Pour acheminer un envoi d’un point A à un point B, on pense généralement au géant jaune. En courrier B ou en courrier A, voire en express si la livraison urge. Mais, depuis les années 1990, de nouveaux acteurs se sont profilés sur le marché de la livraison rapide: les entreprises de cyclomessagerie, ou coursiers à vélo, sillonnent désormais les principales villes romandes. Contrairement à une idée reçue, leur service ne se limite pas au porte-à-porte en milieu urbain. La périphérie des villes fait partie de leur rayon d’action, mais aussi les cités voisines, grâce à une collaboration avec les entreprises de transports publics.
Du visa au prélèvement médical
L’atout numéro un des coursiers à vélo? La rapidité du service, inégalable selon eux. Lorsqu’un client téléphone pour commander une course, la centrale choisit, parmi les cyclistes déjà répartis sur le terrain, celui qu’elle estime le plus proche de l’expéditeur. Il prend en charge l’objet dans un sac à dos hermétiquement fermé et l’achemine au destinataire, généralement dans les 15 à 60 minutes qui suivent. «Une heure, c’est le délai maximal, au- delà duquel l’expéditeur est remboursé. Le temps de livraison réel est souvent inférieur, précise-t-on à la cyclomessagerie Krick (GE). Nous proposons aussi un mode urgence, avec une livraison garantie 20 minutes après la prise en charge.»
Et que peut-on envoyer? A peu près tout, du courrier interne des entreprises aux produits de luxe, en passant par les actes notariés, les visas ou les prélèvements médicaux. Si les entreprises constituent leur principale clientèle, leur service est également ouvert aux particuliers. Des limites de poids ou de dimensions? «Pas vraiment. Si le colis n’entre pas dans le sac à dos, nous utilisons des vélos équipés d’un grand coffre, voire une remorque», explique Fabiano, coursier genevois.
D’une ville à l’autre aussi
Lorsque le destinataire se trouve dans une autre ville, le courrier ne fait, bien entendu, pas tout le trajet à vélo. En collaboration avec l’entreprise Swissconnect et les CFF, les coursiers montent sur le quai de la gare et déposent les envois dans le compartiment postal des trains voyageurs. A l’arrivée, leurs collègues de la ville de destination récupèrent le pli directement dans le wagon et l’acheminent jusqu’au destinataire. Le tout en un temps record, puisque les colis ne restent jamais immobilisés.
Le vélo imbattable en ville
Pour se faire une idée du coût de cette prestation, Bon à Savoir a imaginé un scénario basé sur deux genres d’envois différents: un petit et un plus lourd, expédiés vers cinq adresses situées, chaque fois, à des distances croissantes. Nous avons comparé les prix demandés par les trois plus grandes entreprises de cyclomessagerie de Suisse romande aux tarifs postaux qui offrent une prestation similaire, à savoir la livraison le jour même de l’expédition (voir notre tableau).
Sur les trajets intra-urbains, l’avantage est très nettement du côté des coursiers à vélo. Jugez plutôt: un envoi jusqu’à 2 kg livré dans l’heure qui suit coûte entre 16 fr. et 17 fr., contre plus du double (40.25 fr.) avec le service «Coursier Suisse rapide» de La Poste. La différence est moins grande pour les livraisons plus lentes (2 heures après la prise en charge) ou plus rapides (20 à 30 minutes après), mais les sociétés de coursiers à vélo restent tout de même près de 50% meilleur marché que le géant jaune. Et, lorsque la distance s’allonge – pour une livraison depuis/vers la périphérie, par exemple Meyrin (GE) ou Epalinges (VD), il n’y a plus de concurrence sur la livraison dans l’heure, puisque La Poste ne propose plus les vitesses «rapide» et «turbo» dans son offre.
Gros colis: La Poste s’en tire mieux
C’est lorsque la marchandise prend du volume que l’écart se réduit. Les trois cyclomessageries que nous avons retenues facturent en effet un supplément pour les envois lourds, dès qu’ils dépassent 2 kg (Krick, la Vélopostale) ou 5 kg (Vélocité). A La Poste, le prix reste identique jusqu’à 10 kg. Avec un colis de 4,5 kg, comme dans notre exemple, les coursiers à vélo gardent l’avantage. Mais, pour un paquet de 10 kg, la situation s’équilibre.
D’une ville à l’autre, c’est, cette fois, La Poste qui prend la main. Mais de peu, et pour une prestation pas tout à fait comparable. Car, pour environ 10 fr. de moins, les temps de livraison sont plus lents que ceux proposés par les coursiers à vélo, via Swissconnect.
Il faut, enfin, se tourner du côté du service «Eclair» de La Poste pour trouver une offre longue distance nettement meilleur marché: à un prix forfaitaire de 49 fr. (jusqu’à 30 kg), un document ou un paquet expédié le matin peut être livré avant 17 heures dans une grande partie de la Suisse. Néanmoins, il ne s’agit plus d’un service de porte à porte, car l’expéditeur doit se déplacer au bureau de poste pour expédier son envoi.
Vincent Cherpillod
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En détail
Les critères du comparatif
Afin de déterminer le coût d’une livraison vers cinq adresses différentes, nous avons simulé l’envoi de deux objets: une pochette au format A4 contenant divers documents, d’un poids de 250 g, ainsi qu’un colis de 4,5 kg emballé, ce qui correspond au poids d’un coffret de trois bouteilles de vin. Pour les trajets de ville à périphérie et de périphérie à périphérie, les destinations retenues sont les suivantes:
- Ville à périphérie: Genève centre (1201) – Meyrin et Lausanne centre (1003) – Epalinges.
- Périphérie à périphérie: Thônex – Meyrin et Renens – Epalinges
Des coûts supplémentaires s’appliquent si le coursier à vélo doit attendre plus de cinq minutes chez l’expéditeur ou le destinataire. C’est également le cas lorsque la dimension des objets à livrer excède celle des sacs à dos. Notons encore que les prix de la prestation «Coursier Suisse» de La Poste varient en fonction du jour et du moment de la journée.