Si les prix des semaines au soleil continuent de baisser pour l’ensemble du marché, l’offre ne s’est pas simplifiée pour le candidat au départ: depuis que Imholz et Vögele sont liés au colosse allemand TUI au sein du super-colosse ITV, Kuoni et Hotelplan refusent de vendre les forfaits de cette redoutable concurrence, et réciproquement. Mais ils affrètent du coup des charters différents, ce qui multiplie les chances d’obtenir un prix cassé sur des places en surnombre.
Pour de nombreuses destinations, les grands groupes travaillent cependant avec des opérateurs spécialisés, par exemple Royal Tour sur le Maroc. Ainsi, le même forfait peut se retrouver partout ou presque, à 20 ou 30 francs près. Si cela vous semble compliqué, accrochez-vous: le tourisme est devenu un redoutable enjeu économique, et, si la jungle actuelle cache vraiment des offres extraordinaires, il vaut mieux connaître certaines règles – toutes temporaires – de cette roulette exotique.
Choix de l’agence
Premier problème de taille: trouver le bon agent de voyages.
Les petites agences indépendantes doivent se battre pour survivre. L’offre et le service peuvent y être excellents, surtout dans leur domaine de prédilection, mais elles ne gagnent pas grand-chose si elles doivent vous aider à dénicher une offre Last Minute parmi le monceau de fax des grandes centrales.
Dans les grands groupes, l’agent doit lui aussi ramer longtemps derrière son écran pour gagner quelques sous: il est souvent tenu à réaliser plus d’un million de francs de chiffre d’affaires pour dégager un bénéfice. Sur la plupart des dossiers à moins de 700 fr., les agences perdent de l’argent; au-delà, leur marge brute n’est que de 10% environ, voire 5% sur des Last Minute.Voilà pourquoi certains se fichent comme d’une guigne de votre désir d’exil temporaire. Sans compter qu’à certaines périodes, Noël ou Pâques évidemment, les lignes aériennes et téléphoniques sont débordées.
Pas de marchandage
Même de très bonne volonté, l’agent d’une centrale n’a, en principe, pas le droit de faire des recherches lui-même sur place, moins encore de tenter de marchander le prix d’un hôtel. Les chambres sont achetées en masse, dans un système qui rappelle parfois les bourses monétaires. La vente de nuitées par paquets, à des conditions différentes, mène à des incohérences: un séjour dans un hôtel sans charme coûte parfois autant que dans le sublime cinq étoiles voisin.
Pour la même raison – le contrôle sourcilleux des directions centrales – les agents qui nous ont aidés pour cet article préfèrent rester anonymes: seuls leurs services de presse devraient informer, mais ils restent avares en bons tuyaux, évidemment.
Comparaisons possibles
Si sa marge de manœuvre est limitée, un agent motivé peut tout de même donner cinq coups de fil à différents tour-opérateurs et consulter les tarifs de plusieurs compagnies aériennes. Pour ne pas l’irriter, soyez très méfiants mais pas paranos et rappelez-vous qu’une économie de 50 fr. ne justifie guère une galère à l’arrivée ou au départ: ceux qui sont restés bloqués à l’aéroport londonien de Luton en savent quelque chose. Et attention aux hôtels de luxe ou aux stations huppées proposées à des prix discounts, mais où le moindre coca ou autre service sera ensuite à payer à des prix de fou!
Dates et tarifs, un rodéo!
Chaque année ça recommence! Les tarifs aériens explosent pour les fêtes de fin d’année: 25, voire 50% d’augmentation ne sont pas rares, sans compter les soirées de réveillon et autres repas de galas obligatoires dans le forfait hôtelier. Les hausses se manifestent parfois dès le début décembre, par paliers différents selon les compagnies. Si on peut se rendre actuellement aux Canaries en Last Minute pour 300 fr., le vol grimpe autour de 1000 fr. pour la fin de l’année.
La ruée de Noël
Même si c’est exaspérant pour ceux qui fuient les sapins dans le brouillard, mieux vaut donc renoncer aux envolées entre le 20 décembre et le 3 janvier. Dès les premiers jours de l’an, le soufflé retombe violemment. Les courageux peuvent toujours miser sur les annulations, voire quelques offres de dernière minute, mais à cette période, c’est risqué si l’on veut vague-ment choisir à quelle sauce on se fait griller.
