la partie de la prime qui finance le risque ne peut pas être récupérée par l’assuré en cas de résiliation du contrat. Et c’est ce point important que notre lectrice n’avait pas du tout compris. A ses dépens!
Avis donc à tous les étudiants qui viennent de terminer leurs études et qui constituent apparemment une cible privilégiée pour les compagnies d’assurances!
Sophie Reymondin
*En cas de litige avec un assureur, il est possible de s’adresser au médiateur de l’Ombudsman pour l’assurance privée, case
postale 2608, 1002 Lausanne,
tél. 021 317 52 62.
3e pilier ou assurance vie
Compléter les 1er et 2e piliers
Le domaine de l’assurance vie offre une grande diversité de produits. Il n’est donc pas évident de s’y retrouver. Premier conseil: «Le 3e pilier devrait servir à compléter les rentes qu’on touchera par les 1er et 2e pilier, remarque Alain Pahud, directeur des Retraites Populaires. Il faut donc envisager la prévoyance sous un angle général. Et c’est d’ailleurs ce que devrait faire un bon conseiller.»
Sans oublier de bien séparer les besoins liés à l’épargne et au risque (décès et invalidité).
Ensuite, il faut savoir quel type de 3e pilier on veut:
• Un 3e pilier 3A (ou prévoyance liée): très intéressant sur le plan fiscal, puisqu’il est déductible des impôts, jusqu’à concurrence d’une certaine somme. Mais très contraignant sur le plan de la forme, et en principe bloqué jusqu’à l’échéance du contrat.
˛Un 3e pilier 3B (ou prévoyance libre): il offre davantage de souplesse, mais peu d’avantages fiscaux.
En résumé:
– Avant de se décider, comparer les offres de plusieurs compagnies.
– Ne jamais signer le jour même et prendre le temps de lire entièrement les conditions générales.
– Faire son budget et évaluer si on aura les moyens de payer les primes à long terme.
– Remplir très précisément le questionnaire de santé.