Mi-août, Corinne Arrigoni, une lectrice de Confignon (GE) reçoit par La Poste ce qui ressemble à un envoi publicitaire de la société Com’Plus SA. Elle s’apprête à le jeter à la poubelle, lorsqu’en tombe la copie d’un document portant sa signature. Une signature fantaisiste, on va le voir, mais sans équivoque, et apposée au bas d’un formulaire intitulé «Confirmation d’inscription gratuite», selon lequel Mme Arrigoni s’abonne à l’opérateur Econophone.
Annulation immédiate
«Je n’ai jamais eu aucun contact avec les collaborateurs de Com’Plus ou d’Econophone, et la personne qui s’est permise de signer ce contrat a écrit et signé mon nom avec deux n», fulmine Corinne Arrigoni, qui téléphone immédiatement à Com’Plus pour exiger le retrait du contrat falsifié et faire part en termes énergiques de son agacement. Le jour même, l’inscription litigieuse est annulée.
«J’ai ensuite eu l’appel d’un directeur de cette société qui m’a dit avoir localisé le vendeur qui s’est permis cela, qu’il serait sanctionné, que j’aurais des nouvelles et que dans chaque société, il y avait des personnes véreuses», raconte Mme Arrigoni à Bon à Savoir.
Bon à Savoir dont les archives font alors tilt! Car un de nos lecteurs, Antonio Santos, nous avait fait part, en décembre 2000, d’une mésaventure identique, et avec les mêmes sociétés, étayant ses dires par des documents en tous points semblables à ceux fournis par Corinne Arrigoni.
Cas identique
Alors, pas de fumée sans feu? Le commercial, dont le numéro d’identification figure sur le formulaire «signé» par Mme Arrigoni a rappelé cette dernière quelques semaines plus tard, jurant avec tous les accents de la vérité n’y être pour rien, manifestement effrayé par la perspective de suites juridiques à l’affaire – que notre lectrice dit pourtant n’avoir pas évoquées.
Contacté par Bon à Savoir, Jürg Lenz, administrateur de Com’Plus, exclut catégoriquement qu’un de ses commerciaux se permette une telle faute professionnelle, passible de renvoi. Il voit trois explications aux allégations de signatures falsifiées: un conjoint signe pour le couple et se rétracte ensuite sous la pression de sa femme ou de son mari; une personne, démarchée par un commercial, n’ose s’opposer à celui-ci, mais résilie ensuite, une fois son courage revenu; et enfin, un tiers inscrit la personne à son insu, par malveillance ou au contraire par philanthropie, l’offre d’Econophone étant séduisante, toujours selon M. Lenz, au point de motiver de tels emballements.
Directeur commercial de Com’Plus, Alexandre Adjiman précise d’ailleurs que l’envoi d’une «confirmation d’inscription» aux nouveaux abonnés vise à éviter les litiges ultérieurs. Le document, selon lui, est posté sous pli affranchi en courrier A, portant l’adresse manuscrite du destinataire – on est loin de l’envoi publicitaire reçu par Mme Arrigoni.
Jeu dangereux
Quant à Samuel Gross, directeur d’Econophone, il se borne à souligner que de fausses signatures peuvent coûter à un opérateur sa licence fédérale, et que le jeu, économiquement, n’en vaut pas la chandelle.
Mais… Econophone et Com’Plus ont beau avoir déployé une impressionnante force de persuasion (la visite conjointe chez Bon à Savoir des deux administrateurs de Com’Plus, de l’épouse de l’un d’eux ainsi que du directeur d’Econophone en personne), l’explication de Jürg Lenz à propos de consommateurs inventant une histoire pour se départir d’un contrat gratuit n’est guère plus convaincante que celle de la mauvaise blague. Il convient donc, une fois encore, d’encourager tous les consommateurs à la vigilance lorsqu’ils se font remettre des documents lors de démarchage.
Blaise Guignard