La fonction première d’une lessive tient à son action détergente. Durant le processus de lavage, les molécules de détergent sont allongées, leurs extrémités sont attirées d’un côté par l’eau et de l’autre par les substances grasses qu’elles permettent ainsi de dissoudre. Afin de séduire les consommateurs, les lessives ont été progressivement enrichies de divers additifs, dont des enzymes (pour dégrader les molécules organiques), des anticalcaires, des agents de blanchiment, des azurants optiques, des parfums, etc.
Or, la fabrication et l’élimination de ces produits n’est pas sans conséquences sur l’environnement, voire sur l’espèce humaine (allergie, diminution de la spermatogenèse, suspicion d’action cancérigène, etc.). Seuls quelques fabricants, tels Held ou Ecover (1), commercialisent des produits conçus pour en éliminer les impacts écologiques nocifs.
Usage simple
Mis à part ces (trop) rares produits et diverses recettes artisanales à base de plantes ou de cendre que nous laisserons aux apprentis chimistes, il existe deux lessives faciles à se procurer – et d’un usage simple – qui n’ont aucun impact sur l’environnement: le savon de Marseille et les noix de lavage (1).
Efficacité comparée
Ces dernières, cueillies sur des arbres poussant en Inde, contiennent de la saponine, une substance détergente naturelle servant à éloigner les insectes. Nous avons comparé l’efficacité d’une lessive standard (Total), d’une lessive bio (Held), du savon de Marseille et des noix de lavage sur un échantillonnage de taches courantes (cambouis, herbe, tomate et vin), préalablement appliquées sur des serviettes de bain en coton. Il est certain que cette expérience n’a pas la rigueur scientifique des tests menés en laboratoire (lire BàS 2/2007*), mais elle permet néanmoins de se faire une idée sur la question.
Les différences
Résultats: les noix de lavage ont donné entière satisfaction, leurs résultats étant similaires à ceux des deux lessives de synthèse. Les serviettes sont toutes restées souples et douces au toucher et totalement dépourvues d’odeur. En revanche, la blancheur des échantillons a été très bien préservée avec Total et le savon de Marseille, correcte avec Held, mais nettement moins avec les noix: leurs vendeurs recommandent pour le lavage des textiles blancs l’ajout d’un agent blanchissant (en veillant à n’utiliser que ceux à base de percarbonate de sodium, qui sont efficaces, bon marché et non nocifs pour l’environnement).
Nous n’avons enfin pas constaté de différence significative entre ces divers produits selon la température de lavage (40°C et 95°C). Si le savon de Marseille (M-budget) engendre trop de mousse à des températures supérieures à 60°C, il s’est cependant révélé être le plus efficace. En revanche, comme ses concurrents, il n’a pu venir à bout des taches de cambouis, qu’il faudrait prétraiter avec un détachant.
Prix du lavage
Les noix de lavage coûtent entre 12 ct. pour une lessive à 30°C-40°C et 18 ct. (60°C-95°C), auxquels il faudra ajouter environ 30 ct. de blanchissant pour les lessives de textile blanc. Le savon de Marseille revient à environ 40 ct., une poudre ordinaire 50 ct. et 60 ct. pour les produits Held ou Ecover.
Pour préserver notre environnement, faites des essais: vous ne courrez qu’un seul risque, celui d’une bonne surprise!
Laurent Zahn
(1) Infos sur www.ecover.com/ch-fr/