Alors que les traditionnels tirages photographiques n’ont plus la cote, les prestataires cherchent de nouveaux produits pour attirer la clientèle. Les livres photo qui remplacent les albums en sont le parfait exemple. L’objet est pratique. Chacun peut remplir à sa guise les pages depuis un logiciel. L’offre et l’intérêt des consommateurs étant de plus en plus grands, Bon à Savoir et son partenaire On en Parle (RTS – La Première) ont donc comparé leur qualité ainsi que la flexibilité de l’offre et du logiciel (lire «Les critères d’évaluation»).
Nous avons confronté dix-huit ouvrages standard en format A4 paysage avec une couverture rigide dont le prix n’excédait pas 100 fr. Les produits spécialement étiquetés «papier photo» ont également été retenus, lorsqu’ils étaient proposés, mais ils sont classés séparément (voir tableau).
Des logiciels dans l’ensemble satisfaisants
La commande a permis d’analyser, en premier lieu, l’offre et la flexibilité des logiciels. La plupart sont simples d’utilisation. Mais, selon la sensibilité de chacun, un temps d’adaptation est parfois nécessaire pour comprendre le processus de création du livre. L’assistance a notamment été jugée insuffisante pour les outils fournis par fuji.ch, printmyphotobook.ch et atelierdulivre.ch.
Autre constat: les logiciels n’offrent pas tous le même niveau de souplesse lors de la mise en pages des photos. Beaucoup ont des modèles préconfigurés, avec une, deux ou plusieurs images par page. Mais il est ensuite difficile, voire impossible, de modifier la disposition ou même la taille des photos. Les applications des sites atelierdulivre.ch, snapfish.ch ainsi que iPhoto d’Apple sont celles qui ont montré le moins de flexibilité sur ce point.
Des images de bonne facture
«Dans l’ensemble, c’est très bien!» Pour Thierry Fumey du Centre d’enseignement professionnel de Vevey (CEPV), aucun doute: la qualité des images reproduites est au rendez-vous. «Mis à part une ou deux exceptions, il y a une bonne homogénéité.» José Crespo, photographe indépendant, est du même avis: «Ces dix-huit livres se tiennent. Globalement, le rendu est bon.»
L’ouvrage fournit par fuji.ch a toutefois déçu, en raison d’une accentuation excessive de la netteté et des contrastes. «L’amélioration des images est tellement exagérée que cela en devient presque risible», estime Thierry Fumey. Pourtant, l’option de la correction automatique des clichés n’a pas été sélectionnée lorsqu’elle était disponible.
Ces remarques étonnent Fujifilm qui rétorque que d’autres comparatifs l’ont bien noté par le passé. «L’évaluation des résultats des tests est toujours subjective, mais ces différences sont importantes, commente Walter Webber, directeur de sa division photo. La production se fait toujours exactement selon les mêmes critères, mais l’utilisateur peut définir les différentes variables lors de la création d’un livre photo, et ainsi affecter la qualité.»
Une photo fortement dégradée
Dans un des ouvrages reçus, une image a été altérée par une grande trace noire. Il s’agissait du livre de livrephoto-cewe.ch (papier classique) et commandé par l’intermédiaire de Migros. Sans connaître notre identité, le service client du grand distributeur a proposé de renvoyer le livre ou de le déposer dans une de ses succursales, afin de recevoir sans frais un nouvel exemplaire. Etant donné cette réaction et la bonne facture du reste de l’ouvrage, il a été décidé de ne pas le disqualifier, mais de pénaliser sa note «Photos» d’un point.
Comment expliquer un tel défaut? «Une procédure de contrôle est en place sur toute la gamme de nos produits, réagit l’entreprise allemande Cewe. Malheureusement dans ce cas, à la suite d’une défaillance humaine, cette procédure n’a pas été appliquée correctement. Cela a pour résultat que le livre n’a pas été exécuté dans nos normes de qualité habituelles.»
Une reliure qui laisse parfois à désirer
La reliure des livresphoto a laissé une tout autre impression à nos experts. «Je suis surpris, tant la qualité globale est mauvaise!» s’exclame David Lude, directeur de M+S Reliure, à Yvonand (VD). Durant les différents tests, les remarques fusent: «Beaucoup trop de colle», «Le livre devrait s’ouvrir à plat, surtout pour des photos, et ce n’est pas du tout le cas.». Bref, seuls le bookfactory «qualité photo» et le snapfish «papier classique» sortent quelque peu du lot.
Un des ouvrages avait la première et la dernière pages gondolées. Un défaut inacceptable pour Mélanie Humair de L’Atelier de reliure, à Lausanne. Problème de stockage? Mauvaise isolation lors du transport? «L’humidité peut s’expliquer par un mauvais stockage pendant le transport, car le temps de séchage a été largement respecté sur cette commande», répond le fournisseur ch.foto.com qui garantit que tous ses livres passent par un contrôle de qualité. Toutes les entreprises approchées ont assuré renvoyer un exemplaire lorsque le service client était sollicité.
«Nous jugeons des points très techniques», tient à relativiser David Lude. Mais le constat est inquiétant et le professionnel ne donne parfois que quelques mois de durée de vie au livre si celui-ci est consulté régulièrement. Or, un livrephoto rempli de souvenirs est un objet que l’on aimerait conserver sa vie durant.
Loïc Delacour
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
EN DETAIL
Les critères d’évaluation
Pour évaluer les dix-huit livres photos, quatre éléments ont été analysés.
- Logiciel: après avoir défini une configuration type (disposition des photos, etc.), nous avons inséré les mêmes images dans tous les livres. Notre grille d’évaluation comprenait des éléments chiffrables tel le nombre de mises en pages disponibles, la possibilité de recadrer une image ou encore la présence d’un bouton d’aide. Deux sous-critères ont été évalués séparément: l’assistance à la création et la souplesse du logiciel.
- Photos: les experts Thierry Fumey, du Centre d’enseignement professionnel de Vevey (CEPV), et José Crespo, photographe indépendant, ont étudié le rendu de chaque photo en la comparant à l’originale et en notant la netteté du tirage, le respect des contrastes, la luminosité, la fidélité des couleurs et la propreté d’un dégradé.
- Reliure: Mélanie Humair, de L’Atelier de reliure, à Lausanne, ainsi que David Lude, de M+S Reliure, à Yvonand, ont jugé la qualité de la reliure à travers plusieurs critères comme la résistance du papier, la solidité de la reliure et la qualité du collage des pages.
- Offre: lors de la création du livre, les utilisateurs ont relevé, pour chacun des sites internet, le nombre de formats de livres photo disponibles, les différents papiers, les designs (couleurs, couvertures) et la souplesse quant à l’ajout de pages.