Quatre mois après l’arrivée triomphale d’Implanon sur le marché suisse, l’heure n’est plus à l’euphorie. A l’usage, le contraceptif au long cours dévoile ses faiblesses. Ou plutôt, ses inconvénients apparaissent enfin, sur «pied d’égalité» avec ses avantages. Certes, le bâtonnet implanté sous la peau permet d’éviter la prise quotidienne d’une pilule. Bien sûr, il diffuse une hormone progestative, sans œstrogènes, et diminue donc les risques cardiovasculaires. Mais Implanon supprime aussi le cycle, avec des conséquences inévitables: des saignements irréguliers dans de nombreux cas, ou pas de saignements du tout.
«C’est l’inconvénient majeur de la méthode, dont les patientes n’ont peut-être pas toujours été bien informées, commente le Dr Jean-Luc Anguenot, chef de clinique à l’Hôpital universitaire de Genève. Mais globalement, les pertes de sang ne seront pas plus abondantes avec Implanon que sans.» Au CHUV, le Dr Daniel Wirthner, médecin associé à la maternité, ajoute: «Les saignements se régularisent souvent après trois mois. Finalement, un bâtonnet sur quinze doit être retiré parce que ses effets secondaires sont trop importants.»
Le fabricant avait pourtant joué cartes sur table. Lors des études cliniques, explique la société Organon dans sa documentation, 20% des 2000 femmes ayant testé Implanon l’avaient abandonné à cause de saignements intempestifs ou en raison d’une prise de poids (trois kilos après deux ans dans un tiers des cas). Mais le fabricant n’en avait évidemment pas fait un argument de promotion, lors de la campagne de lancement, l’automne dernier... Un de ses représentants, le Dr Bitzer, avait implanté un bâtonnet à un mannequin vedette sur le plateau de Gesundheit Sprechstunde, une émission de santé à succès de la TV alémanique. Opération réussie, bien sûr. Et à la portée de presque toutes les femmes, comme le laissait entendre le spécialiste. Mais trois mois plus tard, le Dr Bitzer déclarait au magazine alémanique Puls-Tip qu’il «ne recommanderait pas Implanon comme première méthode contraceptive à une jeune femme».
Alors, qui sont les clientes du bâtonnet (les hôpitaux étaient en rupture de stock au début février...)? Des jeunes filles qui ne veulent plus s’astreindre à une prise de pilule quotidienne (20% des femmes prennent mal leur pilule...), ou des femmes plus âgées, qui voient augmenter les risques cardiovasculaires, surtout lorsqu’elles sont fumeuses. Mais même pour ces patientes, des alternatives existent (voir encadré). Pour les spécialistes, Implanon n’est donc qu’une méthode de plus, parmi d’autres. Car le contraceptif idéal n’existe pas.
Suzanne Pasquier
méthodes hormonales
Progestatifs avec ou sans œstrogènes
• La pilule œstro-progestative:
C’est la pilule la plus courante, contenant des œstrogènes et des progestatifs. Les premiers bloquent l’ovulation, les seconds rendent la glaire cervicale épaisse, empêchant le passage des spermatozoïdes par le col de l’utérus. A cause des œstrogènes, cette pilule est déconseillée aux femmes à risques cardiovasculaires et aux fumeuses.
• La pilule progestative:
Elle ne contient que des progestatifs. Elle s’adresse donc à celles qui doivent éviter les œstrogènes. Comme elle n’empêche pas forcément l’ovulation, il est important de la prendre à heures régulières (pas plus de deux heures d’écart). Elle est par conséquent rarement choisie! Elle convient bien aux femmes qui allaitent.
• L’injection trimestrielle de progestatifs:
Les progestatifs écartent ici tout risque de grossesse, car ils sont injectés pour trois mois. Ces piqûres présentent l’avantage de ne pas diffuser d’œstrogènes. Mais après leur interruption, le retour à la fertilité peut être beaucoup plus lent qu’avec la pilule: parfois jusqu’à un an.
• Implanon:
Il diffuse des progestatifs (mais pas d’œstrogènes) régulièrement durant trois ans. Le bâtonnet, implanté sous la peau sous anesthésie locale, peut-être retiré en tout temps. Le retour à la fertilité est rapide. Pour les autres avantages et inconvénients, voir ci-dessus.