En revanche, les relâches de février sont trop courtes pour provoquer un raz-de-marée sur les destinations lointaines. Les seules qui risquent d’afficher complet sont les Canaries et la mer Rou-ge. Et certains vols d’Amérique du Sud, Rio ou Caracas, qui débordent des semaines durant à cause du retour des exilés pour Noël, puis de la passion pour les carnavals. A noter, enfin, que la plupart des places d’avion pour l’île Maurice à Noël sont réservées dès le mois de janvier précédent!
Dangers du Last Minute
Les agents de voyage craignent les clients Last Minute: non seulement ils leur coûtent beaucoup d’efforts et rapportent peu, mais aussi, plus un forfait est bradé, plus les réclamations sont probables... Pas forcément à cause des éventuels défauts de ces «soldes», mais plutôt parce que les vacanciers foncent tête baissée. Or, comme les caleçons en multipack, les forfaits et même les pays ne sont pas toujours parfaitement coupés pour vous. Un voyage en Tanzanie ou même à Bali, se prépare, histoire de savourer le poulpe frit et de ne pas trouver «chenit» les offrandes de riz et pétales. Et puisque ce n’est pas l’agent qui vous pique, pourquoi ne pas se renseigner sur la nécessité d’un vaccin auprès des policliniques?
Le retour du sac à dos
La généralisation des départs bâclés relance l’aventure sac à dos. Les agences et les populations locales ne voient plus forcément d’un mauvais œil le client peu fortuné prêt, lui, à se débrouiller sur place. Même les représentants des grands manitous du voyage en groupe peuvent vendre des billets d’avion du marché gris et une première nuit d’hôtel sur place (moins de 50 francs pour un trois étoiles à Bangkok), voire deux ou trois, histoire de digérer le décalage avant de commencer le marchandage. Rien de tel que de choisir soi-même son bungalow au bord de l’eau pour ne plus avoir envie de râler.
Maisons à louer
Mais cette formule n’est intéressante que pour les amateurs de Guest House et petits bouis-bouis. Les nuits dans les hôtels du catalogue sont toujours moins chères achetées en Suisse, grâce aux tarifs de masse. Enfin, et cela ne se dit guère, les agents peuvent aussi chercher des maisons à louer sous les Tropiques.
Râler s’il le faut
Il ne sert à rien d’insulter votre agent de voyages favori: les problèmes éventuels d’un forfait vacances se règlent au mieux sur place, au pire par lettre au retour. Quand la déconfiture n’est que partielle – chambre qui donne sur un mur ou un chantier, dans un hôtel toutefois agréable – il est souvent possible de changer de vue: encore faut-il parvenir à se montrer ferme sans se faire détester par les employés locaux, dont le seul pouvoir est de ne pas vous écouter.
En cas de déception plus grave le représentant du tour opérateur peut parfois concocter une solution ad hoc. Sinon, profitez de vos vacances, puis écrivez à la direction générale au retour, avec moult détails. Attendez – longtemps... – une éventuelle enquête interne, qui (parfois) vous donne raison et débouche sur un chèque plus ou moins conséquent. Pour mieux repartir.
Sonia Zoran
En cas de litiges, on peut aussi s’adresser à l’ombudsman des voyages, Nicolas Oetterli -
( (01) 485 40 80.
météo planétaire
Au soleil, mais sous la pluie
Depuis que les vacances se choisissent à la façon des gosses qui font valser un globe terrestre, les adeptes du soleil se font souvent rincer. En janvier, il fait beau en Thaïlande, mais les orages arrosent Bali presque quotidiennement, car même si c’est «dans le même coin», des milliers de kilomètres les séparent, et l’Équateur aussi.
Les catalogues continuent malheureusement à rester allusifs au sujet de la pluie fréquente aux Maldives en novembre. Tout comme de la température très fraîche de l’eau, et surtout du vent, à la mer Rouge en février.
Pour les offres spéciales, de toutes façons, il n’y a guère d’informations. Un bon agent vous renseignera, mais il ne connaît pas forcément tous les caprices climatiques: en Thaïlande toujours, les pluies ne tombent pas simultanément sur la côte ouest et la côte est. Mieux vaut lui demander s’il possède un bon guide, par exemple Saisons et climats, des Guides Balland. Un aperçu, pays par pays, évite les pires déconvenues.
Des listes d’adresses de site Internet permettent de découvrir la météo juste avant le départ et même l’avancée des cyclones. Celui de CNN* est le plus complet. Un régal pour voyager de chez soi.
*http://cnn.com/WEATHER/cities/world.html (en anglais, of course).