Marianne et Stefan Häfeli, de Bâle, ont loué pendant deux ans une machine à café à la maison Fust. Le loyer se montait à 56 fr. par mois, soit un total de 1344 fr., pour une machine valant environ 1000 fr. Ils ont donc été très surpris lorsqu’ils ont reçu dix nouveaux bulletins de versement pour un total de 672 francs. «Nous avons été roulés, commente même Marianne Häfeli. Car, à l’époque, le vendeur nous a assuré qu’après deux ans, la machine serait à nous.»
Une aventure très similaire est arrivée à Gloria et Wolfgang Illenberger, de Wettingen, qui ont loué un appareil vidéo à Radio/TV Steiner: «Le vendeur nous avait parlé d’une location-vente de 36 mois», se souviennent-ils. Ils ont donc, eux aussi, été très surpris d’apprendre, après trois ans de versements, que ce ne sont pas 36, mais 52 mensualités de 73 fr. qu’il leur faudrait payer!
Ces exemples ne sont malheureusement pas des cas isolés. D’autres clients de Fust et Radio/TV Steiner ont signé un contrat de location en pensant qu’il s’agissait d’une location-vente. Mais Stefan Keller, responsable des contrats de location chez Fust, n’accepte pas que l’on remette en doute les explications données par ses vendeurs et encore moins que l’on parle de consommateurs floués: «Nous sommes particulièrement attentifs à ce que notre clientèle bénéficie d’une information exacte et complète», affirme-t-il convaincu.
En tel cas, chaque client devrait savoir que la durée de location d’un appareil hi-fi ou électroménager est en principe indéterminée. Or, la plupart des loueurs cèdent bel et bien l’appareil au client, mais après un délai allant de 36 mois (Fust pour les contrats entrés en vigueur depuis mars 1996) à 50 mois (Rediffusion). Il est vrai qu’à ce moment, l’appareil aura parfois été payé le double de ce qu’il aurait coûté s’il avait été acheté comptant.
Délais illégaux
Les entreprises de location ont donc intérêt à ce que la durée du contrat soit la plus longue possible. D’autant que si le montant de la prime reste constant tout au long de la location, l’appareil loué neuf perd de la valeur durant les premiers mois surtout. Aussi, les vendeurs tentent-ils d’imposer des délais de location minimaux qui ne sont que du vent, pour autant qu’on le sache, bien sûr!
La maison Fust prévoit, par exemple, une durée de location minimale de 12, 18 ou 24 mois sur ses contrats. Or, la loi autorise le locataire d’un objet mobilier (réd.: tout, sauf l’immobilier et ce qui est immatriculé) de résilier son contrat «dans un délai de 30 jours pour la fin d’une durée de location de
3 mois». Exemple: si un contrat débute le 1er septembre, il peut être résilié
fin novembre, février, mai et août, pour autant que le locataire en ait averti le loueur par lettre recommandée 30 jours avant. Et cela même si des délais plus longs sont mentionnés dans le contrat.
Rien ne bouge
La maison Fust le sait et se résigne le cas échéant, mais continue pourtant d’imposer ses délais. «Nous insistons auprès de nos clients pour qu’ils respectent leur engagement, explique Stefan Keller. Car finalement, c’est bien un appareil neuf qu’ils ont reçu en location.» La concurrence n’agit pas autrement: Radio/TV Steiner exige une location d’au moins
5 mois (une année pour les caméras vidéo), Rediffusion détermine la durée selon la valeur de l’appareil, et même Swisscom ne loue pas de téléphone sans fil pour moins d’une année.
Bien sûr, on sait que cela n’est pas «tout à fait correct», mais personne ne parle de modifier sa façon de faire... Conclusion: le client qui ne se défend pas continuera de payer jusqu’à l’échéance du contrat, quel que soit son souhait!
Sachez enfin que si vous désirez acheter l’appareil loué avant la fin du contrat, vous devriez au moins récupérer les 2⁄3 des locations payées à
ce jour (elles seront déduites du prix d’achat final). Obtenez une confirmation écrite que tel sera le cas au moment où vous signez le contrat de location.