Christine Meier, collaboratrice scientifique de la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FSPAP) est préoccupée par un nouvel aspect de nos paysages: l’émergence d’une forêt d’antennes, justifiée par les besoins de la téléphonie mobile. Des tours qui mesurent jusqu’à 30 m de haut. Après la première phase de construction, on en comptera 6000 dans le pays. Et dans les années à suivre, pour que tout un chacun puisse disposer de son portable sans que les réseaux soient surchargés, il faudra encore plusieurs autres milliers d’arbres d’acier.
Cultivateurs de cette forêt du XXIe siècle: Swisscom, Diax et Orange. Car pour allécher le client, il faut lui offrir un réseau de réception sans faille. Un mot d’ordre qui laisse Mme Meier de marbre: «Les décisions concernant l’implantation de ces antennes ne peuvent être prises sans consulter la base, via la FSPAP et la Ligue suisse du patrimoine national. Pour limiter leur nombre, les opérateurs doivent s’entendre et poser plusieurs émetteurs sur la même antenne lorsque c’est possible.» Revendication que la FSPAP a faite à qui de droit en juillet dernier déjà, avec succès. Swisscom, DiAx et Orange ont en effet commencé à coordonner leurs projets, constatent les autorités fédérales et cantonales. Ils ont même l’intention de camoufler leurs antennes contre des façades ou sur des bâtiments.
Oppositions
Cette bonne volonté n’est pas gratuite. Une petite enquête auprès des cantons qui octroient les permis de construction, a en effet révélé qu’en plus de nombreux particuliers, de nombreuses communes désapprouvent cette nouvelle forêt d’antennes. Certaines parce qu’elles craignent qu’une telle balafre dans le paysage gâche l’image de leur village ou soit en contradiction avec la sauvegarde des sites protégés, d’autres par peur du rayonnement électromagnétique. Elles ont donc fait opposition.
«Dans certains cas, ces opppositions peuvent retarder nos constructions de presque deux ans», commente Sepp Huber, porte-parole de Swisscom. Ce qui n’effraie guère l’opérateur bleu, dont le réseau couvre déjà la totalité du pays. Ses nouvelles antennes ne serviront donc qu’à augmenter ses capacités. Il en va autrement pour DiAx et Orange: les protecteurs du paysage risquent de causer, pendant un certain temps encore, bien de la friture sur leurs lignes incomplètes.