Depuis quelques mois, l’étiquetteEnergie s’affiche éga le ment dans les rayons des machines à café. C’est a priori une bonne nouvelle puisque, à l’heure actuelle, ces appareils équipent en Suisse quelque trois millions de foyers et entreprises. En considérant qu’ils restent enclenchés en moyenne douze heures par jour, l’Office fédéral de l’énergie évalue leur consommation électrique globale annuelle à 400 millions de kWh, soit l’équivalent de celle de la ville de Lucerne.
Pas d’une réelle aide
Cet énorme gaspillage pourrait être évité, mais l’étiquetteEnergie n’est pas – comme elle devrait l’être – l’alliée du consommateur.
En effet, contrairement à celle des autres catégories d’appareils (lave-linge, réfrigérateurs, etc.), l’étiquetteEnergie des machines à café n’est pour le moment introduite qu’en Suisse, et elle est facultative. Résultat: seuls les modèles bien notés en sont munis! Cette situation devrait durer jusqu’à ce que l’Europe adopte un standard équivalent et le rende obligatoire.
En admettant que cela soit le cas, la situation ne serait pas satisfaisante pour autant. Pourquoi? Pour y répondre, il faut bien comprendre les différents cycles de fonctionnement des machines à café. Nous en avons distingué trois: une phase d’activité, lorsqu’elle prépare les cafés, une phase de maintien, lorsqu’elle est chaude, et donc prête à travailler, et une phase de sommeil, lorsqu’elle est déclenchée ou en stand-by. La consommation annuelle de l’appareil va donc correspondre au total de celle des trois périodes. Examinons donc concrè-tement leur impact respectif.
- La phase d’activité – Il s’agit là de chauffer une certaine quantité d’eau, puis de la faire passer à travers du café moulu. La consommation occasionnée par la pompe, l’éventuel moulin à café et les éléments de commande est négligeable par rapport à l’énergie nécessaire pour chauffer l’eau, qui dépend, elle, de lois physique, et donc quasi identique pour tous les appareils. L’énergie nécessaire à la préparation des cafés est estimée à env. 20 kWh/année à raison de six cafés par jour.
- La phase machine prête – La consommation d’électricité pour maintenir la machine chaude dépend un peu de sa conception, mais surtout de la durée pendant laquelle elle est laissée enclenchée «pour rien»! La mesure d’économie principale est donc d’équiper les machines d’une minuterie qui coupe le chauffe-eau après un certain délai (entre 30 minutes et cinq heures, programmable selon les machines), si l’utilisateur n’a pas déclenché l’appareil après usage. En observant de plus près le principe de l’étiquetteEnergie, on s’aperçoit que les machines à café équipées de cette minuterie figurent en classe A, voire B, et que les autres sont flanquées d’une lettre F ou G. Voilà qui n’encourage pas les utilisateurs à plus de vigilance.
- La phase de repos – L’idéal est donc de déclencher complètement l’appareil lorsqu’il n’est pas utilisé (consommation nulle). Mais, comme on vient de le voir, de plus en plus d’appareils sont à présent équipés d’un module électronique chargé de couper l’alimentation en cas d’oubli… et ce module va dès lors occasionner une consommation permanente, dite de «stand-by», d’un ordre de grandeur équivalent à celui nécessaire à la préparation des cafés: 10 à 30 kWh/année! L’énergie gaspillée par ce module «antioubli» correspond aussi à la consommation générée par approximativement 500 heures d’oubli en mode machine prête par année!
Interrupteur général
L’étiquetteEnergie des machines à café est donc un indicateur intéressant pour le choix d’appareils fonctionnant dans des bureaux ou pour celles et ceux qui ne pensent pas pouvoir se départir de l’habitude de laisser les appareils enclenchés.
La solution idéale est donc de privilégier un appareil muni d’un interrupteur général (lire encadré), ou d’un mode stand-by à consommation nulle, plutôt qu’un modèle affichant la lettre A ou B sur l’étiquetteEnergie.
De surcroît, le fait de déclencher la machine après utilisation (même sans attendre l’arrêt automatique si elle en est équipée) prolonge la durée de vie de l’appareil, en limitant l’usure des composants sensibles au vieillissement.
Laurent Zahn
CONSEIL PRATIQUE
Minuterie externe
La plupart des machines à café qui ne sont pas équipées d’un arrêt automatique peuvent être branchées sur une minuterie externe bon marché et à la consommation réduite. Ainsi, l’appareil s’enclenchera automatiquement, par exemple, pour le petit-déjeuner ou après le repas et s’arrêtera ensuite toute seule!