Une de nos lectrices a reçu une liseuse Kobo à Noël. Elle a très vite déchanté: sur cet écran, deux librairies lui sont proposées d’office (voir tableau). Mais le catalogue francophone est modeste et, de surcroît, pas intégralement accessible aux lecteurs helvétiques! «Ce cadeau est inutilisable», regrette-t-elle. Il existe, heureusement pour les lecteurs voraces, des moyens de contourner ces obstacles.
Les formats
Pour ouvrir un livre numérique comme tout document qu’on affiche à l’écran, il faut disposer d’un logiciel spécifique. Quand on achète un e-book, on a généralement le choix entre un format pdf rigide, et des formats dynamiques: le azw et le ePub. Avec ces derniers, le texte s’adapte à l’écran quelle que soit la taille du caractère choisi. Ils sont donc plus confortables que le pdf, qui reste toujours figé.
Mais attention: c’est ici que se dresse la première frontière numérique. Car le format azw est propre à la Kindle d’Amazon, alors que le ePub est proposé sur toutes les autres liseuses. Si on opte pour la Kindle, il faudra donc faire ses emplettes dans la librairie du géant américain. Il existe néanmoins des logiciels de conversion qui permettent de faire sauter ces verrous (lire encadré).
Le format ePub, quant à lui, est utilisable sur tous les autres lecteurs et dans toutes les autres librairies en ligne ainsi que dans certaines bibliothèques (voir Bonus web). Il est également accessible aux tablettes et aux smartphones, à condition de télécharger une application gratuite comme Bluefire (iOS et Android).
Les droits d’auteur
Pour lutter contre le piratage, les éditeurs assortissent généralement les ouvrages de DRM (gestion des droits numériques). Pour le consommateur, cela implique la création d’un compte Adobe. Les éditeurs limitent généralement le téléchargement à six appareils de lecture différents. Parfois (avec soft DRM), il suffit de s’identifier afin d’accéder au fichier. Pour se passer un bouquin au sein d’une même famille, on partagera le même compte.
Les frontières commerciales
Les droits d’auteur sont négociés pour chaque pays. Or, comme le marché suisse romand est très restreint, les éditeurs ne se soucient guère d’y commercialiser tous les ouvrages. L’acheteur helvétique ne pourra donc pas commander des livres dans les librairies étrangères. Parmi les échoppes en ligne associées aux liseuses sur le marché, seule la Fnac a promis d’ouvrir l’intégralité de ses rayons à la Suisse dans le courant du mois d’avril. Ailleurs, on se heurte donc, comme le regrette notre lectrice, aux mêmes frontières que sur les sites de vidéo à la demande.
Les librairies en ligne
De manière générale, chaque liseuse électronique est reliée d’office à une librairie en ligne, dans le but évident de garantir à celle-ci un chiffre d’affaires. Dans le cas de notre lectrice, la Kobo est ainsi connectée à celle de la Fnac ou à celle du canadien Kobobooks. Les deux tablettes (iPad et Samsung Galaxy) sont également reliées à celles de leurs fabricants.
Cette configuration d’origine ne rend pas pour autant le consommateur captif. Ce dernier peut en effet chercher la librairie qui lui convient. Seule exception: la Kindle qui le rend prisonnier d’Amazon! Avec toutes les autres, le lecteur a accès à chacune des bouquineries en ligne, par le biais de sa liseuse ou de son ordinateur. Les sites helvétiques que nous avons relevés dans notre tableau proposent ainsi un vaste choix. A noter qu’il existe bien d’autres revendeurs que nous n’avons pas retenus ici, la plus grosse partie de leurs catalogues étant en langue allemande ou anglaise.
En reliant la liseuse à un ordinateur au moyen d’un câble, on fait glisser l’ouvrage sur celle-ci comme n’importe quel autre fichier et le tour est joué. Les lecteurs assidus peuvent même équiper leur smartphone d’une application gratuite, comme Bluefire. Ils téléchargeront ensuite également le livre pour y avoir accès en permanence, avec toutefois un confort de lecture moindre.
Tout cela est encore bien compliqué, et un coup de baguette magique ne serait pas de trop pour simplifier les choses. Une personne y est arrivée: J.K. Rowling, auteure de Harry Potter, qui vend les aventures du jeune sorcier sur sa propre plateforme, Pottermore.com. Abracadabra: elles sont accessibles depuis la Suisse, et cela, sur toutes les liseuses!
Claire Houriet Rime
Bonus web:emprunter un livre numérique
Astuce
Incontournable convertisseur
Dans le village des livres électroniques, la famille des Kindle et celle des autres liseuses se regardent en chiens de faïence. Il existe heureusement un moyen de réconcilier ce beau monde: les logiciels de conversion.
Le programme le plus répandu est Calibre. Gratuit, il est disponible sur Mac, Windows et Linux. En cliquant sur l’onglet «Convertir des livres», on peut sélectionner les ouvrages à traiter ainsi que le format souhaité. L’opération, simple comme un jeu d’enfant, est ainsi possible de ePub vers azw, mobi… ou l’inverse. En branchant la liseuse sur l’ordinateur, on enregistrera les dernières acquisitions sur celle-ci. Et le tour est joué!
Ce logiciel permet donc aux lecteurs de Suisse de faire leurs emplettes chez Payot ou e-readers et de les lire sur Kindle. A l’inverse, les propriétaires d’un appareil Kobo ou Bookeen pourront dévorer les ouvrages proposés chez Amazon. Les utilisateurs comparent enfin cet outil à l’iTunes des bibliophiles, car il permet également de classer les livres par thème, de les annoter ou d’aller chercher des informations supplémentaires à leur propos sur Google.
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