Nous mangeons tous des OGM
Les laboratoires cantonaux continuent à détecter des traces d’organismes génétiquement modifiés dans le maïs et le soja importés. Le consommateur n’a donc pas de véritable choix.
Sommaire
Bon à Savoir 01-2003
15.01.2003
Suzanne Pasquier
Cinq ans après l’introduction des OGM, nous ne pouvons pas séparer complètement les filières OGM et non OGM. Même le bio est contaminé, à doses très faibles.» Ces propos inquiétants du chimiste cantonal genevois Claude Corvi laissent entendre que nous mangeons tous des OGM sans le savoir.
Sans le savoir, puisque l’emballage ne le mention-
ne pas, la loi tolérant 1% d’OGM dans les aliments sans déclaration (3% pour les fourrages et 0,5% pour les semences). Or, lors...
Cinq ans après l’introduction des OGM, nous ne pouvons pas séparer complètement les filières OGM et non OGM. Même le bio est contaminé, à doses très faibles.» Ces propos inquiétants du chimiste cantonal genevois Claude Corvi laissent entendre que nous mangeons tous des OGM sans le savoir.
Sans le savoir, puisque l’emballage ne le mention-
ne pas, la loi tolérant 1% d’OGM dans les aliments sans déclaration (3% pour les fourrages et 0,5% pour les semences). Or, lors des transports, il n’est pas rare qu’une cargaison de maïs soit contaminée par des traces d’OGM (qui seraient par exemple restées au fond de la cale du bateau lors d’un autre transport).
Par ailleurs, trois sortes de maïs et une sorte de soja obtenues par génie génétique peuvent être importées, aussi bien pour les fourrages que pour l’alimentation humaine. En l’état actuel des connaissances, les OGM sont en effet considérés comme inoffensifs pour la santé. Et si on ne les trouve pas sur le marché suisse, c’est uniquement parce que les fabricants y ont renoncé sous la pression des consommateurs.
Moratoire
Pour savoir si le seuil de tolérance de 1% est respecté, les laboratoires cantonaux procèdent à des contrôles par sondages. Dans le canton de Genève, ces quatre dernières années, environ 15% des échantillons contenaient des traces, presque toujours inférieures à 1%. Vaud arrive à un résultat similaire pour 2001. Et la même année, un tiers des maïs contrôlés à Berne et à Bâle étaient également contaminés, certains provenant de cultures biologiques (rarement à plus de 1%).
Du coup, des voix s’élèvent, notamment à la Fédération romande des consommateurs, pour réclamer l’abaissement du seuil de 1%, considéré comme trop laxiste. Avis partagé par le chimiste cantonal genevois, au moins pour les produits bio. Et de nombreux producteurs réclament des semences avec 0% d’OGM (et non 0,5% de tolérance, comme actuellement), condition de base d’une production non contaminée.
Un message qui n’a pas passé, puisque le Parlement a, au contraire, refusé un moratoire sur les cultures d’OGM en Suisse l’automne dernier. Théoriquement, un producteur pourrait donc faire une demande pour se lancer dans une plantation de maïs génétiquement modifié, qui serait soumise à une longue procédure d’autorisation. Mais en pratique, les agriculteurs sont opposés à toute culture OGM. Ils préparent même un label «Qualité suisse» qui, dès le printemps, garantira que leurs produits émanent de filières sans OGM.
Suzanne Pasquier