Sauvage, la myrtille se découvre au détour des chemins de montagne. Fraîche ou surgelée, celle qu’on trouve dans nos commerces est généralement issue des cultures et provient surtout des pays d’Europe de l’Est. Tout comme son homologue d’Amérique du Nord, surnommé «bleuet», la myrtille d’Europe contient de puissants antioxydants, concentrés dans ses pigments bleu foncé.
Sous la loupe nutritionnelle
Peu calorique, 50 calories (kcal) aux 100 g, cette baie se situe dans la moyenne des fruits, comme l’abricot et l’ananas. Sa teneur en vitamine C est intéressante: elle atteint en effet 20 mg pour 100 g, soit autant que la mûre et la framboise. Et, pour ne rien gâcher, sa concentration importante en antioxydants renforce les effets de la vitamine C. Un avantage appréciable, d’autant que les antioxydants permettent de lutter contre le vieillissement, l’artériosclérose, la maladie de Parkinson et certains cancers.
«M» comme multiusage
La myrtille s’apprête de différentes manières: crue, elle est délicieuse nature ou avec de la crème. Elle vient également agrémenter un bircher ou accompagner les céréales. Cuite, on l’utilise pour confectionner des confitures, mais aussi des pâtisseries (muffins, tartes, etc.) ou sous forme de coulis pour napper un cheesecake, par exemple. On peut aussi la congeler, ce qui permet d’en profiter toute l’année.
La baie bleue se consomme encore sous forme de jus. Associée à du jus d’orange, elle permet de réaliser une boisson au fort pouvoir antioxydant. Seul bémol: son jus est généralement vendu dans les magasins diététiques et son prix est plutôt élevé.
«M» comme mémoire
Cette baie aurait également pour vertu d’améliorer la mémoire, selon une étude réalisée en 2010 sur une dizaine de personnes âgées de plus de 70 ans et présentant un déclin précoce de la mémoire. Douze semaines durant, les participants ont bu l’équivalent de deux tasses de jus de myrtille. Parallèlement, un groupe témoin a reçu la même quantité de boisson, mais sans le fruit. Le premier groupe a présenté une amélioration significative lors des tests d’apprentissage et de mémoire. Les chercheurs ont également constaté une amélioration de l’humeur et une diminution de l’état dépressif.
Auparavant, une étude menée en 2000 dans la prestigieuse Université de Tufts (Boston) a démontré que l’ajout de myrtilles au régime de rats âgés améliore leur équilibre, leur coordination motrice ainsi que leur mémoire.
«M» comme mythe
Contrairement à une idée reçue, ce fruit n’améliore en revanche pas la vision nocturne. Les pilotes de la Royal Air Force consommaient, dit-on, des tartines à la confiture de myrtilles pour améliorer leur vue durant les vols de nuit. Ces bienfaits étaient attribués au bêtacarotène contenu dans la petite bille bleue. Elle n’en contient toutefois pas suffisamment pour avoir une quelconque efficacité.
Des études tentent également de démontrer les effets protecteurs des antioxydants dans certaines maladies de la rétine, mais ces propriétés demeurent controversées.
«M» comme maladie
Enfin, la cueillette de myrtilles sauvages est fort tentante. Mieux vaut toutefois s’abstenir de ramasser celles situées au ras du sol. En effet, les fruits des bois, tout comme les salades sauvages d’ailleurs, peuvent être contaminés par les déjections des renards porteurs de l’échinococcose, une affection rare mais grave. En les consommant, l’homme ingère les œufs du parasite, lequel se développe ensuite lentement dans son foie. La maladie se déclare au bout de dix à quinze ans. Autrefois, elle entraînait la mort. Aujourd’hui, il faut suivre un traitement médicamenteux à vie, voire parfois subir une intervention chirurgicale. En cas de doute, mieux vaut donc réserver les baies sauvages aux préparations cuites.
Doris Favre,
diététicienne diplômée