C’est désormais officiel. Le vénérable 111, né en 1921, a été définitivement sacrifié le 1er janvier sur l’autel de la libéralisation des renseignements téléphoniques. La popularité du 111 était de nature, a-t-on estimé, à fausser le libre-jeu de la concurrence. Les autorités politiques ont ainsi décidé que tous les numéros de renseignements compteraient dorénavant quatre chiffres commençant invariablement par 18. Ce sont les fameux «18xy», dont les affiches et les spots télé envahissent notre quotidien.
Quelques-uns d’entre eux, comme le 1850, existent depuis plusieurs années, issus d’une libéralisation progressive entamée en 2001 déjà. D’autres, tel le 1801, viennent de faire leur entrée sur le ring. Certains, enfin, pourraient voir le jour à court ou moyen terme. Quant à feu le 111, il a simplement été rebaptisé 1811. Avec cette nouvelle donne, les 18xy vont pouvoir se livrer, à en croire l’Office fédéral de la communication (OFCOM), à «une réelle concurrence qui devrait, à terme, faire pression sur les prix».
Pour vous aider à faire les bons choix, nous avons testé les numéros 18xy en partenariat avec l’émission On en parle (RSR, La Première). En date de notre test, soit du 5 au 7 décembre, l’OFCOM avait attribué
dix-sept numéros 18xy, mais seuls neuf d’entre eux étaient réellement en service.
Une situation qui n’avait guère changé en fin d’année, à deux exceptions près. Le 1899 appartenant à Sunrise n’étant plus activé, nous l’avons retiré de notre comparatif. En effet, plutôt que d’investir massivement dans ce numéro, Sunrise a préféré se ranger sous la bannière du 1818 par le biais d’un accord commercial. Une attitude pas très surprenante lorsque l’on sait que le 1818 a été créé par une société internationale bénéficiant de gros moyens et d’une solide expérience dans le domaine du renseignement téléphonique.
Un autre numéro, le 1801, a par contre été activé le 15 décembre seulement. Il n’a donc pas été inclus dans notre test. Au final, nous nous sommes donc penchés sur les huit numéros suivants: 1802, 1811, 1812, 1818, 1819, 1822, 1850 et 1889.
Le test
Dans un premier temps, nous avons comparé les tarifs de base proposés par les différents services. Ce travail était toutefois insuffisant car il ne tenait compte ni de la qualité du service, ni du temps nécessaire pour fournir le renseignement demandé. Cette donnée est fondamentale car elle influe notablement sur le prix réel d’une prestation. Si un service coûte deux fois moins cher par minute que son concurrent mais s’avère quatre fois plus lent, il sera en réalité deux fois plus cher…
Cinq appels par numéro
Pour tester la qualité des services, cinq appels ont été effectués à partir d’un téléphone fixe auprès de chacun des huit 18xy, soit:
> une demande de connexion avec le titulaire d’un portable en Suisse;
> une demande de numéro d’un titulaire de Cressier (NE) ayant un homonyme dans la localité de Cressier (FR);
> une demande de numéro en Australie;
> une demande de l’adresse postale d’une personne ayant déménagé depuis trois jours;
> une demande de recherche du titulaire d’un numéro français en Bretagne.
La durée totale d’appel et le prix ont été à chaque fois soigneusement évalués.
Plus cher via le portable
A noter que les demandes effectuées depuis un téléphone portable coûtent plus cher que depuis un poste fixe. La taxe d’appel reste identique, mais Swisscom facture un surcoût de 30 ct. par minute, alors que chez Sunrise et Orange, le surcoût est constitué par le prix d’un appel national d’un téléphone portable vers un fixe, ce prix variant selon le type d’abonnement conclu.
Revenons-en d’abord au comparatif des tarifs de base. Les taxes d’appel varient peu puisqu’elles vont de 1.50 fr. à 1.60 fr., avec les notables exceptions du 1811, service international, de Swisscom où elle monte à 2.50 fr. et du 1812, toujours de Swisscom, où elle chute cette fois à 80 ct. Le 1812 est toutefois un cas à part, dans le sens où ce service est entièrement assuré par un ordinateur vocal.
Les différences se font les plus flagrantes au niveau du tarif par minute. Il passe du simple au sextuple pour la première minute entre le 1812 (10 ct.) et le 1811 international (59 ct.). Si l’on excepte ces deux extrêmes, une tendance semble néanmoins se dessiner autour de 25 ct. pour la première minute. L’écart se creuse par contre pour les minutes suivantes, puisque les tarifs varient, en journée, de 8 ct. à 50 ct.
Les moins chers?
Les meilleurs!
Mais alors, qui est le meilleur marché? En apparence le 1812. Au test des cinq appels, il est deux fois moins coûteux que les meilleurs services. Ce résultat doit toutefois être fortement relativisé: ce service robotisé n’est réellement attractif que pour une demande de renseignement simple et en Suisse. Il ne possède en effet pas de service international – or, trois de nos cinq appels avaient pour sujet une demande internationale – et il est impossible d’obtenir un numéro si l’on ignore la localité de résidence d’une personne. De plus, il est indispensable de s’exprimer lentement et distinctement dans un environnement dépourvu de grand bruit de fond, faute de quoi le robot sera incapable de traiter la demande. Autant de raisons pour lesquelles le 1812 a finalement reçu, malgré ses tarifs, une très faible note qualitative.
Les meilleurs services
Si l’on excepte le cas parti-culier du 1812, notre test montre que les trois nu-méros
les moins chers sont aussi ceux qui offrent les meilleurs services. Ainsi, le 1811, le 1818 et le 1850, qui tous trois ont obtenu la note maximale de 5 en termes de qualité, se tiennent dans un mouchoir de poche au niveau du coût, avec des montants totaux respectifs de 9.25 fr., 9.40 fr. et 9.85 fr. pour les cinq demandes, bien loin des 13 fr. du 1802 ou des 13.90 fr. du 1819. Malgré des tarifs élevés au niveau international, le 1811 est finalement le meilleur marché du test – exception faite du 1812 – grâce à une belle rapidité dans les réponses.
Ces trois services sont donc les seuls à avoir fourni les cinq bons renseignements. Il s’agit en fait des poids lourds du secteur, le 1811 étant le digne successeur du 111, alors que le 1850 et le 1818 sont tous deux des filiales du groupe américain InfoNXX, spécialiste international du renseignement téléphonique, basées dans le même centre d’appel biennois. Orange, à l’instar de Sunrise, a d’ailleurs préféré se ranger sous la bannière du 1818 plutôt que de créer ses propres services.
Le 1802 et le 1822, deux numéros issus d’un même centre d’appel, se partagent quant à eux le bas du classement. Parmi nos griefs: un faux renseignement en Suisse, l’impossibilité de nous connecter au numéro trouvé, ainsi que de très mauvais services internationaux… Tele 2 (1802) a rétorqué que le test n’était pas représentatif, tout en précisant travailler à l’amélioration de ses services.
A l’avenir
Selon certains experts, plusieurs 18xy devraient disparaître pour ne laisser la place qu’à quelques grosses pointures dont feront partie sans doute le 1811 et le 1818. Certains numéros, comme le 1819, cherchent des solutions de survie en diversifiant leurs services, proposant de répondre aussi à des questions plus variées sur les horaires de train ou les heures d’ouverture des magasins.
Les prix baisseront-ils? Sans doute, mais bien malin qui peut dire aujourd’hui dans quelle mesure. Et en matière de coût, il faut garder à l’esprit que les recherches de numéros de téléphone sur internet, par exemple sur www.directories.ch, sont tout simplement gratuites.
Sébastien Sautebin