Snortec, la solution antironflement sur mesure: tout le monde a dû lire une fois ou l’autre le slogan publicitaire de cette société genevoise, promettant de tordre le cou à une pathologie qui touche 65% de la population. La solution proposée: le Snori, une «double gouttière transparente munie d’attaches».
Invention géniale ou charlatanisme? Ni l’un ni l’autre. Certes, le marché regorge de gadgets inutiles pour les ronfleurs (strip nasal, spray, etc.), mais le Snori n’en est pas un.
Cet appareil est simplement l’une des multiples variantes de ce qu’on appelle une «prothèse d’avancement mandibulaire». Il s’agit d’une sorte de gouttière qui pousse légèrement la mâchoire inférieure vers l’avant durant la nuit, ce qui empêche l’obstruction des voies respiratoires provoquant le ronflement.
Ce type de dispositif, prescrit par les médecins à certains types de ronfleurs, et réalisé sur mesure, se révèle efficace dans la moitié des cas uniquement. Et impossible de prédire l’efficacité d’avance! D’où l’importance, pour un ronfleur qui souhaite se soigner, de commencer ses démarches en consultant un médecin, afin de déterminer de quelle affection il souffre.
Grâce à une série de questions sur le type de ronflement et sur les symptômes qui lui sont associés, un premier diagnostic pourra être posé. Le patient souffre-t-il «simplement» d’un sommeil bruyant ou est-il victime du syndrome d’apnée du sommeil (SAS)*?
«Si le bruit est régulier, il s’agit généralement d’un ronflement simple, explique le professeur Paul-André Despland, spécialiste du sommeil au CHUV à Lausanne. En revanche, si le vacarme retentit à la fin d’un étouffement, que le conjoint note des arrêts respiratoires ou que le bruit va crescendo ou decrescendo, il s’agit probablement du SAS».
Obèses plus touchés
Quoi qu’il en soit, avant d’envisager les grands moyens, le médecin opte généralement pour des mesures comportementales: réduire la surcharge pondérale (80% des patients atteints de SAS sont obèses), éviter les somnifères, les anxiolytiques, l’alcool (deux heures avant le coucher), et dormir sur le côté.
Pour cette dernière mesure, il existe un bandage, dit «de positionnement nocturne», qui se porte au niveau du thorax. De petites boules en plastique dur, intégrées à l’arrière, provoquent une gêne lorsque la personne veut se mettre sur le dos. Plus simple et moins cher: il suffit de coudre une balle de tennis dans le dos de son pyjama!
Sommeil sous surveillance
Dans la grande majorité des cas, ces changements ne vont pas résoudre complètement le problème, mais ils peuvent l’atténuer. Dans un deuxième temps, s’il y a soupçon d’apnée, le ronfleur est envoyé dans un centre du sommeil. Il en existe six en Suisse romande (lire l’encadré ci-dessus), tous équipés de chambres où passer la nuit. Une multitude de paramètres physiologiques y sont mesurés (rythmes respiratoire et cardiaque, électro-encéphalogramme, électromyogramme des muscles, des bras ou des jambes, etc.) grâce à une série de capteurs. Et au petit matin, cette polysomnographie permettra au médecin de diagnostiquer précisément de quel ronflement il s’agit.
Les risques de l’apnée
«L’apnée du sommeil peut entraîner de graves complications de santé, souligne Stanley Zagury, neurologue et responsable du Centre lausannois de médecine du sommeil. Il y a évidemment la somnolence diurne et la fatigue excessive, mais cela peut aussi aboutir à de l’hypertension artérielle ou à des complications cardiaques, particulièrement chez les gens diabétiques, obèses ou ayant déjà des problèmes cardiovasculaires. Sans parler du conjoint: une étude a ainsi révélé que les épouses de ronfleurs finissent par développer certaines atteintes telles que des troubles digestifs ou une tendance à l’angoisse et à la dépression.»
Autant dire que le problème doit être pris au sérieux. Le fort développement de la médecine du sommeil ces dix dernières années traduit bien cette préoccupation.
Trois traitements
Après le diagnostic, le patient se verra proposer l’un des trois traitements suivants, selon ses symptômes:
> La prothèse mandibulaire avance légèrement la mâchoire inférieure et permet ainsi d’élargir le passage de l’air au fond de la gorge, ce qui met fin au ronflement. Elle demande plusieurs semaines d’adaptation et ne peut être prescrite qu’à des patients bénéficiant d’une dentition saine.
> Le CPAP (Continuous Positive Airway Pressure = pression positive continue) est un appareil respiratoire équipé d’un masque. Il propulse de l’air dans le nez du patient, ce qui empêche l’obstruction des voies respiratoires. Bien que son utilisation soit contraignante, le CPAP élimine complètement les symptômes dès le premier soir.
> La chirurgie se fait à l’aide d’un laser qui sclérose le voile du palais distendu et supprime la nuisance sonore. Mais elle est rarement proposée, car il arrive que les ronflements reviennent.
Carole Pellouchoud
Bonus Web: Les symptômes de l'apnée du sommeil
Tarifs
Ce que paient les caisses maladie
Lorsque le traitement, quel qu’il soit, a été prescrit pour mettre fin à une simple nuisance sonore sans apnée, les caisses maladie considèrent qu’il s’agit de mesures de confort et ne remboursent rien. En cas de pathologie plus grave, tout est pris en charge par l’assurance de base.
Pour que les examens complémentaires (lire l’article principal) soient remboursés, il faut qu’il y ait suspicion de problème plus important. Ce qui est généralement le cas.
> Une prothèse d’avancement mandibulaire coûte entre 700 fr. et 1000 fr.
> Le CPAP se loue (sur prescription médicale seulement) auprès des ligues pulmonaires cantonales*, qui en assurent aussi la maintenance. La location de l’appareil coûte environ
4 fr./j., auxquels il faut ajouter 450 fr. en début de traitement pour la pose et l’instruction.
Le patient peut également opter pour un forfait annuel qui s’élève à environ 150 fr. la première année, puis 75 fr./an. Ce forfait comprend le suivi technique (une fois par année) et le changement éventuel de pièces.
*Infos sur www.lung.ch
Adresses utiles
Les centres du sommeil romands
FRIBOURG
- Centre du sommeil, Hôpital cantonal, Fribourg, 2 026 426 72 87
GENÈVE
- Centre d’analyse et d’investigation du sommeil (CENAS), Vandœuvres, www.cenas.ch, 2 022 860 90 00, (centre privé)
- Centre de médecine du sommeil, Genolier, 2 022 366 93 12
- Centre pour l’étude et le traitement des troubles du sommeil,
Genève, Hôpital Belle Idée, 2 022 305 53 37
VALAIS
- Centre du sommeil, Centre valaisan de pneumologie, Montana-Vermala, 2 027 603 80 00
VAUD
- Centre d’investigation et de recherche sur le sommeil (CIRS) CHUV, Lausanne, 2 021 314 67 48
- Centre lausannois de médecine du sommeil, 2 021 323 29 23