Depuis le 1er août dernier, les utilisateurs de téléphones mobiles à cartes à prépaiement ne sont plus anonymes. Car ceux qui ont activé leur carte SIM après le 1er novembre 2002 doivent se faire enregistrer rétroactivement jusqu’au 31 octobre 2004. Une mesure, valable aussi pour les nouveaux utilisateurs, et destinée à lutter contre la criminalité liée à la drogue et au terrorisme.
Mais Florian Seydoux, un lecteur vaudois de Bon à Savoir, et aussi client Prepaid de Swisscom Mobile, a été étonné des questions du formulaire d’enregistrement: «La loi m’oblige-t-elle vraiment à indiquer ma profession, ou ma langue maternelle? Et Swisscom a-t-il le droit de transmettre les données relatives au client à des tiers?»
Indiscrétions multiples
Des interrogations pertinentes, dont la réponse est clairement non! Swisscom, tout comme Orange et Sunrise se sont d’ailleurs fait taper sur les doigts par le Préposé fédéral à la protection des données. Les seuls renseignements qu’ils doivent récolter sont: le nom, le prénom, l’adresse, la date de naissance et le numéro d’une pièce d’identité.
Or, tous trois en ont profité pour demander la langue maternelle, la profession et
la nationalité, voire, pour Sunrise, l’adresse e-mail des clients et, pour Swisscom, leur numéro de téléphone fixe. Et surtout, comme le dénonce notre lecteur, le géant bleu en a profité pour demander l’accord d’utiliser ces données à des buts de marketing!
Daniel Menna, porte-parole à la Protection des données souligne: «Si les opérateurs veulent recueillir plus de données que ne l’exige la loi, ils doivent au moins indiquer qu’elles sont facultatives.»
Demande d’effacement
C’est aujourd’hui chose faite chez Swisscom et Sunrise. Notre lecteur s’est d’ailleurs vu remettre un nouveau formulaire par Swisscom au moment de s’enregistrer. Sunrise demande toutefois encore la «langue de correspondance». Chez Orange, le vendeur remplit le formulaire (sur ordinateur), où figurent en gras les informations obligatoires, et en caractère normal les données facultatives, ce que le vendeur est censé lui préciser.
Dans tous les cas, si vous avez déjà effectué l’enregistrement, et fourni trop d’informations, vous pouvez exiger leur effacement. Chez Swisscom, cela se fait d’ailleurs automatiquement, et aucune information-client n’est transmise plus loin, assure le porte-parole Sepp Huber. Chez Sunrise et Orange, on peut demander d’effacer des informations «en trop» par écrit, en joignant copie d’une pièce d’identité.
Quant aux clients Prepaid, mineurs et adultes, qui doivent encore se faire enregistrer, rappelons que:
• Ils doivent se présenter personnellement à un point de vente de leur opérateur, ou à un guichet postal s’ils sont clients d’Orange ou de Sunrise.
• Ils doivent se munir de leur natel, de la carte SIM, et d’une pièce d’identité (passeport, carte d’identité, permis de séjour, etc.). Le permis de conduire ne suffit pas.
• Les clients Sunrise peuvent interroger gratuitement leur opérateur avec leur natel (taper: «*124#») pour savoir s’ils doivent s’enregistrer.
• L’enregistrement, gratuit, est à effectuer avant le 31 octobre. Après, le numéro est bloqué, mais on pourra encore s’enregistrer au-delà. Le numéro sera alors débloqué et on pourra utiliser le solde.
Thomas Müller / ew
cartes sim non utilisées
Le solde n’est pas toujours perdu
Une de nos lectrices a offert une carte à prépaiement Natel easy de Swisscom à sa mère, qui ne l’a pas utilisée durant plus d’un an. Le numéro a alors été bloqué et réattribué. Selon les conditions générales, le solde de 80 fr. était donc perdu. Toutefois, Swisscom a conseil-
lé à notre lectrice d’acheter une nouvelle carte pour y transférer le solde de l’ancienne. Mais pour cela, elle a dû envoyer les deux cartes à l’opérateur.
«Cela se traite au cas par cas, et si le client se manifeste juste après le blocage de la carte, il est plus facile de lui rembourser l’éventuel solde que si le numéro est déjà réattribué», commente Christian Neuhaus, porte-parole.
Chez Sunrise, la carte Pronto est bloquée et le solde perdu après un an sans appel entrant, ni sortant. Sauf si le client demande, dans les 6 mois, de la débloquer.
Et Orange stipule que le client PrePay doit recharger sa carte au moins une fois l’an dès le premier appel. Sinon, numéro et crédit sont perdus. En pratique, on peut demander, dans un délai de 2 ans, la réactivation du numéro, et retrouver son crédit ou se le faire rembourser.
E. W.