Fini les vieilles télés sur nos trottoirs et les poussins-tamagotchis crevés dans nos poubelles. Dès juillet, il faudra rapporter tous les appareils électriques et électroniques (voir encadré), sous peine d’amende. Et les commerces devront les reprendre et les faire recycler, comme le stipule, l’OREA (ordonnance sur la restitution et l’élimination des appareils électriques et électroniques). A l’heure des appareils rapidement obsolètes, ces déchets, composés notamment de substances nocives, représentent une montagne d’environ 100 000 tonnes par an. Dont seul 20% sont recyclés convenablement.
A Berne, on table sur le sens de la responsabilité de chacun pour que cette prescription soit respectée, explique Mathias Tellenbach, chef de la section Déchets industriels de l’OFEFP (Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage). Reste que d’aucuns rechigneront peut-être à payer pour se débarrasser de leurs vieilleries.
Car le recyclage aura son prix, dont le financement, et donc la charge pour le consommateur, restent encore à définir. «L’ordonnance laisse aux branches économiques concernées le soin d’élaborer un système de financement unifié, explique M. Tellenbach. A défaut d’un accord, qu’on nous a promis, nous interviendrons d’ici à deux ou trois ans».
Accord improbable
Promesse encore vaine: «Dans l’électronique de loisirs, nous avions opté pour une taxe anticipée, d’environ 10 à 20 fr. sur le prix de vente d’un téléviseur par exemple, raconte Bernard Loosli, directeur de SCEA (Swiss Consumer Electronics Association). C’est le financement le plus avantageux pour le consommateur, estime-t-il.
Il a d’ailleurs déjà fait ses preuves chez SWICO (réd.: reprise de matériel informatique et bureautique par un certain nombre d’entreprises affiliées). Mais tous les distributeurs, et notamment Coop, leader du marché avec une part d’un tiers, n’ont pas voulu nous suivre», déplore M. Loosli.
Et, comme Coop (réd.: Interdiscount et Radio-TV Steiner) feront cavalier seul, Migros – qui appuyait le concept de la SCEA – en fera de même. «Nous allons élaborer une solution propre à tous nos articles», explique Peter Bär, directeur de la section énergie et environnement de Migros.
Coop justifie sa marche solitaire par «l’absence de transparence du système» de la SCEA, pour les consommateurs et pour les repreneurs: «Il faut un financement et des conditions de ramassage transparentes, ainsi qu’un recyclage de qualité assurée», précise Hans Spreng, collaborateur scientifique du secteur économie et écologie. Conditions qu’à son avis, la proposition de la SCEA ne remplit pas. Coop prépare donc aussi son système «maison» de reprise pour l’électroménager, comme elle l’a déjà fait pour l’électronique de loisir, en collaboration avec la Fondation pour la gestion et la récupération des déchets en Suisse.
Ainsi, faute d’accord, chaque commerce agira à sa guise. Les uns prélèveront une taxe anticipée sur le prix de vente, les autres feront payer au moment de la restitution de l’appareil. Jusqu’à ce que Berne intervienne. D’ici là, le consommateur aura pour tâche de se renseigner avant tout achat, afin de savoir où le recyclage lui reviendra le moins cher.
Ellen Weigand
CE QU’IL FAUT RENDRE
Les game-boys aussi
Les appareils à restituer dès le 1er juillet:
• l'électronique de loisirs: soit les téléviseurs, radios, appareils hi-fi, vidéos, consoles de jeux, gameboys, tamagotchis, etc;
• les appareils de bureau, d'information et de communication: tout appareil électrique ou comportant des éléments électroniques tels dictaphones, téléphones, fax, ordinateurs, imprimantes, scanners, photocopieuses etc.;
• l'électroménager: c’est-à-dire les aspirateurs, mixers, robots ménagers, fours micro-ondes, sèche-cheveux, machines à laver, à sécher, à laver la vaisselle, frigos, etc.