Quand Helsana décide de ne plus rembourser des thérapeutes, les choses ne traînent pas! En effet, les intéressés ont appris fin novembre 2006 que leurs soins ne seraient plus remboursés dès 2007. Un délai si court qu’il rend impossible toute tentative de se mettre aux nouvelles normes admises par Helsana. Et pour les assurés de changer de caisse.
Des dizaines de thérapeutes nous ont écrit leur indignation, comme Véronique Magnenat (photo), qui pratique le massage, le drainage lymphatique manuel et la réflexologie plantaire à Denges (VD). Helsana veut réguler ces trois thérapies, avec le massage du tissu conjonctif, les enveloppements et les cataplasmes (valable également pour les membres du groupe Helsana: Aerosana, Avanex, Progrès, Sansan; et ses partenaires: Caisse-maladie 57, KluG et Stoffel Mels).
Engouement inattendu
«J’ai ouvert mon cabinet en 1991, explique Véronique Magnenat. A l’époque, les assurances, y compris Helsana, ont reconnu la valeur de mes diplômes et accepté de rembourser mes soins.» Quelques années plus tard, une société privée a mis en place le Registre de médecine empirique (RME). Les assureurs se sont empressés d’exiger l’appartenance à ce label, garantissant un diplôme reconnu, une expérience avérée et le suivi régulier d’une formation continue. Moyennant cotisation, des milliers de praticiens se sont donc soumis aux règles du RME.
Depuis, l’engouement pour les médecines naturelles a-t-il été sous-estimé, ou les conditions d’enregistrement au RME trop souples? Toujours est-il que ce domaine a connu un fort développement. Pour Helsana, il était donc devenu nécessaire d’écrémer encore les prestations remboursées.
Une décision abrupte
Raison pour laquelle l’assureur a fait savoir que, dès 2007, il ne rembourserait plus que les professionnels reconnus par le RME et qui, de surcroît, seraient au bénéfice du certificat de masseur médical. Ce titre n’est délivré que par une poignée d’écoles accréditées et nécessite une formation de deux ans, à plein temps. En outre, aucun cours de ce type n’est reconnu en Suisse romande. Pour les thérapeutes romands, il n’y a donc aucune possibilité d’obtenir ce sésame dans les délais imposés par Helsana.
Thomas Lüthi, porte-parole de la caisse, s’explique: «Il y a eu une explosion du nombre de thérapeutes et de thérapies. Nous souhaitons offrir la garantie de qualité la plus élevée à nos assurés». Helsana entend ainsi clairement réserver ses prestations aux frais médicalement nécessaires et non au simple bien-être des assurés.
Les assurés dans tout ça?
Chaque assureur est libre de sélectionner les thérapies et les thérapeutes pris en charge. Le label RME ne constitue qu’un seul critère parmi ceux pris en considération. Véronique Magnenat craint d’ailleurs que le mouvement soit suivi par toutes les assurances. Les thérapeutes devront donc plus que jamais compter sur une clientèle capable de payer de sa poche.
De leur côté, les assurés ne peuvent pas contester ces changements de couverture, du moment que ceux-ci sont prévus dans les conditions générales (comme c’est le cas pour Helsana). Pour garder son thérapeute habituel, il faut donc se résigner à payer soi-même, en attendant l’échéance du contrat pour éventuellement l’annuler. Sinon, il n’y a plus qu’à changer de thérapie ou de praticien.
Dernière solution: la résiliation sur sinistre, qui permet d’accélérer l’annulation du contrat (lire l’encadré en p. 23). Mais attention, avant de changer d’assureur, il faut vérifier que la thérapie et le thérapeute seront pris en charge, sachant que la nouvelle caisse pourra elle aussi changer d’avis plus tard.
Yves-Alain Cornu