C’est par un temps radieux que Christian Senn part pour Villars le 22 décembre dernier. Arrivé sur les pistes, il remarque qu’un certain nombre d’installations ne fonctionnent pas, notamment à Villars même (7 sur 18), et que le domaine skiable de Gryon est fermé. Notre lecteur, qui a payé plein tarif, se sent floué et le fait savoir. «Ne serait-il pas correct de proposer un tarif proportionnel au nombre de remontées en service?», écrit-il à Télé Villars-Gryon. Sa requête est considérée avec diligence et une réponse bienveillante ne tarde pas, accompagnée de deux bons pour une nouvelle journée de ski.
On ne peut que saluer la beauté du geste, en gardant toutefois une réserve sur les pratiques commerciales de la station: si cette réclamation était légitime, pourquoi un rabais systématique n’a-t-il pas été proposé le 22 décembre? Pierre Besson, directeur de Télé Villars-Gryon, reconnaît évaluer la situation au cas par cas. Des critères, comme l’ouverture des liaisons entre les différents domaines skiables ou la qualité des pistes sont pris en compte. «Si nous estimons que notre prestation est nettement diminuée, nous octroyons une réduction de 15% sur la carte journalière, explique-t-il. Le 22 décembre, en l’occurrence, c’était discutable: en comptant la liaison avec les Diablerets, plus de la moitié des pistes étaient tout de même accessibles.»
Peu commerçant
Crans-Montana affiche une position plus radicale. «L’arrêt d’une partie des installations n’engendre aucun rabais, que les causes en soient techniques ou météorologiques», nous apprend Victor Lamon, responsable de l’administration et des finances des remontées mécaniques de la station. Cette attitude a choqué notre lectrice française Patrizia Rousseau, dont les dernières vacances de Noël à Crans ont été quelque peu perturbées. Les 27 et 28 décembre, les installations ont dû être fermées à cause des intempéries et tous les skieurs ont été remboursés. Mais la veille et le lendemain, ils ont payé plein tarif malgré un nombre restreint de remontées ouvertes. «Un geste symbolique aurait été le bienvenu», regrette Patrizia Rous-
seau, qui envisage sérieusement de déserter la station.
Pas responsables
Que les stations n’ajustent pas leurs tarifs au moindre flocon ou souffle de bise, que les râleurs impénitents irritent, on peut comprendre; comme cette skieuse, qui a réclamé à Villars une réduction pour «jour blanc». Mais l’agacement d’un client qui a payé plein tarif malgré la fermeture de plusieurs téléskis n’est-il pas légitime? En principe, la responsabilité des stations n’est pas engagée lorsque leurs prestations sont limitées par les conditions météo, ce qui est logique. Mais il y a aussi les pannes qui se prolongent et des installations mises à l’arrêt dans un seul but d’économie... Entre la fermeture totale – qui donne droit à un remboursement – et le plein régime, il existe une zone d’ombre. D’où des pratiques plus ou moins mercantiles, comme le montre un petit tour de piste, non exhaustif:
• Aucun rabais n’est, en principe, octroyé à Leysin, aux Portes du Soleil ou encore aux Mosses. Cette dernière station a tout de même fait un geste entre Noël et Nouvel An.
• En revanche, à Verbier, il existe un rabais de 20%, dit basse saison ou intempérie. Il est octroyé au cas par cas, lorsque la possibilité de skier est vraiment réduite.
• Et dans la petite station des Paccots, un rabais de 10 à 15% est proposé lorsque moins de la moitié des installations fonctionnent.
S’informer avant
Octroyer ou non un rabais est donc une liberté commerciale. Et on ne peut accuser les stations de tromper le client sur leurs prestations. Un bulletin quotidien sur les remontées mécaniques est diffusé auprès des offices du tourisme et des médias. Et des panneaux d’information, situés au départ des installations, indiquent l’ouverture ou la fermeture des pistes. Mais le skieur est plus pressé d’acquérir son forfait que d’étudier l’offre proposée. A tort!
Sophie Reymondin
conseil
Etre attentif
Pour éviter les déceptions, mieux vaut:
• se renseigner à l’office du tourisme de la station avant de prendre la route;
• sur place, déléguer un membre de l’équipe qui étudiera les panneaux d’information pendant que les autres font la queue à la caisse;
• être attentif si les liaisons entre les domaines skiables sont aussi ouvertes: une piste peut être ouverte, mais non accessible.