II y a un an, face à l’augmentation rapide des prix, en particulier de l’alimentation, nous décidions de lancer notre Observatoire des prix. Un relevé mensuel effectué sur une cinquantaine de produits dans les principaux supermarchés: Aldi, Coop, Migros et Lidl.

Convaincus que le panier-type de l’Office fédéral de la statistique reflète mal celui de la plupart des consommateurs, nous avons opté pour des produits de consommation très courants et disponibles tout au long de l’année. Notre but: assurer un comparatif et une veille en continu. Des relevés effectués dans les grandes surfaces en conditions réelles, en choisissant les produits les moins chers, au moment de notre visite.

Durant ces mois, nous avons pu documenter la valse des prix dans les différentes grandes surfaces, et aider les consommateurs à faire les choix les plus judicieux, afin de limiter autant que possible les effets de l’inflation et de l’érosion de notre pouvoir d’achat (lire ici).

Selon l’Office fédéral de la statistique, cette inflation a été limitée à 2,9% en 2022. Ce que nous avons constaté, de notre côté, est bien différent. Notre panier-type des consommateurs a augmenté en moyenne de 5,6%. Près du double de l’indice officiel.

Il y a deux raisons principales à cette différence significative. La première, c’est la bataille que se livrent les hard discounters pour gagner des parts de marché dans un secteur occupé à près de 75% par Coop et Migros. Avec la hausse des coûts, Aldi et Lidl, qui maintenaient les prix au plus bas dans leur bras de fer, ont subi un effet de rattrapage. L’augmentation de notre caddie dans ces enseignes a atteint respectivement 9,8% et 7,7% en un an. L’écart entre le panier le plus cher et le moins cher a ainsi diminué, passant de 26% à 17%.

La seconde raison découle de notre méthodologie. Nos enquêteurs ne relèvent pas les prix sur Internet, mais se déplacent dans les magasins. Durant cette année, nous avons constaté, à de nombreuses reprises, l’absence de produits premiers prix et avons dû nous rabattre sur des marchandises plus chères. Faut-il voir dans cette pratique une stratégie des distributeurs pour favoriser des produits plus chers et à plus fortes marges? Impossible de l’affirmer. Toujours est-il que lorsque quelques produits parmi les moins chers manquent, la facture grimpe rapidement. Au début de cette année, le caddie de la Migros a bondi en un mois de plus de 10% pour cette raison, passant de 145.45 fr. à 160.90 fr., avant de redescendre.

La meilleure solution pour faire des économies est donc de se jouer de ces stratagèmes. Comparer, toujours, et ne pas se rabattre sur d’autres produits lorsque les moins chers ne sont pas disponibles.

Pierre-Yves Muller
Rédacteur en chef