A grands coups de publicité, mais surtout par des prix extrêmement attrayants, Compact One, la nouvelle offre du groupe Sanitas, fait une entrée en force dans le monde déjà bien encombré de l’assurance maladie. Un rapide coup d’œil à notre comparateur de primes (sur www.bonasavoir.ch) démontre qu’elle se trouve souvent dans le trio de tête pour les adultes vaudois et qu’elle est bien placée dans les autres cas.
Mais comment est-ce possible de proposer de tels tarifs? La réponse est simple: en regroupant dans une seule police à peu près toutes les possibilités qu’offre la loi pour limiter le libre choix de l’assuré.
Restrictions en vrac
Compact One se définit ainsi comme un modèle d’assurance avec conseils téléphoniques. Rien d’original à ce niveau: presque toutes les caisses proposent aujourd’hui un tel système, obligeant l’assuré, moyennant une réduction de primes, à téléphoner à une centrale où un médecin lui prodiguera les premiers conseils. En règle générale toutefois, il ne s’agit que de recommandations, que l’assuré suit (ou non). Pas de ça chez Compact One: le médecin donnera certes des informations par téléphone, mais aussi des «instructions à suivre obligatoirement». Autrement dit: si le praticien estime qu’une aspirine suffit, il faudra s’en tenir à son verdict.
Et si, à l’inverse, il conclut qu’une visite chez un médecin s’impose, l’assuré devra se diriger chez l’un de ceux inclus dans la liste des médecins généralistes de l’assureur (qui ne peut pas être consultée avant de signer le contrat) ou parmi trois noms de spécialistes proposés par le médecin de la centrale. La durée du traitement et le nombre de consultations sont également déterminés à l’avance, et ne peuvent être dépassés sans nouveau contact avec la centrale téléphonique. Enfin, les conditions générales prévoient aussi l’obligation d’acheter les médicaments chez le prestataire désigné par la caisse maladie.
Administration réduite
On le voit: Compact One cumule les modèles du conseil téléphonique et du médecin de famille, tout en renforçant leurs restrictions, ce qui lui permet de proposer des primes avantageuses. D’autant qu’elle allège considérablement tout le processus administratif, à son avantage évidemment. Impossible de payer ses primes mensuellement par bulletin de versement: il faut régler son dû à l’avance tous les trimestres (à l’inverse d’un paiement par internet ou LSV). Impossible également d’atteindre le service administratif par téléphone (tout se passe par internet), sauf entre… 11 et 14 heures.
Toutes ces restrictions seront-elles suffisantes pour garantir le niveau actuel des primes? «Oui, répond Isabelle Vautravers, porte-parole du groupe Sanitas. Le projet a été pensé pour qu’il dure à long terme. Mais, les règles que l’assuré admet en signant son contrat doivent impérativement être respectées. Dans le cas contraire, et après un avertissement, les conditions générales prévoient un transfert dans l’assurance de base Compact Basic.» Transfert qui sera rétroactif au 1er janvier de l’année en cours (!) et qui fera évidemment toute la différence: pour un adulte lausannois (avec franchise minimale et sans couverture accident), la prime passe en effet de 271.20 fr. à 339 fr., soit une différence annuelle de 813.60 fr.
Christian Chevrolet
BONUSWEB: Tableau détaillé
Les caisses ont serré la vis
Les modèles économiques séduisent car ils permettent de sensibles économies sur le montant des primes. Mais ce critère financier ne doit pas être l’unique motivation: opter pour le modèle du conseil téléphonique, c’est s’engager – sauf urgence – à respecter les termes du contrat.
En épluchant les conditions générales de ces modèles d’assurance, nous avons constaté un net durcissement de la part des caisses maladie*. Après un seul avertissement, Compact One déclasse l’assuré dans la catégorie d’assurance standard (lire ci-contre) avec effet rétroactif au 1er janvier.
Cette offre, du groupe Sanitas, est certes la plus restrictive, mais ses concurrentes évoluent dans la même direction: les instructions de la centrale d’appels ne sont pas toujours de simples conseils, mais sont souvent obligatoires. Et en cas de non-respect des conditions d’assurance, les caisses sont toujours plus nombreuses à prévoir le retour de l’assuré vers le modèle standard, avec ou sans effet rétroactif, mais le plus souvent avec un préavis de 30 jours.
Avant de signer une nouvelle police d’assurance, il faut donc impérativement lire les conditions générales (CGA).
ZEB