La pression médiatique et populaire a certes fait chuter le prix des biens de consommation au cours des dernières semaines. Pour autant, les Suisses paient encore beaucoup trop cher leurs produits. Première raison, les importateurs et les commerçants ne répercutent que peu ou prou les économies réalisées grâce au taux de change attractif de l’euro et du dollar. Deuxièmement, les marges des revendeurs et des distributeurs en Suisse restent toujours aussi élevées par rapport à celles des pays voisins. Dans ce contexte, trois domaines montrent combien les consommateurs helvétiques se font plumer!
Les ordinateurs
Dans ce secteur, il existe souvent qu’un seul importateur direct qui, en l’absence de concurrence, peut se permettre de ne pas réajuster ses prix. C’est le cas notamment d’Apple qui vend son iMac 27’’ 3,1 GHz plus de 44% plus cher en Suisse qu’aux USA, soit 2249 fr. contre 1560 fr. (1999 dollars). Le fabricant Dell n’est pas en reste: son portable XPS 15z est affiché 60% plus cher chez nous (2080 fr.) que de l’autre côté de l’Atlantique (1300 fr.). Pire, chez le constructeur Lenovo, les prix passent du simple au double pour un ThinkPad T420 4236 proposé 2119 fr. en Suisse contre 1040 fr. chez l’Oncle Sam!
L’essence
En avril, le prix du baril de brut se négociait en moyenne 121.87 dollars, soit 108.45 fr. au taux de change du moment. En juillet dernier, le baril passait à 115.11 dollars, soit 90.90 fr. Si cette baisse de 16,2% a fait le bonheur des compagnies pétrolières, elle s’est montrée nettement plus discrète à la pompe. Selon l’Office fédéral de la statistique, l’essence SP 98 n’a baissé que de 6,4% au cours de la même période, tandis que le SP 95 et le diesel ont respectivement vu leur prix au litre diminuer de 7,7% et 9,3%.
Les voitures
Alors que l’euro a perdu 16,3% de sa valeur entre juillet 2010 et juillet 2011, les tarifs des véhicules neufs en Suisse n’ont pour ainsi dire pas bougé. Le pointage effectué par Ktipp et Bon à Savoir sur six voitures est révélateur: seule la Mercedes C350 BlueEfficiency a vu son prix légèrement diminuer (–1,6%). Les Ford Kuga Titanium 2.0 TDCi, Renault Espace Dynamique TCe 170 et Peugeot 107 Urban/Access se vendent au même prix, alors que les Citroën C3 Picasso 1.4 VTi Attraction et Opel Zafira Enjoy ont même vu leurs tarifs grimper!
Les importateurs officiels justifient leur politique tarifaire en estimant que les rabais ou les plus-values (équipements supplémentaires) offerts à leurs clients compensent les différences de prix. Des arguments qui n’ont pas l’heur de convaincre les consommateurs toujours plus nombreux à acheter leur voiture à l’étranger. De facto, les importations directes de véhicules ont bondi de 116% depuis le mois de janvier.
Sabrina Knosala,
Beatrice Walder
ÉCLAIRAGE
Des promesses en l’air
Les prix du marché étaient appelés à chuter de 10 à 15% à la suite de l’introduction du principe du Cassis de Dijon et des possibilités d’importations parallèles. C’est du moins ce que claironnait l’an dernier la Communauté d’intérêt du commerce de détail suisse (Cicds), dont font notamment partie les grands distributeurs. Or, on constate que ces promesses n’ont pas été tenues, comme en témoigne l’exemple suivant, révélé par le Tages-Anzeiger: jusqu’à la fin du mois de mai, Coop s’approvisionnait auprès de Ferrero Suisse pour vendre 3.50 fr. le pot de 400 g de Nutella. Depuis le 1er juin, Coop a opté pour un canal plus avantageux en se ravitaillant directement en Italie. Le prix de la fameuse pâte à tartiner n’a pas, pour autant, été revu à la baisse dans les rayons. «Nous achetons effectivement le produit moins cher, mais nous avons plus de frais de logistique et d’étiquetage», se justifie le grand distributeur.